
Lettre du SGPEN-CGTR à Michèle Alliot-Marie
Les enseignants s’adressent au Ministre
31 août 2007

Madame la Ministre d’État, Ministre de l’Intérieur
À l’occasion de votre venue dans notre île, nous souhaitons vous interpeller sur un sujet des plus sensibles placé au cœur des préoccupations des Réunionnaises et des Réunionnais : celui de l’emploi.
En ce domaine, notre département détient un triste record : celui d’être le plus précarisé de France, celui qui connaît le plus fort taux de chômage et qui cumule le plus faible taux d’emplois publics statutaires.
Ainsi, dans “l’Éducation nationale pays”, au niveau de la filière ATOS, on dénombre plus de 1.200 personnels à statuts précaires (administratifs, TOS, emplois vie scolaire) employés dans nos collèges et nos lycées. Un emploi sur deux est aujourd’hui un emploi précaire, c’est dire, Madame la Ministre, l’importance et l’ampleur du phénomène.
Dans 120 jours, si aucune mesure n’est prise, ces 1.200 collègues sous contrats précaires (CAE, CAV) risquent de se retrouver sur le carreau .
Compte tenu de l’expérience professionnelle acquise par ces collègues, les conséquences seraient lourdes pour les EPLE :
• Un moindre accueil physique et téléphonique pour les élèves et leurs parents
• Moins de prévention et de sécurité dans les établissements
• Un nettoyage des salles de classes mal assuré
• Des retards à prévoir dans le paiement des bourses
• Un service de restauration scolaire qui sera en souffrance avec de sérieux risques sur les plans de l’hygiène et la sécurité alimentaire
• Un environnement dégradé et des espaces verts laissés à l’abandon...
Bref, c’est une qualité de service public sabordée au détriment de la communauté éducative, et de nos élèves en particulier.
1.200 collègues largués, c’est non seulement un désastre pour le système éducatif réunionnais, mais c’est aussi une véritable catastrophe économique, sociale et humaine pour ces hommes et ces femmes qui, pour certains depuis plus de 7, voire 10 ans, ont servi avec abnégation et dévouement la communauté éducative.
Nous refusons que le service public déjà bien mal en point soit déstructuré davantage. Nous ne pouvons pas plus accepter qu’on se débarrasse de plus de 1.200 hommes et femmes comme de vulgaires kleenex, « on a pressé le citron, on peut jeter la peau » .
L’administration qui a recruté à tour de bras des personnels précaires pour faire fonctionner ses services à moindre frais au lieu et place de recruter des personnels titulaires porte une lourde responsabilité dans la situation d’aujourd’hui.
Ainsi, malgré l’obligation qui lui est faite, elle n’a jamais mis en place de formations dignes de ce nom pour permettre aux agents à statuts précaires une possible promotion d’accès à un cadre d’emploi statutaire et/ou au minima une possible reconversion dans le secteur marchand. Pire, savez-vous que le plan académique de formation du Rectorat de La Réunion est fermé à cette catégorie de personnels ? Il n’est pas étonnant, dans ces conditions, qu’aucun concours spécifique n’ait été organisé tant pour les précaires que pour les personnels contractuels.
Il faut bien le reconnaître : jusqu’à présent, l’autorité publique s’est souciée comme d’une guigne du sort réservé à ces personnels. La seule réponse qu’elle a trouvée, c’est se débarrasser d’une partie de “ses” précaires (TOS précaires) en refilant la patate chaude aux collectivités territoriales sous couvert de transfert de compétence.
Les collègues contractuels administratifs ne sont pas mieux lotis, aucun espoir d’intégration ne se profile à l’horizon.
Alors, face à l’urgence, il est plus que temps, Madame la Ministre, que les pouvoirs publics prennent leurs responsabilités en mettant en œuvre un dispositif législatif et réglementaire pour non seulement assurer le réemploi de ces collègues mais aussi et surtout pour offrir à ces derniers un autre horizon que celui d’une précarité institutionnalisée.
Les nouvelles formules, en voie d’élaboration comme le contrat unique, ne constituent pas, selon nous, la réponse au problème de la précarité. Ce n’est, en effet, pas d’éternelle précarité dont nous avons besoin, mais d’une remise à niveau des emplois statutaires qui font si cruellement défaut dans notre académie. Rien ne justifie que La Réunion soit l’académie la plus déficitaire de France en emplois statutaires et la plus “musclée” en emplois précaires, sauf à considérer que notre département est un “sous produit”.
Madame la Ministre, nous demandons à votre gouvernement de traduire en actes concrets son engagement à faire de l’emploi la priorité “des priorités” en mettant en place un moratoire interdisant toute fins de contrats dans l’attente de mesures pérennes d’intégration et de transformation des emplois précaires en emplois statutaires.
Par ailleurs, il conviendrait d’allouer aux collectivités locales une enveloppe budgétaire suffisante afin que celles-ci puissent poursuivre l’effort qu’elles ont déjà engagé au niveau de la titularisation des personnels TOS précaires et contractuels de service, même si, par ailleurs, les modalités de recrutement doivent être sensiblement améliorées.
Nourrissant l’espoir d’un avenir meilleur, Madame la Ministre, nous vous souhaitons un agréable séjour sur notre île.
Le Secrétaire général du SGPEN-CGTR,
Patrick Corré
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