3.129 intentions de recrutement d’ouvriers dans le secteur

« Les centres de formation d’apprentis du BTP ne désemplissent pas »

24 février 2007

Parmi les métiers qui recrutent en 2007, l’enquête de l’ASSEDIC place dans le peloton de tête plusieurs métiers du BTP : maçons, ouvriers et peintres. Ces professions ont un point commun : les recrutements prévus concerneront des travailleurs qualifiés. Ces besoins ont-ils été anticipés ? Éclairage.

Cette année, les entreprises réunionnaises prévoient de recruter 3.129 ouvriers du BTP. Autrement dit, plus d’un nouveau recrutement sur quatre concernent ce secteur en plein développement à La Réunion.
Franck Robert, Président du Syndicat des Artisans du Bâtiment de La Réunion (SABR) est également 1er Vice-président de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat (CMA), institution impliquée dans la formation, notamment par le biais de l’apprentissage. Ces 2 responsabilités permettent d’apporter un éclairage particulier sur la question des intentions de recrutement dans le BTP, ainsi que sur les difficultés d’embauches annoncées dans ce secteur.
Sur un plan global, pour le responsable syndical et dirigeant de la CMA, il est certain que les grands chantiers font beaucoup pour l’augmentation des projets de recrutement dans le BTP. Leur impact touche toutes les entreprises de La Réunion, y compris dans le Sud. « Des artisans du Sud se déplacent dans toute l’île », précise-t-il. Franck Robert note également que ce dynamisme se retrouve dans le nombre de créations d’entreprises où « des salariés qualifiés se mettent à leur compte ».

Les jeunes attirés par le métier

Dans le sillage de cette hausse de l’activité du secteur, les jeunes manifestent un attrait certain pour les métiers du Bâtiment. « Les centres de formation d’apprentis du BTP de la CMA ne désemplissent pas, nous refusons du monde », souligne Franck Robert, bien que les métiers du BTP soient difficiles, car sur un chantier, un salarié travaille dehors, sous le soleil, rappelle-t-il.
Selon Franck Robert, l’engouement actuel des jeunes s’explique par 2 facteurs : la promesse de salaires plus élevés que dans d’autres secteurs et un aspect très valorisant. « C’est dur, et c’est là que l’on voit les bons », précise le Président du SABR. L’autre aspect valorisant tient dans la nature des métiers. « Quand un salarié passe près d’un bâtiment ou d’un ouvrage d’art auquel il a participé à la construction, il peut montrer aux autres le résultat du travail dont il est fier », souligne Franck Robert.
Concernant la mission formation de la Chambre consulaire qu’il préside par intérim, Franck Robert insiste sur le soucis constant de s’adapter aux besoins de main d’œuvre exprimés par les chefs d’entreprise. « Nous cherchons des formateurs capables de mener à bien des formations adéquates. Dès qu’il y a un besoin, nous nous adaptons ». Auprès des jeunes, la Chambre de Métiers et de l’Artisanat communique également beaucoup sur le thème de la reprise d’entreprise.

Méfiance face au CNE

Mais tous ces efforts ne permettent pas d’empêcher des situations de tension. Un point souligné par Franck Robert est la situation d’entreprises méfiantes, « qui gardent ce qu’elles ont, prennent ce qu’elles sont capables de prendre, pas plus ». Autrement dit, les gestionnaires de ces entreprises ne souhaitent pas augmenter leur activité en embauchant. Cette politique a une conséquence négative : les difficultés d’un travailleur du BTP au chômage à la recherche d’un emploi salarié s’amplifie. Mais dans le même temps, un ouvrier qui souhaite devenir son propre patron peut y voir des débouchés pour sa future entreprise.
Comment expliquer cette frilosité à embaucher chez certains, alors que l’activité du secteur est en hausse ? Selon Franck Robert, la méfiance est notamment due aux incertitudes liées à la mise en œuvre du Contrat Nouvelle Embauche (CNE).
Sur cette précision apportée par Franck Robert, un commentaire s’impose.
Destiné aux entreprises de moins de 20 salariés, créé par une ordonnance du gouvernement, ce contrat était censé apporter une sécurité juridique aux patrons désireux de porter la période d’essai d’un CDI à 24 mois. Autrement dit, pendant les 2 premières années du contrat, un dispositif d’exception donne la possibilité de licencier un travailleur sans motif. Mais force est de constater que ce sont maintenant les entreprises qui ont eu recours au CNE qui sont dans l’insécurité juridique : et si tous les CNE étaient requalifiés de plein droit en CDI avec une période d’essai raisonnable ? La mobilisation des syndicats et la multiplication des recours devant les prud’hommes sont là pour rappeler que l’on ne peut pas impunément casser le Code du travail et licencier sans motif.

M.M. 


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