Grève des salariés du groupe Vindémia

« Leader sur le marché des gros chiffres sauf pour les salaires »

23 juin 2007

Les 11 hypermarchés Jumbo et 19 supermarchés du groupe Vindémia, filiale du groupe Casino, leader sur le marché de la grande distribution à La Réunion, sont restés portes closes hier. Soutenus par l’Intersyndicale CFDT-CFTF-CGTR-FO, ses 2.400 employés attendent que la Direction fasse un effort en termes de revalorisation des salaires. Le mouvement de grogne se poursuivra aujourd’hui.

Photo S.L.

Le groupe Vindémia enregistrerait le plus gros chiffre d’affaires parmi les entreprises réunionnaises. Pourtant, 30 à 35% de sa masse salariale sont sous contrat précaire, avec des revenus qui ne décollent pas. Jean par exemple, rencontré hier matin devant le Score du Port, compte 30 ans de boîte et perçoit un salaire de 1115,62 euros net par mois.

« Notre grille interne n’évolue pas plus que le SMIC »

« Autant dire qu’une fois à la retraite, je ne toucherai plus rien », souligne-t-il. Une autre gréviste employée en tant que caissière touche quant à elle 750 euros par mois pour 28 heures par semaine. Un temps partiel subi, mais pas voulu. Lors des négociations salariales annuelles entamées le 12 juin, l’Intersyndicale a demandé une augmentation de 100 euros ; requête à laquelle la Direction a apposé un refus catégorique. « Alors que l’indice INSEE du coût de la vie est à 2,10, la Direction nous propose 1,5 en deux fois, explique Patrick Thernica, Secrétaire confédéral de la CGTR-Commerce et délégué du personnel. On est donc loin du compte. La Direction a fini par admettre que notre grille interne n’évolue pas plus que le SMIC, alors que l’inflation est importante et que beaucoup de salariés sont en contrat précaire. Elle a réfléchi et a fini par passer à 2,10, mais il ne s’agit que du coût de la vie. On ne comprend pas qu’elle ne fasse pas un effort plus significatif », estime le syndicaliste qui souligne que la question du salaire est le nœud criant du conflit. « Nous sommes passés de 100 à 70 euros pour faire un pas, mais la Direction reste à 25 euros. C’est dérisoire. Le groupe est leader sur le marché des gros chiffres sauf pour les salaires ».

« 30 à 35% des salariés sont précaires »

La Direction a ainsi botté en touche d’autres revendications comme le “chèque restaurant” qui « permettrait à tous ces salariés obligés de rentrer chez eux pour déjeuner, en circulant à grande vitesse pour arriver à l’heure au travail après avoir mangé sur le pouce, de reprendre le travail dans de meilleures conditions. Mais la Direction ne veut pas en entendre parler », déplore le syndicaliste CGTR. Elle a aussi refusé de cumuler les 120 heures sur 5 ans prévues par le droit individuel de formation en une seule fois. Rien non plus pour augmenter son taux de participation et doubler le crédit d’achat des salariés dans le cadre de la juteuse carte Bourbon Avantage. En plus d’être mal payés, les salariés ne bénéficient d’aucun avantage qui, finalement, pourrait servir l’entreprise. « Cela explique la grogne », commente Patrick Thernica. « On a tenté d’ouvrir aussi la discussion sur l’emploi précaire. Près de 30 à 35% des salariés sont précaires, soit en CDD, soit en tant qu’intérimaires, soit en temps partiels imposés. On lui a demandé de faire un effort pour planifier les titularisations, le passage des temps partiels aux temps pleins, pour avoir une meilleure visibilité. Elle a dit qu’elle le ferait, mais on reste dans le floue, comme pour beaucoup de revendications ».

Aujourd’hui, la grève doit se poursuivre, mais les salariés n’espèrent pas vraiment un mouvement positif de leur Direction qui, selon Patrick Thernica, n’a pas pour habitude de faire le premier pas. « Elle attend que nous fassions une nouvelle proposition pour ne pas en rester là ». Les clients, habitués à de longues files d’attentes aux caisses en raison du manque de personnel, comprendront sûrement. Et puis, un petit sevrage dans la surconsommation, ça ne pourra pas faire de mal.

Stéphanie Longeras


Vindémia compte 45 magasins dans la zone Océan Indien où elle est le leader de la distribution (Réunion, Madagascar, Mayotte et Maurice). Patrick Thernica nous confie qu’il est très difficile d’avoir connaissance du chiffre d’affaires du groupe à La Réunion. « On n’a pas toujours les chiffres, et quand on les a, ils sont erronés ». A titre indicatif, avec ses 9.645 magasins implantés dans 11 pays du monde, le groupe a enregistré un chiffre d’affaires de 24,9 milliards d’euros, hors taxe, au 31 décembre 2006.


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Messages

  • bravo pour la lutte des camarades du groupe Casino de la Réunion. Bien sûr que ces capitalistes ont les moyens d’augmenter les salaires (le SMIC à 1500 € net, c’est ce qu’il faudrait tout de suite !) et de transformer tous les contrats précaires et à temps précaire non choisi en contrat à durée indéterminée à temps plein. La lutte quand elle démarre dans les grandes entreprises telles que Casino devrait s’étendre à tous les commerces où les travailleurs sont encore plus exploités et disposent de moins de possibilités pour se faire entendre. Didier


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