Grève des transporteurs routiers et du B.T.P.

Les barrages levés

13 mai 2004

La grève des transporteurs routiers est terminée. La Réunion qu’ils ont eue hier avec les représentants de l’État, des Conseils régional et général ainsi que de la Chambre de commerce a débouché sur un accord. Ils ont obtenu du prix des transports. Tous les barrages ont été levés à minuit. Dans le Bâtiment, les négociations ont débouché sur des propositions patronales qui seront soumise aujourd’hui au travailleurs.

La détermination des ouvriers grévistes réunis devant la préfecture... (photo Imaz Press Réunion)

...pendant que les représentants syndicaux se rendaient aux négociations avec les patrons de la FRBTP. (photo Imaz Press Réunion)

Hier soir, à l’issue d’une réunion de concertation de trois heures avec les représentants de l’État, des Conseils régional et général ainsi que de la Chambre de commerce, les transporteurs ont mis fin à la grève qu’ils avaient commencée le lundi 7 mai. Ils se sont engagés à lever à minuit tous les barrages filtrants qu’ils avaient installés depuis mardi au Port et sur le pont de la rivière Saint-Étienne.
Les routiers qui, lundi, avaient déjà acquis du Conseil régional le paiement d’un remboursement de 51 centimes par litre de gasoil utilisé ont obtenu que le prix payé par les "donneurs d’ordre" (essentiellement les entreprises du BTP et les collectivités) pour les transports de leurs matériaux et marchandises soit revus à la hausse.
À 20 heures 30, M. Lachaud, secrétaire général de la préfecture, Raymond Lauret de la Région, Cyrille Hamilcaro du Conseil général, Gérald Tacoun de la Chambre de commerce ainsi que Joël Mongin de la FNTR (Fédération nationale des transporteurs routiers) et Jean-René Marianne de l’UNOSTRA (Union nationale des organisations syndicales des transporteurs routiers automobiles) sortaient ensemble de la préfecture pour annoncer à la presse la fin de la grève.
Au même moment un peu plus loin dans l’allée menant au bâtiment administratif, une vingtaine de grévistes du BTP attendaient la fin de la réunion de concertation entamée entre le patronat et les syndicats depuis 11 heures. En fin de soirée, les participants se sont quittés sur une avancée : des propositions patronales seront soumises aux travailleurs aujourd’hui. (voir encadré) .


Grève du Bâtiment

Peut-être la solution

À la demande du préfet rentré précipitamment de métropole, la FRBTP - seule à représenter le patronat depuis le départ de la CAPEB -, et les syndicats se sont rencontrés à 11 heures à la préfecture. Le préfet et Alix Séry, directeur du Travail ont fait office de médiateurs. Il aura fallu 9 heures de discussions, 2 suspensions de séance "et la pression exercée par le préfet sur le patronat", selon l’expression d’un syndicaliste, pour arriver à un projet d’accord sur le principal point de revendication. En l’occurrence, le versement des primes de transport et de trajet aux employés en contrat de chantier.
Selon le projet d’accord, cette prime sera versée aux salariés en emploi précaires selon un échéancier de 4 ans allant de 2005 à 2008 à raison de 25% par an. Jusqu’à présent le patronat voulait que le versement soit étalé de 2006 à 2010. Les syndicats qui revendiquaient un versement immédiat "selon les engagements pris par le patronat fin 2003" ont pris acte de "cette proposition".
Elle sera soumise aux travailleurs en grève aujourd’hui lors de l’assemblée générale qui aura lieu à partir de 9 heures devant le siège de la GTOI au Port. Ce sera donc à la base de décider de poursuivre ou non le mouvement. En attendant cette décision, Alain Naillet (CGTR-BTP) remarquait hier soir que "grâce à la force de persuasion du préfet, le patronat a enfin accepté de revoir sérieusement sa copie". À la question de savoir s’il jugeait acceptable la nouvelle position du patronat il répondait "toute proposition doit être discutée et celle-ci n’est pas négligeable".
Rappelons que la grève a commencé le 3 mai dernier et qu’entre 80 à 85% des chantiers ont été arrêtés.


Le SABR contre le diktat des grosses entreprises

Les petits artisans rassemblés au sein du SABR (Syndicat des artisans du Bâtiment de La Réunion) ont la désagréable impression d’être coincés entre le marteau et l’enclume. Petite entreprise de terrassement, entreprise générale du Bâtiment, constructeur de maisons individuelles, carreleurs, ils étaient venus mardi à l’appel du SABR pour dire leur inquiétude face à ce mouvement de grève qui touche le BTP depuis le début de la semaine dernière. Franck Robert, président du SABR ne mâche pas ses mots et met carrément les pieds dans le plat. "Tout a été calculé, géré, étudié, prévu et manigancé par certaines grosses entreprises et certains employés qui jouent le jeu du MEDEF". Autrement dit, pour le SABR, "les grosses entreprises" qui font appel aux artisans pour la sous-traitance font la loi, fixent leur prix et se servent aussi bien des salariés que des transporteurs comme d’un levier pour essayer de faire plier les salariés en grève.
Pour les artisans réunis mardi soir à Saint-Pierre, si les revendications des ouvriers sont en soi légitimes, il est quand même quelque chose d’aberrant : ces revendications auxquelles les grosses entreprises prétendent ne pas pouvoir faire face, nombre d’entreprises artisanales les appliquent déjà. Et si les petits artisans se mobilisent à leur tour, c’est qu’ils se trouvent au bout de la chaîne et se retrouvent doublement pénalisés. "J’ai commencé un chantier depuis fin novembre et l’entreprise avec laquelle je sous-traite n’a commencé à payer qu’en avril", explique un artisan. Un autre dénonce la spéculation à laquelle se livrent certains fournisseurs en situation de monopole, avec une augmentation de 40% du prix de l’acier. "Et tout cela créée des problèmes en cascade", explique Franck Robert. "Si les chantiers sont bloqués, cela veut dire que les situations de paiement ne sont pas faites, que l’argent ne rentre pas alors que les échéances fiscales et sociales elles, doivent être honorées alors que les banques ne font pas de cadeaux !"

S. D.


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