Contrats aidés et emplois verts

Les conséquences de 17 ans d’errements

1er septembre 2012, par Manuel Marchal

Paul Vergès est revenu sur deux faits d’actualité montrant l’impasse du système : la rentrée scolaire et les emplois verts.

Au cours de ces dernières semaines, les emplois aidés ont fait la "une" de l’actualité. Tout d’abord, la rentrée a permis à l’opinion de constater que
les services des écoles dépendent largement des emplois aidés. Leur nombre insuffisant a aussitôt provoqué des blocages et une dégradation du service public.
« Comment, au bout de 17 ans, les pouvoirs publics ont-ils pu laisser faire pour que des services publics nécessitant la formation soient assurés par des emplois précaires ? », interroge Paul Vergès. Il poursuit en rappelant l’intervention du ministre des Outre-mer, qui a rappelé que ces services doivent être assurés par des employés permanents, ce qui veut dire clairement des titulaires.
Mais à La Réunion, la titularisation a jusqu’à présent signifié l’obligation de verser un supplément de 53% au traitement de base du fonctionnaire. C’est cela qui fait l’impossibilité de titulariser tous les travailleurs non-titulaires des communes, et les précaires en contrats-aidés.

Besoins permanents et contrats précaires

Or, quand Victorin Lurel rappelle la nécessité d’emplois permanents, il s’appuie sur une expérience qu’il connaît bien, celle de la Guadeloupe. Là-bas, la surrémunération est à 40%, et c’est donc sur cette base qu’a eu lieu la titularisation du personnel. Le résultat de ce plan de titularisation, c’est que la majorité des communes de Guadeloupe sont sous tutelle.
À La Réunion, l’attitude a été différente. « Ici, on a joué sur le maintien du système, portant atteinte au statut de la fonction publique », dit en substance Paul Vergès, « et aujourd’hui, on pérennise une situation qui aurait dû être corrigée depuis les 17 ans d’existence des emplois aidés ». Il aurait fallu former, pérenniser et on a fait le contraire.
L’exemple le plus frappant de cette politique à l’envers, c’est la gestion des emplois verts par la Région.
« Le Conseil régional dit, il avait 1.000 en 2010, 2.700 aujourd’hui — soit3 fois plus — et ne cache pas son objectif de 10.000. Il s’agit là de perpétuer les emplois aidés, et de mettre leur gestion dans la main du politique. On a élargi tout le problème et on l’a aggravé ».
Cela donne de l’eau au moulin à toutes les critiques du type de celles faites par un préfet qui avait stigmatisé l’aggravation de la situation financière du Centre hospitalier Sud Réunion à cause d’"emplois magouille".
Mardi avait lieu la commission transparence chargée de se pencher sur le dispositif emplois verts.

Règlements de comptes, mais pas de solution

« Mais le cynisme est tel que dans la commission transparence qui se réunit, on ne voit que des règlements de compte : "pourquoi moi dans ma commune j’avais tant de gens, on a supprimé des emplois, on a créé au même endroit une association et on a financé des emplois verts ?" », rappelle Paul Vergès. Une vaine discussion, car aucun élu du Conseil régional ne s’est présenté à cette commission. C’est là que fut rendu public le dernier service rendu par le précédent préfet à la Région avant son départ : le transfert des contrats aidés nécessaires pour abonder les emplois verts du secteur non marchand vers le secteur marchand. Ce tour de passe-passe aura un coût supplémentaire pour le contribuable réunionnais, car la subvention de l’État est moindre.
Cette manœuvre met en lumière le peu de succès rencontré par les contrats aidés dans le privé. Cela n’est pas étonnant, car le secteur marchand ne crée pas des emplois par plaisir, mais pour répondre à une activité.
En décembre à la fin des contrats des emplois verts, le même problème va se reposer, car il n’y a pas de volonté de pérenniser le contrat de ces travailleurs. Le tour sur fond de guerre ouverte entre la direction de la Région et le PS, qui a pourtant livré le Conseil régional à la droite en refusant l’union avec l’Alliance.

Manuel Marchal

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