France

Les jeunes prêts à se révolter

27 février 2014, par Céline Tabou

Plus de six jeunes Français sur dix (61%) seraient prêts à participer à un mouvement de révolte de grande ampleur dans les prochains mois, selon une enquête réalisée auprès de 210.000 personnes âgées de 18 à 34 ans, parue dans Le Monde.

A l’heure, où l’on parle de la Génération Y et de se désespérance, le sondage paru dans le quotidien Le Monde, met en exergue ce que beaucoup de spécialistes craignent un découragement de la jeunesse, désormais prête à se rebeller.

Une génération « sacrifiée »

Cette enquête a été lancée à la mi-octobre par France Télévisions, la société de production audiovisuelle Yami 2 et le concepteur web Yupian. Deux sociologues de la jeunesse, Cécile Van de Velde et Camille Peugny, ont participé à l’élaboration des questionnaires. Ces dernières expliquent que les 18-34 ans sont « une génération qui veut entrer de plain-pied dans une société vieillissante. Elle enrage de piétiner à son seuil ».

D’après l’étude, le regard que portent les jeunes sur le destin de leur génération est « extrêmement sombre ». 51% d’entre eux ne pensent pas que 20 ans est le plus bel âge de la vie, car il qualifie leur génération de : « sacrifiée », « perdue », mais aussi « désabusée », « désenchantée », « galère ». « Les jeunes se sentent abandonnés par la société. Ils ne sont pas aux commandes de leur vie, ils subissent. Sont frustrés de ne pas pouvoir faire leurs preuves, montrer qui ils sont », précise Cécile Van de Velde.
25% des 18-25 ans ont la conviction que leur vie sera meilleure que celle de leurs parents, mais 45% imaginent qu’elle sera pire et 29% qu’elle sera semblable. 33% de cette tranche d’âge sont persuadés qu’ils ne connaîtront jamais autre chose que la crise.

Camille Peugny a expliqué que les jeunes femmes sont plus pessimistes que les hommes, car « ces pourcentages sont très élevés, sachant que les jeunes sont, dans la plupart des enquêtes, plus optimistes que leurs aînés. Ils le sont d’ailleurs dans cette enquête concernant leur avenir personnel ».

Cette dernière évoque « une spirale du déclassement », d’autant que 70% des jeunes estiment que la société française ne leur donne pas les moyens de faire leur preuve, contre 53% en 2006. De plus, 62% des 18-25 ans se disent épanouis dans leur travail, mais 60% disent ne pas se sentir payés à la hauteur de leur qualification. Le taux de chômage des 15-24 ans est passé de 17,6% en 1978 à 46,9% en 2009.

Vers la révolte

Cécile Van de Velde analyse que cette génération est « consciente, lucide, désillusionnée », car « les instruments de mobilité sociale ne fonctionnent pas ». La jeunesse « ne veut rien renverser, elle n’est pas en conflit de valeurs, mais elle trouve toutes les portes fermées, et elle envoie un avertissement », ont expliqué les sociologues.

A la question : « est-ce que tu participerais à un mouvement de révolte type Mai 68 demain ou dans les prochains mois ? ». 61% disent oui. Une large parité entre femmes et hommes qui s’en sortent un peu mieux, et ceux qui peinent à s’en sortir. 66% des intérimaires. 63% des chômeurs. 60% des étudiants, et 54% des employés en CDI sont prêts à se révolter.

« Les jeunes ne sont pas dans la résignation. Il y a une énergie latente, comme en 1968 », estime Cécile Van de Velde. Cette dernière expliqué qu’en période de crise, plusieurs stratégies existent : d’adaptation au système (loyalty), de départ (exit), ou de révolte (voice). La jeune femme prévient que la « loyalty’ pourrait bien se transformer en voice’ si rien ne bouge… Il suffit d’une étincelle… ».

 Céline Tabou  


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