Le préfet à la rencontre des gilets jaunes :

Les coordinations invitées à déposer leurs motions, « parvenir ensuite a une plate-forme commune »

24 novembre 2018, par Manuel Marchal

Ce 24 novembre matin, Amaury de Saint-Quentin est allé au devant des manifestants, réunis dans les jardins de la préfecture. Le représentant de l’État a insisté sur l’urgence pour son administration de réceptionner les motions de l’ensemble des délégations de l’île. Ceci afin de parvenir au plus vite à l’élaboration d’une plate-forme commune qui devra nécessairement intégrer ces deux paramètres :
D’une part , la lisibilité des revendications et d’autre part, de la représentativité de l’ensemble de la population de l’île.

« Ce que j’attends de vous, c’est que vous me fassiez remonter le plus tôt possible les difficultés, les solutions et ce que les Réunionnais souhaitent voir évoluer » :
Tel a été le message principal délivré ce matin par le représentant de l’État, derrière la barrière de sécurité, aux centaines de gilets jaunes massés qui, une fois de plus, s’étaient donné rendez-vous dans les jardins de la préfecture. Amaury de Saint-Quentin est allé porté directement aux manifestants, estimant « qu’en tant que représentant de l’État, il se devait d’être au contact des Réunionnais ». Une initiative jugée tardive selon certains gilets jaunes qui n’ont pas manqué de lui exprimer leur sentiment mais qu’il justifie par ce motif : d’une part, la lenteur des gilets jaunes dans le processus visant l’élaboration et, par conséquent la transmission de leurs doléances. On se souvient en effet que la première plate-forme revendicative du Sud lui a été remise vendredi après-midi par une délégation se réclamant « du Port, de l’Ouest et de toute La Réunion ».

Le représentant de l’État a réceptionné ce matin une deuxième motion de la part d’une autre délégation de gilets jaunes et s’est dit prêt à réitérer ce geste autant de fois que cela sera nécessaire. Car, a-t-il insisté, il est nécessaire d’entendre la voix de l’ensemble des Réunionnais afin d’arriver à une synthèse commune reflétant les revendications exprimées par la Réunion toute en entière. Mais en attendant, a-t-il ajouté, ses services ont déjà travaillé sur « un certain nombre de sujets » émis dans le texte remis hier après-midi. Mais parvenir à faire émerger des solutions ne sera pas chose aisée a-t-il prévenu, car non seulement les revendications déjà présentées sont très hétéroclites et par ailleurs ne relèvent pas toutes de la compétence de l’État. D’où a-t-il souligné la nécessité d’associer l’ensemble des forces vives de l’île dans la recherche de solutions, toutes concernées par la situation de crise économique et sociale qui mine l’île.

Entendu « le message »

C’est donc à ce titre, a-t-il expliqué, qu’il a déjà reçu les syndicats, le mouvement économique, et les gilets jaunes. Et le Préfet d’assurer les manifestants de l’écoute de la ministre aux revendications des Réunionnais lors de sa prochaine visite dans l’île. Questionné par les manifestants sur la date exacte de l’arrivée de cette dernière, il s’est borné à répondre qu’ elle sera parmi nous « dans les prochains jours ». « Elle suit attentivement les événements. Elle sera parmi vous, avec vous comme je le suis aujourd’hui avec vous ». Interpellé par un Gilet Jaune qui lui exprimait la souffrance des Réunionnais notamment en matière de cherté de la vie et de l’emploi, d’où donc, la détermination de la population à poursuivre la lutte, le préfet a dit avoir entendu « le message ». Le représentant de l’État a ensuite échangé avec quelques gilets jaunes dont deux femmes. La première a brossé au préfet un rapide et sombre tableau de son quotidien, partagé par des milliers de ses compatriotes. Moment d ’émotion. La seconde avec la fougue de la jeunesse a rappelé au représentant de l’État les difficultés rencontrées par les jeunes de moins de 25 ans tout en lui délivrant un autre message : la jeunesse réunionnaise est éduquée, instruite, sait ce qu’elle veut et sait être déterminée et combative.

Lisibilité et représentativité

Interrogé par la presse, le représentant de l’État a indiqué avoir apprécié cet échange avec les Réunionnais, un dialogue dont il appelle l’ouverture de ses vœux depuis la semaine dernière a-t-il affirmé et qui devra se poursuivre afin de parvenir à cette plate-forme qui devra expressément être marquée d’un double sceau :
– D’une part : la « lisibilité des revendications émises et, d’autre part, la représentativité de l’ensemble des Réunionnais.

Un défi auquel les gilets jaunes présents dans les jardins de la Préfecture se sont immédiatement attelés en commençant à effectuer sur place un premier travail de collecte de propositions parmi la foule. En effet, à l’invitation du Collectif 974, les manifestants se sont engagés dans un processus de rédaction de documents qui seront remis au préfet. « Ceux qui exprimeront le souhait d’être reçus le seront autant que nécessaire. Car, a-t-il conclu, il est nécessaire que « l’on puisse avoir une vision précise de ce que les Réunionnais demandent, entendent, et veulent », en écho aux propos d’un manifestant qui venait de lui évoquer les « souffrances de la population ».

M.M.

A la Une de l’actu

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus