Depuis janvier 2005

Les chômeurs allemands culpabilisés et surveillés

15 janvier 2008, par Manuel Marchal

Le projet de décret visant à conditionner le versement du RMI à la vérification du train de vie des allocataires n’est pas une première en Europe. Depuis deux ans en Allemagne, des mesures encore plus graves touchent les chômeurs de longue durée. Elles sont dénoncées par les associations de chômeurs comme des violations à la Constitution.

Comptes bancaires surveillés à l’insu du chômeur, obligations de vendre une voiture valant plus de 7.500 euros, de liquider la quasi-totalité de l’épargne retraite avant d’avoir droit à une allocation, de quitter un appartement jugé trop grand pour un plus petit au loyer souvent plus élevé : longue est la liste des brimades subies quotidiennement par les chômeurs de longue durée en Allemagne. Tout cela pour une allocation de 345 euros à l’Ouest, et 331 euros dans les nouveaux Länders de l’Est.
Cette situation est dénoncée par les associations de chômeurs, relayée par les progressistes. Elle s’exprime à travers des actions spectaculaires, comme des occupations de bureaux de la Bundesagentur für Arbeit (équivalent allemand de la fusion de l’ANPE et de l’ASSEDIC).
Ces mesures s’inscrivent dans le Plan Haartz IV mis en œuvre par le gouvernement social-démocrate dirigé par Gerhard Schröder. Les élections de décembre 2005 n’y ont rien changé : elles ont débouché sur la création d’un gouvernement de coalition regroupant la CDU (équivalent de l’UMP et de l’UDF) et le SPD (Parti social-démocrate allemand). Les deux grands partis se contentent de fait de co-gérer les conséquences de la mondialisation ultra-libérale, comme le font également au Parlement européen le PPE (dont font partie les parlementaires UMP) et le PSE (auquel appartiennent les élus du Parti socialiste).
L’opposition à ces mesures se concentre parmi les chômeurs, organisés dans des structures comme le Erwerbslosen Forum. Ils luttent pour faire reconnaître l’anticonstitutionnalité de ce contrôle de la vie privée.
Il est en effet possible pour la Bundesagentur für Arbeit d’avoir accès aux comptes bancaires d’un chômeur de longue durée, sans le consentement de la personne concernée et sans la prévenir. Ceci afin d’espionner la moindre entrée d’argent "suspecte", et d’éventuellement la déduire de l’indemnité versée.
Fondamentalement les opposants à ces mesures luttent pour qu’il soit impossible de contraindre un travailleur privé d’emploi à la vente de son patrimoine afin qu’il puisse avoir droit à la solidarité nationale.
C’est un exemple qui rappelle qu’en Allemagne comme dans beaucoup d’autres pays, la lutte pour la justice sociale est un combat plus que jamais d’actualité.

Manuel Marchal


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