Prix des carburants

Les gigantesques profits des compagnies pétrolières

15 février 2012

Avec un bénéfice net de plus de 12 milliards d’euros l’an dernier grâce aux cours élevés du pétrole, Total signe son meilleur exercice depuis 2008. Aussi, les 50 premiers groupes mondiaux du secteur ont dégagé un résultat net annuel de 255 milliards d’euros. A La Réunion, l’Autorité de la Concurrence souligne le bénéfice colossal réalisé par la SRPP à La Réunion. Le moment est venu de réformer totalement le système.

Le groupe pétrolier Total a réalisé un bénéfice net de plus de 12 milliards d’euros l’an dernier, grâce aux cours élevés du pétrole, lui permettant de signer son meilleur exercice depuis 2008. Par jour, cela représente 35 millions d’euros. La hausse des cours du pétrolier profite en premier lieu au pétrolier. Le chiffre d’affaires a quant à lui progressé de 16% à 184,7 milliards d’euros, a détaillé le groupe pétrolier dans un communiqué. Cette envolée des résultats est liée aux cours très élevés du pétrole brut l’an dernier, le prix moyen du baril de Brent ayant grimpé de 40%, à 111,3 milliards de dollars.
Total va payer environ 1,2 milliard d’euros d’impôts cette année en France, dont 300 millions au titre de l’impôt sur les sociétés, a déclaré son PDG Christophe de Margerie au cours de la conférence de presse de présentation des résultats du groupe pétrolier.
Le groupe va par d’ailleurs verser à ses actionnaires un dividende complet record de 2,28 euros au titre des résultats 2011.

Enfin, Total a annoncé que depuis le début du premier trimestre 2012, l’environnement est demeuré favorable dans l’amont tandis que les marges de raffinage se sont améliorées.
Somme hallucinante, les 50 premiers groupes mondiaux du secteur ont dégagé un résultat net annuel de 255 milliards d’euros.

Aujourd’hui, tout le monde sait que les pétroliers se gavent. A La Réunion, l’Autorité de la Concurrence souligne le bénéfice colossal réalisé par la SRPP à La Réunion. En effet, entre 2005 et 2008 (dernier chiffre disponible), un bénéfice net moyen après impôt de 12,5 millions d’euros a été réalisé par la SRPP. Si les grandes multinationales réalisent des profits faramineux, c’est sur le dos des consommateurs. On s’attend donc à ce que les pétroliers remboursent la population. En pleine crise de confiance, vont-ils continuer à opérer dans l’opacité ?

Rappelons que sur le prix CAF d’un litre de gazole (0,668 euro), des marges sont déjà réalisées en amont. Ces marges sont perçues par les compagnies pétrolières. Elles viennent s’ajouter à la marge brute grossiste (marge en aval). L’importateur est en général également le distributeur. Là encore, d’autres marges s’ajoutent.

Le moment de la décision

Le moment est venu de réformer totalement le système qui a abouti à des dérives de la part des pétroliers :

Prendre la décision d’une réforme structurelle .
L’importateur de carburant doit-il continuer à être également distributeur ? Ne doit-on pas séparer les deux branches ?
Ainsi, en renforçant le rôle des distributeurs, on sauvera l’emploi. On supprimera les intérêts convergents des deux activités (importation et distribution). La population pourra signer un contrat avec les stations-services afin de sauvegarder les emplois. De leur côté, les compagnies pétrolières doivent mettre sur la table les marges arrière (en amont).

Publier l’actionnariat de la SRPP et des marges réalisées .

Les dérives d’un système qui profitent au pétrolier

Selon l’Autorité de la Concurrence, dans les DOM, l’approvisionnement en carburants se fait au travers de mécanismes de monopole : monopole de l’achat, du fret, du raffinage et du stockage aux Antilles et en Guyane, ou seulement du fret et du stockage à La Réunion.
C’est pourquoi ces prix sont réglementés. Mais les pouvoirs publics fixent également des plafonds pour les prix de détail des carburants afin d’éviter que l’insuffisance de concurrence sur l’approvisionnement ne conduise à une dérive des prix à la pompe. Or, l’Autorité a constaté que la réglementation des prix des carburants s’était éloignée de ses objectifs initiaux. La régulation des prix des monopoles d’approvisionnement est insuffisante : elle ne garantit pas l’absence de rente, et le dispositif d’encadrement des marges de distribution et des prix de détail a été transformé en un système de prix unique aisément manipulable.

Face à cette situation, il n’est pas normal par exemple que les contribuables réunionnais, à travers les collectivités locales, soient appelés à financer la baisse du prix du gaz alors même que ces collectivités ne perçoivent aucune fiscalité sur le gaz.

Les pétroliers doivent être les premiers à participer à l’effort de solidarité. Les conseillers régionaux de l’Alliance ont proposé que la contribution du Conseil régional visant à prendre en charge une baisse du prix du gaz soit conditionnée à un effort des principaux acteurs de ce dossier, c’est-à-dire les pétroliers. Mais Didier Robert, le président de la Région, a refusé cette proposition.

Sanjiv Dinama


Des compagnies pétrolières déjà lourdement condamnées

Une plainte déposée par Air France a abouti à la condamnation de plusieurs compagnies pétrolières opérant à La Réunion à verser une amende de 41,1 millions d’euros (hors indemnisations). Le montant de cette amende montre la hauteur du préjudice subi à cause de la voracité des compagnies pétrolières à obtenir des bénéfices occultes.
En effet, en 2002, quatre compagnies pétrolières, dont Total, s’étaient concertées pour obliger Air France à acheter son carburant 30% plus cher. Six ans plus tard, ce comportement était sanctionné par le Conseil de la Concurrence. Le montant de l’amende infligée était à la hauteur du trouble à l’ordre public constaté : plus de 41 millions d’euros.

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