Négociation salariale du BTP

Le temps, c’est de l’argent !

23 mai 2006

Après quatre heures de discussions entre représentants des salariés et des entreprises du BTP, la septième réunion de négociation salariale confirme toujours la baisse du pouvoir d’achat des travailleurs de la branche. De 7,2%, la CFDT a concédé 6%, alors que de 2,25% le patronat a accepté de rouvrir la négociation sur la grille des 35 heures et s’est encré à 2,45% d’augmentation. Une solution doit déboucher rapidement. Les salariés ont déjà perdu 5 mois de revalorisation salariale.

Si l’on se réfère à l’inflation de décembre 2005 annoncée par l’INSEE, soit 2,65% (contre 3% en février 2006) l’augmentation de salaire proposée aux travailleurs du BTP est encore en deçà. Avec une proposition de départ de 0,8%, le patronat mène le jeu.

"Sortir de cet engrenage"

La CFDT, seule organisation syndicale à proposer et contre proposer, réunira ses représentants mercredi prochain avant la prochaine séance de négociation fixée au 30 mai. Idem pour l’Intersyndicale FO-CGC-CFTC-CGTR qui assiste avec dépit à ce ping-pong de pourcentages, à ces échanges qui tournent toujours "dans la spirale de l’inflation". Pour René Anelard, CFTC, "il faut que nous consultions nos mandants pour voir comment sortir de cet engrenage, pour trouver une solution au plus vite car pendant ce temps, ce sont les salariés qui en pâtissent, qui enregistrent déjà une baisse de leur pouvoir d’achat." La grève promise n’est pas annoncée. L’Intersyndicale compte au préalable se rapprocher de la CFDT pour fixer une stratégie commune. Le temps presse, le patronat le sait et après avoir joué sur la désunion syndicale, il profite du calendrier.

Estéfani


Témoignage

- Gibert Valentin, 43 ans, chauffeur depuis 15 ans dans le BTP

"Quand ça ne va plus, ca ne va plus !"

Gilbert Valentin, en tant que représentant du personnel CGTR au sein de l’entreprise BTPC, accompagnait hier matin ses camarades de l’Intersyndicale pour suivre, de l’extérieur, le cours des négociations. L’enjeu est important. Beaucoup de jeunes qui commencent dans le métier sont encore sous-rémunérés.

Le coût de la vie augmente, alors que le pouvoir d’achat des salariés baissent. Le constat est logique : "beaucoup de travailleurs n’arrivent plus à joindre les deux bouts en fin de mois. On ne pense même pas à faire des économies pour un voyage ou améliorer son habitat."

Manque de reconnaissance

En 5 ans, le salaire de Gilbert n’a pas évolué et se situe toujours entre 1.400 et 1.500 euros avec la prime de panier pour le défraiement de ses repas. Le travail de chauffeur de camion toupie est quant à lui toujours aussi pénible. "Les 35 heures ne sont pas respectées et les heures supplémentaires ne sont plus payées. Plus de prime d’intéressement, de salissure, de rendement... c’est au bon vouloir de la direction de l’entreprise", constate Gilbert qui avoue le manque de suivi des conditions salariales des travailleurs et les limites de l’action syndicale. "Nous faisons des heures énormes, parfois plus de 10 à 11 heures par jour. Quand on demande à la direction d’en tenir compte, d’envisager une prime, elle nous répond qu’elle n’a pas les moyens." Pourtant, avec le chantier de la Route des Tamarins, l’agrandissement du Port Est, ou encore avec les nouveaux bâtiments et petits travaux, le secteur se porte bien. "Les travailleurs s’efforcent d’avoir de bons rendements, d’éviter les conflits, de passer sur certaines choses et malgré cela, il n’y a pas de reconnaissance du patronat."

Estéfani


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