Le SGPEN-CGTR : « Nous attendons de vous de vraies réponses »

2 septembre 2008

Lettre ouverte à Monsieur le secrétaire d’Etat à l’Outre-mer.

Monsieur le Secrétaire d’Etat,

Officiellement, votre venue est guidée, nous dit-on, par votre souci majeur et permanent de porter la solidarité de la République au cœur de notre territoire et d’œuvrer à l’amélioration de l’emploi local ainsi qu’à l’augmentation du pouvoir d’achat des Réunionnais.
Intentions des plus louables si ce n’est, pardonnez-nous, qu’elles hument fortement le parfum des convenances de circonstances et de l’esbroufe.
En bon affidé de l’équipe gouvernementale que vous êtes, vous n’hésitez pas à nous vanter une nouvelle fois l’excellence gouvernementale dans les domaines de l’emploi et du social sans oublier, de saluer au passage le dynamisme économique réunionnais et le courage de la population réunionnaise face aux enjeux considérables à relever.
A en croire vos premières déclarations, monsieur le Secrétaire d’État, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes dans notre île : « baisse spectaculaire du chômage à La Réunion », « 3.000 emplois vacants », « efficacité de l’action du gouvernement en faveur de l’emploi », « inquiétudes infondées en matière d’emploi dans l’Éducation nationale »...
Mais la réalité réunionnaise est telle, monsieur le Ministre, que même drapée d’effets de manche et de discours calibrés, il est difficile et périlleux que de vouloir la travestir. A cet exercice de haute voltige, bien des acrobates y ont laissé leurs dents.
Dure réalité en effet que celle que nous connaissons et subissons depuis trop de temps déjà :

- Celle d’un département sinistré sur le plan de l’emploi où le chômage est quatre fois supérieur à celui que connaît la métropole.

- Celle d’un département dont le système éducatif est relégué au rang de portion congrue par votre gouvernement.

- Celle d’une académie qui cumule les handicaps : le plus fort taux de précarité, le plus faible taux d’emplois statutaires de France et de Navarre.

Que pensez-vous donc, monsieur le Ministre, de cette réalité là ? Mais surtout, quelles mesures comptez-vous mettre enfin en œuvre afin d’y remédier ?
Pouvez-vous prendre l’engagement de restituer les 343 emplois supprimés dans la filière administrative et de vie scolaire ? De geler toutes mesures de suppression de postes de titulaires ?
Pouvez-vous vous engager à ce que les crédits de suppléance alloués aux collectivités par les ministères soient abondés significativement afin que nos collèges et nos lycées puissent continuer à fonctionner et que des dizaines de contractuels ne se retrouvent pas de facto au chômage ?
Vous osez donner des leçons en expliquant à qui veut bien vous entendre que la priorité, c’est de développer l’emploi durable, alors que vous avez sans vergogne institutionnalisé la précarité en un véritable mode de fonctionnement de nos administrations.
Il manque des centaines d’emplois dans nos services publics, TOS, administratifs et autres.

Eh bien, monsieur le secrétaire d’État, au lieu de jeter à la rue des hommes et des femmes qui ont donné pendant de nombreuses années le meilleur d’eux-mêmes pour faire tourner à moindre frais nos administrations, pourquoi n’avez-vous jamais mis en place les mécanismes de transformation de l’emploi précaire en emploi durable, vous qui êtes tant soucieux d’offrir aux Réunionnais un emploi « sécurisé » ?
Vous avez fait tout le contraire ! Vous avez fermé toutes les portes d’un possible accès à l’emploi statutaire en interdisant aux personnels les plus précaires l’accès au concours interne !
Combien de contractuels de droit public et/ou de droit privé ont été titularisés depuis que vous êtes secrétaire d’Etat ? Pas un seul !
Alors, de grâce, ayez au moins la pudeur de nous épargner vos discours moralisateurs ! Comment osez-vous discourir sur l’emploi durable alors que vous avez participé à faire de La Réunion une sorte de méga agence d’intérim ?
Acceptez-vous comme une fatalité, monsieur le Ministre, que La Réunion demeure toujours en cette rentrée 2008-2009 la lanterne rouge des académies de France et de Navarre sur le plan de la dotation en personnels TOS (1 TOS pour 50 élèves en moyenne dans la France métropolitaine contre 1 TOS pour 75 élèves dans notre île) ? Au nom de quelle doctrine perpétue-t-on une telle injustice ? L’élève réunionnais n’aurait-il pas le droit à la même considération ?
Et ce qui vaut pour l’Éducation nationale vaut pour toutes les administrations et bien au-delà !

Sur toutes ces questions, monsieur le Ministre, nous attendons de vous des réponses, de vraies réponses et non des discours teintés d’autosatisfaction déplacée.

 Le Secrétaire général du SGPEN-CGTR
Patrick Corré
 


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