Mouvement associatif pour l’accès aux droits fondamentaux

Les associations font bloc pour des mesures d’urgence sociale

11 janvier 2010, par YVDE

À l’approche de la visite officielle du président de la République dans notre île, s’esquisse le rassemblement d’un certain nombre d’associations qui militent pour les droits des plus défavorisés, contre la pauvreté, pour le droit au logement, au travail, aux loisirs, etc. Une première réunion est fixée le 16 janvier prochain à 9 heures, au parc du 20 Décembre à Saint-Leu pour débattre des solutions à apporter pour lutter contre la pauvreté, et de la suite à donner à ce mouvement.

« C’est un mouvement qui démarre et qui va prendre de l’ampleur. 2010 doit être ancrée dans la lutte contre la pauvreté », affirme Jean-Hugues Ratenon en présentant le Mouvement associatif pour l’accès aux droits fondamentaux, hier matin, sur le parvis des Droits de l’Homme à Champ Fleuri. Un mouvement qui rassemble actuellement ATD Quart Monde, Agir pou nout tout, le Comité de chômeurs et de demandeurs de logement, l’Association réunionnaise des personnes âgées, le Comité d’actions populaires, Kréol Solidaire et l’Association Centre-ville Est .

Mais ce n’est qu’un début et le mouvement devrait s’étoffer, après l’appel à la mobilisation que lance le collectif pour une large réunion, le 16 janvier 2010 à 9 heures, au Parc du 20 décembre à Saint-Leu. « Nous serons des dizaines et des dizaines d’associations et des centaines de personnes pour cette première étape au cours de laquelle, après des témoignages, nous débattrons et validerons des propositions et déciderons de la suite à donner pour les 18 et 19 janvier 2010 », note Jean-Hugues Ratenon.

Des réponses concrètes

« On ne peut pas continuer à parler des 52 % de Réunionnais vivants sous le seuil de pauvreté sans apporter des réponses concrètes ». Cette situation qui place plus de la moitié des Réunionnaises et des Réunionnais dans la souffrance est connue depuis 2006. « Nous savons que la situation s’aggrave », affirme-t-il. Le nombre d’illettrés est passé de 100.000 à 120.000, celui des chômeurs de 87.000 à 115.000, celui des demandeurs de logement de 17 à 26.000…

Or, « les 52 % de Réunionnaises et de Réunionnais qui vivent sous le seuil de pauvreté sont en danger ». Jean-Hugues Ratenon note que l’on enregistre à La Réunion « des décès précoces, des violences intra-familiales, de problèmes d’alcoolisme… ». Devant cette situation qui s’aggrave, « il faut dire au président Sarkozy, stop ! Et exiger des solutions concrètes ».

Ce dernier, lors du Conseil interministériel du 6 novembre 2009, a affirmé que la lutte contre la pauvreté était une priorité. Mais on peut se demander, comme l’animateur du Mouvement associatif pour l’accès aux droits fondamentaux, si l’aggravation de la situation relève « de l’échec du gouvernement ou d’un échec personnel ».

Des promesses

Il revient sur la lutte menée par le COSPAR qui, au mois de mars 2009 a été l’occasion d’exprimer toute cette souffrance. En réponse, le président de la République a proposé l’organisation d’États généraux qui ont débouché « sur des propositions insuffisantes dont, même aujourd’hui, on ne voit pas les effets ». À tel point que le militant associatif se demande si nous ne sommes pas toujours dans cette « dynamique » de promesses. « Le Président de la République a dit à ses ministres, « ayez de l’audace ». Nous en aurons le 16 janvier prochain. Mais avant, nous soutiendrons la manifestation des retraités, le 13 juin prochain devant le siège de la sécurité sociale à Saint-Denis ».

 YVDE


De l’audace, encore de l’audace…

Les représentants des associations sont intervenues pour apporter leur contribution à l’analyse de leur porte-parole et esquisser des solutions qui seront mises en débat le 16 janvier prochain à Saint-Leu. « L’audace réunionnaise, c’est de créer 50.000 emplois de proximité. C’est possible ! », a affirmé Jean-Hugues Ratenon.

