Les conditions de travail en France

2 août 2007

Les 35 heures, durée hebdomadaire légale en France, devaient être la grande avancée sociale de cette fin de 20ème siècle. Le but avoué pour le Parti Socialiste au pouvoir à l’époque était de partager le temps de travail afin de juguler le chômage. L’idée était certes pleine de bonnes intentions et pouvait paraître logique. Le partage du travail, et pourquoi pas celui des richesses pendant qu’on y est !? Mais d’un autre côté, il fallait aussi comprendre qu’au-delà du partage du temps de travail, il y avait aussi l’idée de voir le sort physique mais aussi moral des salariés s’améliorer. Logiquement, lorsque l’on travaille moins et qu’il reste du temps libre, c’est bon pour le moral, et puis on peut consacrer tout ce temps pour d’autres activités aussi bien pour sa famille que pour les autres.

C’était l’heureux temps du “travailler moins pour gagner pareil et vivre mieux”. Mais voilà, cette loi sur les 35 heures était tellement mal fagotée que le patronat s’est empressé de demander des compensations, et si le temps de travail est passé à 35 heures, la productivité s’est accrue et cette réduction du temps de travail s’est soldée par une pression énorme sur les salariés pour produire autant dans un moindre temps.
Depuis, les salariés vivent sous haute pression, et on en demande toujours plus dans un environnement délétère. Les chefs qui, depuis les années 60, avaient ravalé un peu de leurs superbes sont redevenus les matons de l’entreprise comme au bon vieux temps des maîtres des forges. Entre la productivité et les pressions, de plus en plus de salariés sont sous le coup du stress, et cet état les perturbe mentalement. Il y a encore quelques semaines, un employé des usines Peugeot allait rejoindre la longue liste des employés qui se sont suicidés sur leur lieu de travail. C’est en quelque sorte le résultat du “travailler plus” tant mis en avant ces derniers temps. Revaloriser la valeur travail comme si cette valeur était un principe indispensable à l’épanouissement de l’Homme ! Il faut certes vivre de son travail, mais doit-on travailler jusqu’à en mourir pour pouvoir acquérir toujours plus de biens ?

Harcèlement !

Le harcèlement est partout, mais bien plus à l’intérieur de l’entreprise. Souvenons-nous d’un certain mois de décembre 2005, un ex-employé des Brasseries de Bourbon faisait irruption salle Candin et tirait sur les dirigeants de cette entreprise, tuant un responsable. Il sera lui-même abattu par des policiers un peu plus tard. Ce qui avait poussé l’employé à un tel acte de désespoir était son licenciement quelques années auparavant. Délégué syndical, il n’avait pas supporté une réflexion d’un de ses chefs au sortir d’une grève. Pour certains, le prix peut sembler élevé, mais le licenciement n’est-il pas une des plus grandes violences faites à un homme lorsqu’il n’est pas justifié, ou tout du moins injuste, par la volonté d’un chef. Un chef fait une réflexion insultante, c’est l’employé qui se retrouve à la porte et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes !

Deux poids, deux mesures !

Il arrive parfois que les chefs soient mis en accusation, surtout lorsque ce sont les employés qui, solidairement, se mettent en grève pour que ledit chef, grand harceleur devant l’Éternel, démissionne ou bien soit licencié. Mais selon que tu seras employé ou chef, la procédure sera différente ! Les employés du Musée Stella Matutina en savent quelque chose, eux qui, depuis des années maintenant, doivent supporter un directeur qui les harcèle quotidiennement dans leur travail. Mais voilà, lui, c’est le chef, alors c’est plus dur de le licencier, mais lorsque ce dernier emploie la violence contre ses subordonnés, la coupe est pleine et il faut rechercher une solution acceptable par tous. Bien entendu, si M. Joseph Payet était un employé lambda, ce serait simple, une lettre de remerciements et le tour serait joué. Mais dans ce cas, on est beaucoup plus prévenant et on commence par écarter gentiment Monsieur le directeur, le temps d’une enquête, tout en cherchant une solution de repli.
La solution provisoire pour ce fauteur de trouble, c’est de lui accorder un congé maladie. Cela est une véritable surprise. Il s’avère que la Sécurité sociale, organisation chargée de notre santé, serait également en charge des conflits sociaux entre employés et cadres. Si c’est le cas, pourquoi ne pas avoir donné un congé maladie à M. Baptiste Jean-Philippe, le syndicaliste des Brasseries de Bourbon ? Ses enfants et sa famille n’auraient pas à le pleurer. Mais voilà, ce qui est bon pour un cadre ne l’est pas forcément pour un employé, de surcroît syndicaliste ! Une chose tout de même pose problème, depuis le temps que l’on nous dit qu’il faut faire des économies pour combler le trou de la Sécu, est-ce bien raisonnable de donner un congé maladie à un cadre supérieur sous prétexte qu’il harcèle les employés qui sont sous ses ordres ? Sans jouer le délateur, je souhaite que le médecin conseil de la Caisse primaire d’assurance maladie se penche sur ce cas, et pourquoi n’effectuerait-il pas un contrôle pour voir si ce Monsieur respecte les heures de sortis cochées sur son certificat médical ? Pour conclure, la situation au sein des entreprises est de plus en plus délétère, et ce sont les personnels qui en font les frais. Est-ce une nouvelle ère qui se profile ? En plus du “travailler plus”, si vous voulez gagner plus, faudra-t-il accepter de subir le harcèlement des chefs ?

Philippe Tesseron
http://tesseron.blogspace.fr/


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