« (…) Mi lé un momon, un gran mèr. Zordi, mi lé bloké. Koman in adilt konm mwin na poin lo droi sortir le swar ? Ki ampèche bann minèr sort déor la nuit, mwin lé dakor mé pa in adilt ; là, mi lé pi dakor. La vie lé shèr La Réunion. Nou vé le droi de viv dann nout péi konm tout do moun. Zordi, mi lé inkiè pou lavnir » :
Hier, 17h30 : Une salve d’applaudissements salue l’intervention de la dame qui avait souhaité s’exprimer hier À 17H30 dans les jardins de la Préfecture, théâtre d’un nouveau rassemblement des Gilets jaunes de l’île. « Zordi, mwin, sé un momon an kolèr. Nou dwa respèk la loi mé fo oci nout droi de viv lé respèkté »
« Ou nana rézon madame » répond un homme tandis qu’un manifestant s’apprête à son tour à délivrer un message prônant paix et respect de la loi , comme principaux leviers pour la poursuite de la lutte afin d’obtenir du représentant de l’État « une discussion générale avec le peuple, pas un huis-clos » . Et l’homme de retracer son parcours professionnel : formation en France, retour à La Réunion, horizon bouché, absence de perspectives, chômage.

« Nou la ni pou revandiké »

« Mes enfants et vos enfants vont encaisser une telle situation, les jeunes ont donc raison de s’exprimer mais dans le respect de la loi et de la Police. Vous êtes des gens bien, vous avez une conscience, un cœur, il ne faut donc pas que nos informations soient divisées ou contradictoires. On a essayé de nous discréditer, mais nous ne devons pas céder ni à la colère ni à la haine. Nous devons rester dans la droiture », conclut l’orateur tandis que la presse est montrée du doigt par quelques participants :

« Sé lé média ; lé média. A zot fé lintox ! La rakont nimport kwé si nou an dizan par exempl nou rakèt do moun ou bien nou ampèsh bann do moun malade, andikapé passé », clame un manifestant tandis que la foule scande en chœur : « Nou la pa ni pou kassé. Nou la ni pou revandiké » suivi d’un : « Préfet sort déor » ! La foule est appelée à patienter.

« Fo dabor ni structure a nou »

18H00 : Un homme débarque et se dirige vers les forces de sécurité postées à l’entrée de la Préfecture avec lesquelles il s’entretient avant de revenir vers la foule :
« J’ai demandé au Préfet d’annuler le rendez-vous prévu ce soir à 18 heures car il est important que nous nous concertions tous ensemble avant une quelconque rencontre. Et cela d’autant plus qu’un certain nombre de délégation de Gilets jaunes de l’île n’ont pu faire le déplacement ce soir jusqu’ici. Le Préfet a, en effet, contacté les représentants de quinze délégations de Gilets jaunes en vue de la rencontre de ce soir, mais tout le monde n’a pas pu être présent. Ils sont tous à Saint-Benoit », poursuit le représentant de les Gilets jaunes du Tampon, invité à expliciter davantage sa décision :

« Mwin cé un agrikultér, papa de troi zanfan, inkie konm zot pou lavnir » plaide-t-il.
« Kèl solusyon ou nana pou nou ? » lui lance un manifestant tandis qu’un autre crie : « Nou vé lo mêm trin ke ou . Sak ou vé nou vé osi, alor, alon koz èk le préfet » ! lui intime son interlocuteur.
« Pas tout de suite, fo dabor ni structure a nou, nou diskit byien entre nou, é nou mèt tou sa si papié de manière kan nou vien nou parle d’une seule voix. Faut que chaque commune élise un propre référent » lui répond le réprésentant du Tampon.

Les barrages se poursuivent

« Té Dalon, mi lé ankor pli dan la m… ke ou, mwin oci mi travay, mi travay konm bèf, i domand a mwin rambours in subvansyon parske mon lantrepriz la fou dann fon, tout do moune nana problèm, sé le moman mèt tout si la tab èk le préfet, poukwé ou vé pa ? Si ou vé pa nou lé pré, nou », poursuit l’homme tandis qu’un Gilet jaune l’invite à « ne pas exposer sur la place publique leurs divergences » : « Sé pou sa fo absolument, nous mett anou dakor su in plateforme. Mi lé avec zot, nout tout nous lé ensemble. Mais faut nous organise a nous bien avan d’aller voir le préfet en délégation. Fo pa oublié : nou cé des Gilets jaunes, pas des casseurs »conclut le référent du Tampon.

« Se zour là, mèt in ékran zéan déor, la mêm, konmsa toute la population de l’île i suiv é antann kosa lo délégasyon i sa va di é kosa lo préfé i réponn, » insiste un Gilet jaune ; « Rien sera fait sans zot », promet le représentant du Tampon. Décision est donc validée de se disperser, de se revoir en vue de la structuration du mouvement des Gilets jaunes de l’île en force de proposition sérieuse et crédible auprès du préfet pour défendre au mieux les intérêts « du peuple ». En attendant, les barrages se poursuivent.

M.M.