Nadia Thancourt (ATD Quart Monde) a rappelé la lutte menée contre la pauvreté par l’accompagnement des familles à chaque fois que cela était nécessaire (démarches, soutien dans les moments difficiles, lutte pour les droits fondamentaux, action pour faire respecter les droits des familles les plus pauvres (soins, éducation, loisirs, retour à l’emploi, culture…)

Monique Iori, la toute nouvelle présidente d’Agir pou nout tout, a dénoncé « cette société où les valeurs boursières s’opposent aux valeurs humaines ». Elle a noté que « la France est assez riche pour créer des emplois puisqu’elle a trouvé des millions d’euros pour les donner aux banques. L’argent, à La Réunion, doit être réorienté vers les emplois de proximité pour donner du travail à nos jeunes ». Elle s’est félicitée que les associations aient « décidé de se rassembler pour dénoncer l’insupportable ». Et pour elle, ancienne employée de l’ARAST, l’insupportable, c’est la situation dans laquelle se trouvent ses ex-collègues. Elle s’est étonnée, à ce sujet de l’attitude du préfet qui « aurait pu faire intervenir la Justice et qui laisse pourrir la situation ».

La réalité de la misère

Roland Lambert (Kréol Solidaire) a noté que la question du logement n’était pas traitée comme elle devrait l’être, compte tenu des besoins. « Même des familles qui travaillent ont des difficultés à se loger », a-t-il soutenu. Et il a conclu en affirmant que l’on devait intervenir, même modestement, pour faire évoluer la situation.

Maryse Dache (Comité des chômeurs et demandeurs de logement) a affirmé avec force que « la misère à La Réunion était une réalité ». Elle sait de quoi elle parle. Son association accueille des sans-abri en leur proposant un petit-déjeuner, une douche et un repas à midi. « Ces derniers temps, leur nombre a fortement augmenté. Il faut que cela cesse. On a bien trouvé de l’argent pour les banques ». Elle a noté au passage que la loi Dalo à La Réunion n’était pas appliquée et qu’il n’y avait pas suffisamment de places d’accueil pour les sans-abri. Elle a évoqué « la forte suppression d’emplois de ces derniers mois » et « l’augmentation du nombre de jeunes de moins de 25 ans dans les difficultés ». Elle a dit son espoir d’avoir l’occasion de parler de tous ces problèmes avec le président de la République.

La lutte a payé

Brigitte Mallet (Comité actions populaires) a souligné que la lutte du COSPAR avait été « la conséquence directe du malaise social ressenti par nos compatriotes ». Pour le CAP, l’action a payé et l’intervenante a cité notamment les 50 euros mensuels pour les salaires de moins de 1,4 Smic. Mais il faut réclamer un arrêté préfectoral pour étendre la mesure aux collectivités locales, soit à environ 20.000 personnes. Elle a réclamé aussi l’application du RSA et une plus grande indépendance de l’Observatoire des prix et des revenus, toujours présidé par le Préfet. Enfin, elle a appelé de ses vœux une réunion du COSPAR pour établir un bilan et redéfinir des orientations.

Jean-Hugues Ratenon, a renchéri en affirmant que les contrats aidés étaient des contrats de droit privé et qu’à ce titre, leurs bénéficiaires devait percevoir les 50 euros au prorata de leur temps de travail. « Ce sont les travailleurs les plus pauvres que l’on oublie », a-t-il dit. Le respect du protocole d’accord signé en mars dernier par le COSPAR a été réclamé au préfet, mais à ce jour, ce dernier n’a pas répondu. Le porte-parole du mouvement a lui aussi réclamé la neutralité de l’Observatoire des prix et des revenus et il a observé que l’augmentation des prix des carburants avaient été prise par le préfet, sans réunion de l’observatoire.

 YVDE 

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