L’Alliance mobilisée contre la casse sociale

« Les atteintes au service public de la santé creusent les inégalités »

10 août 2011, par Céline Tabou

À l’occasion d’une conférence de presse dans les locaux de l’Alliance, les conseillères régionales Catherine Gaud, Maya Cesari et Béatrice Leperlier ont tenu à informer les Réunionnais de la « destruction progressive » du système de santé à La Réunion.

Les trois élues ont tiré la sonnette d’alarme suite aux décisions prises par le gouvernement sur la couverture santé à deux vitesses, le démantèlement du droit de séjour aux soins pour les étrangers et les maladies chroniques réunionnaises que sont l’hypertension artérielle et le diabète de type 2. Ces deux pathologies sont moins prises en charge par la Sécurité sociale.

Baisse de la prise en charge de certaines maladies

« Les deux maladies graves chroniques les plus fréquentes à La Réunion sont moins bien ou plus prises en charge », s’est alarmée Catherine Gaud, cela concerne l’hypertension artérielle et le diabète de type II. Ces deux maladies sont « la cause de décès la plus fréquente dans notre île, un tiers », a indiqué cette dernière.
35 millions d’euros seront économisés sur le dos des malades atteints d’un diabète de type II. En effet, le gouvernement a décidé de limiter le nombre de bandelettes utilisées pour mesurer la glycémie à 200 par an.
A La Réunion, 11,2% de personnes sont atteintes par le diabète contre 3% en France, et 70% des diabétiques souffrent d’un type II. Les Réunionnais seront les premières victimes de cette décision, prise le 27 février 2010. Concernant l’hypertension, un décret daté du 24 juin 2010 met fin à la prise en charge à 100% de l’hypertension artérielle sévère dans le cadre des affections de longue durée.
A ces mesures s’ajoute le non-remboursement des médicaments. En 2003, 617 spécialités ont vu leurs remboursements diminuer, la même année, ce sont 80 médicaments qui ont été déremboursés et + 152 en 2006. Aujourd’hui, les ménages doivent compter sur leur porte-monnaie pour pouvoir se soigner, car depuis mai 2011, les médicaments à vignette bleue sont remboursés à 30% et non plus à 35%.

Les disparités dans les complémentaires

Du coup, les tarifs des mutuelles complémentaires vont augmenter. En effet, « alors que la couverture maladie obligatoire couvre tout le monde, avec une cotisation proportionnelle aux revenus en apportant à tous le même niveau de couverture, les complémentaires n’aident qu’une partie de la population ».
Selon les données fournies par les élus, « 4 millions de personnes ne disposent pas de complémentaire santé en France malgré la mise en place de dispositif pour pallier à cette carence ».
Fustigeant un système inégalitaire, les trois femmes ont dénoncé la hausse des parts de dépenses de soins supportées par les ménages, « entre 1980 et 2008, cette part est passée de 217 euros à 547 euros ». D’autant plus que les ménages doivent prendre une mutuelle pour pouvoir être remboursés. Toujours entre 1980 et 2008, la couverture est passée de 69 à 94% avec des disparités selon les revenus. Pour ne citer qu’eux, les Réunionnais ayant un salaire en dessous du seuil de pauvreté français, c’est-à-dire en dessous de 870 euros par mois, ne peuvent prétendre à la CMU et à l’Aide à l’acquisition d’une complémentaire (ACS), et ces derniers n’ont d’ailleurs pas les moyens de s’offrir une mutuelle.

Céline Tabou


« Les étrangers qui tombent malade en France pourront être expulsés »

Dans la suite de la chasse aux étrangers de Claude Guéant, le démantèlement du droit de séjour pour soins a été remis en cause et acté le 11 mai. Cette loi indique que les étrangers vivant en France et atteints d’une maladie dont le traitement existe dans leur pays d’origine pourront être expulsés, car ils auront la possibilité de se soigner là-bas. Cependant, tous les pays ont des traitements, mais seuls les plus aisés ou plus proches des capitales ont accès aux soins. Les plus démunis n’y ont pas droit.
« Le gouvernement veut expulser les étrangers malades, nous, médecins, continuerons à les soigner », ont signé les présidents d’associations comme AIDES, MSF, Le Comegas, MDM, la FSFP, le SGM, le Planning Familial et d’autres associations. Aujourd’hui, 28.000 personnes possèdent un titre de séjour pour soins, parmi lesquelles 77% ont déclaré leur maladie en France. Selon le rapport de Médecin du Monde de 2009, 6% des personnes déclarent migrer en Europe pour raisons de soins.

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