Professions portuaires : réunion d’information

Les dockers en état de veille

17 janvier 2006

L’assemblée tenue hier matin au foyer des dockers, au Port, autour des responsables de la Fédération CGTR “Ports & Docks”, a réuni plusieurs dizaines de délégués représentant environ 600 salariés des professions portuaires. Aujourd’hui encore, les dockers sont dans l’attente de ce qui va se passer au Parlement européen et autour du Parlement, où manifestaient hier des milliers de travailleurs portuaires européens.

La réunion d’hier a été l’occasion pour les dockers de faire un point d’information restrospectif sur les événements portuaires de l’année 2005, finie notamment avec la création d’un syndicat CGTR des marins (marine marchande). Pour 2006, la tenue d’un séminaire international à Maurice, avec la participation des dockers de l’océan Indien et des organisations internationales.
Devant les délégués, Michel Séraphine, de la Fédération CGTR “Ports & Docks” a exposé les dangers que fait peser « sur l’ensemble des emplois portuaires » le projet de directive actuellement en discussion devant le parlement de Strasbourg. Il a répondu ensuite aux questions des délégués, qui évoquent certaines tentatives patronales de recours à des sociétés d’intérim pour contourner l’article 137 de la convention de l’Organisation internationale du travail (OIT). « Si les salariés sont payés selon la convention collective nationale, le recours aux intérimaires n’est pas en soi un problème », a dit en substance le secrétaire de la Fédération des dockers, en mettant en garde les délégués sur l’usage que certains patrons entendent faire de l’intérim. « Les intérimaires sont engagés sur des contrats courts et ils fragilisent l’action des travailleurs dans leurs ripostes », a-t-il ajouté.
« L’objectif de la bataille menée autour de la directive “Port package 2” est de faire échec aux ultras-libéraux », a ajouté Michel Séraphine en rappelant un épisode qui l’avait opposé aux patrons du port, lors d’une réunion à la Préfecture. À l’époque, les dockers proposaient la création d’un 3ème “shift” pour créer des emplois et permettre au port de tourner 24h sur 24 en attirant un trafic régional de transbordement. « À l’époque, un patron du port a répondu que créer de l’emploi et faire un 3ème shift, c’était “une mesure anti-économique” ! », a rappelé le syndicaliste, en poursuivant : « Aujourd’hui, ce même patron reprend l’idée d’un 3ème shift ; il dit qu’il est prêt à le faire, mais en prenant des intérimaires payés au SMIC, et pas selon la Convention collective, qui prévoit des tarifs de nuit ».
Le syndicaliste a expliqué aux délégués comment ce type de dérive, combiné à des tentatives d’utiliser les dockers des différentes îles en les dressant les uns contre les autres (ou en le leur faisant croire), menace l’emploi des travailleurs des ports dans notre région.
La discussion entre les délégués et les responsables de la fédération a beaucoup tourné autour des contrats de travail et des positions à faire prévaloir dans l’intérêt des salariés. Ils se sont séparés sur le constat que la suite de leur action dépendrait de la tournure des discussions à Strasbourg et de leurs à-côtés. En attendant, c’est l’état de veille.

P. D.


Des milliers de dockers à Strasbourg

Des milliers de dockers ont manifesté à Strasbourg contre un projet de directive européenne sur la libéralisation des services portuaires maritimes dont les députés du Parlement européen débattent cette semaine.
La Fédération européenne des travailleurs des transports avait lancé un mot d’ordre de grève aux 50.000 dockers qui travaillent dans les ports de l’Union européenne.
Les dockers d’Anvers, en Belgique, ont cessé le travail pour 24 heures bloquant l’activité du port, le deuxième d’Europe en volume. À Rotterdam, environ 600 dockers avaient prévu d’observer un arrêt de travail de quatre heures. La grève s’étendait jusqu’en Suède où un arrêt de travail de trois heures a été observé.
En France, le port de Dunkerque a été fortement perturbé. Sur la côte atlantique, les activités du port de La Pallice/La Rochelle devraient être affectées pendant 48 heures. Des perturbations étaient aussi attendues à Nantes et à Bordeaux.
Le point le plus controversé du projet de directive concerne "l’auto-assistance", à savoir la possibilité donnée à un navire de faire appel à son personnel de bord pour assurer les services à quai.
« Cette directive remet en cause toutes les règles de fonctionnement des ports (...). C’est un dumping social effréné, un libéralisme pur et dur. On prend qui on veut et on lui fait faire ce que l’on veut, sans aucune règle », a déclaré Franck Gonsse, secrétaire général de la chambre syndicale des ouvriers portuaires de Dunkerque et président de la coordination nationale des dockers.
À Strasbourg lors de la manifestation, Joël Duigou, délégué CGT au port de Brest, lui a fait écho : « Nos professions sont sur la corde car ils veulent supprimer les dockers et une partie des grutiers », a-t-il dit à Reuters.
« C’est une mise en concurrence sauvage des salariés des ports, on est en pleine régression, on revient des années en arrière », tempête le député européen communiste et maire de Calais, Jacky Henin. Les dockers avaient déjà manifesté en novembre 2003 contre un précédent projet de directive sur le même sujet qui avait été finalement rejeté par les eurodéputés.


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