Enceinte portuaire

Les “cavaliers” de la discorde

18 mars 2005

Le port Est a été bloqué une partie de la matinée hier, par une grève des employés de la SERMAT (service, maintenance, assistance technique) soutenus par les dockers. Les grévistes protestaient contre l’assemblage des “Cavaliers”, des engins de stockage des containers commandés à la KALMAR (société spécialisée dans la fabrication de ces machines) par la direction de la SERMAT.

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Toute l’activité du port a été suspendue hier de 9 heures à midi. Ce sont les travaux d’assemblage des “cavaliers” en cours dans l’enceinte portuaire qui ont déclenché la colère des salariés de la SERMAT - qui assure le traitement des bateaux pour trois sociétés d’acconiers (SGM, SOMACOM, SAMR). Ces “cavaliers”, des engins de haute technologie utilisés pour le stockage des containeurs et le rangement des marchandises lors du déchargement et du chargement des bateaux, sont déjà à l’origine de la grève des 21, 22 et 23 février dernier. "Nous ne sommes pas contre la mise en service de ces machines bien plus performantes que les élévateurs actuels. Le port en a besoin pour son développement. Nous refusons par contre d’être exclus de cette évolution technologique. Nous demandons à être formés au maniement et à la maintenance des engins", soulignait hier matin Michel Séraphine, secrétaire général de la CGTR port et docks.

90% de l’activité

Il faisait référence au fait que le contrat d’achat des “cavaliers” prévoit que leur maintenance soit assurée par la KALMAR, la société qui fabrique ces équipements. "La maintenance représente 90% de notre activité. Ne plus la faire signe la mort programmée de l’entreprise", notait le personnel.
La direction du Travail avait été saisie par les représentants syndicaux pour non-respect par la direction de la législation en matière de modernisation de l’entreprise et d’acquisition d’engin haut de gamme. La direction du Travail avait donné gain de cause au personnel et demandé aux dirigeants de la SERMAT de soumettre au comité d’entreprise (C.E.) un plan d’adaptation proposant notamment des formations aux nouvelles technologies.
Ce plan a été adressé par la direction au C.E. début mars. Le comité d’entreprise a un mois pour se prononcer sur les mesures proposées. "En attendant, la direction ne devait plus rien faire dans ce dossier. Or nous constatons que des salariés de KALMAR, à qui nous ne reprochons rien, sont en train de procéder au montage des “cavaliers”. Cela signifie donc que la direction a pris sa décision concernant l’utilisation des engins et qu’elle passe de fait outre l’avis du C.E.", reprochait Michel Séraphine.
Le personnel a sollicité l’arbitrage de la direction du Travail. Laquelle a rendu un avis on ne peut plus explicite. Dans un courrier adressé le 15 mars à la direction de la SERMAT, l’inspecteur du travail s’étonne que contrairement à ce que les dirigeants de l’entreprise avaient affirmé lors des réunions de négociations du précédent conflit, ce ne sont pas 2 mais 12 “cavaliers” qui ont été débarqués. "Outre le fait que cette situation constitue une entrave caractérisée aux prérogatives des représentants du personnel, ces informations cachées ne peuvent que provoquer du mécontentement de la part desdits représentants et des salariés". L’inspecteur du travail poursuit : "conformément aux engagements (...) je vous demande de suspendre le montage des “cavaliers” et toute autre décision s’y rapportant".

"Ce n’est pas nous"

À 9 heures hier matin, les salariés de la SERMAT soutenus par les dockers ont donc arrêté toutes activités sur le port. En fin de matinée, les employés de KALMAR (2 Français et 4 Finlandais) - qui ont sympathisé avec les grévistes -, ont quitté l’enceinte portuaire et ont regagné leur hôtel après en avoir référé à leur direction à Fos (midi de la France). Au même moment, Michel Antonnelli, président de la SERMAT, est arrivé au port. Il a affirmé qu’il n’avait jamais été question de n’utiliser que 2 “cavaliers”. Mais surtout il a souligné que sa société ne pouvait être tenue pour responsable du montage des engins. "Notre contrat d’achat stipule que les équipements nous seront livrés montés et prêts à l’emploi. Nous n’en seront propriétaires qu’à ce moment-là. Pour l’heure la direction du Travail doit s’adresser à KALMAR". L’argument n’est pas retenu par Michel Séraphine. "KALMAR n’est pas un usager de Port Réunion. C’est à la demande de la SERMAT qu’il procède au montage dans l’enceinte portuaire. Il revient donc à la SERMAT de faire cesser ce trouble. Le port n’est pas une zone de non-droit. La législation doit y être respectée comme le fait remarquer la direction du Travail", lançait le dirigeant syndical.
Les deux parties sont restées sur leur position. Le travail a néanmoins repris en fin de matinée après le départ des employés de KALMAR. La CGTR et les salariés de la SERMAT se réuniront en assemblée générale à 7 heures aujourd’hui. "Si la direction refuse d’entendre raison, il est évident que nous nous dirigeons vers la grève générale", a prévenu Michel Séraphine.

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