Les chiffres du chômage sous-estimés

21 avril 2007

Pour la première fois dans l’histoire des organismes chargés de l’Emploi, tous les syndicats des services statistiques descendent dans la rue pour protester contre l’utilisation des chiffres du chômage à des fins électoralistes en « sous-estimant » les chiffres du chômage et contre leurs manipulations.

Le personnel des services statistiques de l’Emploi ont manifesté jeudi 19 avril pour demander la non-publication des chiffres du chômage, entre les 2 tours de la Présidentielle, en raison de « la sous-estimation considérable du chômage » par ces statistiques.
Ce rassemblement public est le premier de ce type dans l’histoire des services statistiques de l’Emploi. Ce mouvement associe les syndicats CGT, SYNTEF-CFDT, FO, SNU/FSU, UNSA de la DARES, le SNU/FSU SUD, FO de l’ANPE et la CGT, la CFDT SUD, FO de l’INSEE.

Pour la tenue d’Etats généraux des chiffres du chômage

« Quelques jours avant la sortie des chiffres du chômage à la fin avril, et dans une phase cruciale du débat public, les syndicats du ministère de l’Emploi, de l’Insee et de l’ANPE demandent à leurs Directions de prendre leurs responsabilités et de ne pas publier l’estimation mensuelle des chiffres du chômage à la fin avril », exigent-ils.
Les prochains chiffres du chômage doivent être publiés le 26 avril, entre les 2 tours de la Présidentielle.
L’intersyndicale dénonce « la confusion qui sévit actuellement » et appelle à la tenue d’Etats généraux des chiffres du chômage. Le taux publié et commenté mensuellement « ne reflète plus depuis 2005 les évolutions du taux de chômage aux normes du Bureau international du travail (...) », souligne-t-elle.

8,8% contre 8,4%

Fin mars, Eurostat, l’office européen de statistiques, a relevé les taux de chômage français sur plusieurs mois, et notamment à 8,8% pour le mois de février, contre 8,4% annoncé par le ministère de l’Emploi et l’INSEE.
La différence s’explique par la décision de l’Insee de reporter à l’automne la révision du taux de chômage à partir de l’Enquête Emploi, à savoir un vaste sondage permettant de cerner directement la situation au plus près du terrain.
Les chiffres actuels du ministère français s’en tiennent, eux, aux listes communiquées par l’ANPE. « Le recours à ces données est fortement remis en question par les modifications apportées depuis 2005 dans la gestion administrative des demandeurs d’emploi à l’ANPE », souligne l’intersyndicale.

La déclaration des syndicats : arrêter la confusion

L’intersyndicale des services statistiques de l’Emploi qui comprend les syndicats CGT - SYNTEF-CFDT - FO - SNU - UNSA du Ministère de l’Emploi, de la cohésion sociale et du logement, les syndicats SNU - SUD - CGT de l’ANPE, les syndicats CGT - CFDT - SUD - CGT-FO de l’Insee... Autant dire tous les salariés de ces organismes ont demandé, dans une déclaration solennelle, que les chiffres du chômage ne soient pas utilisés à des fins électoralistes.
Nous reproduisons ci-dessous l’essentiel de cette déclaration intitulée "Chiffres du chômage : arrêter la confusion".

« Quelques jours avant la sortie des chiffres du chômage à la fin avril, et dans une phase cruciale du débat public, les syndicats du Ministère de l’Emploi, de l’INSEE et de l’ANPE demandent à leurs Directions de prendre leurs responsabilités et de ne pas publier l’estimation mensuelle des chiffres du chômage à la fin avril. (...)
Le taux publié par l’INSEE et la DARES et commenté mensuellement par le ministre de l’Emploi ne reflète effectivement plus depuis 2005 les évolutions du taux de chômage aux normes du Bureau International du Travail (BIT) (...). La Direction de l’INSEE a en effet décidé de reporter à l’automne la révision du taux de chômage à partir de l’Enquête Emploi 2006 : en attendant, seules les statistiques de l’ANPE sont utilisées pour le calcul du taux de chômage mensuel. Le recours à ces données est pourtant fortement remis en question (...). Ces modifications ont conduit à une sous-estimation considérable du chômage dans les chiffres produits par l’agence et publiés par le ministère.
Les syndicats demandent qu’une expertise réellement pluraliste et transparente ait lieu sur la question des chiffres de l’emploi et du chômage : les agents du Ministère de l’Emploi, de l’INSEE, de ANPE, d’Eurostat, les experts d’autres organismes (IRES, CEE, universitaires...) doivent pouvoir travailler ensemble à partir de l’intégralité des données aujourd’hui fragmentées. Les travaux doivent se poursuivre dans le respect des codes déontologiques de la statistique publique reconnus internationalement ».


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