L’intersyndicale rencontre les élus de la Région

Les Missions locales instrumentalisées

8 septembre 2004

De nombreux dysfonctionnements d’ordre humain et financier compromettent l’accueil et l’orientation du public en difficulté. Hier, certains employés sont venus parler de leurs expériences douloureuses avec courage.

En l’absence prolongée de gestion des ressources humaines au sein des Missions locales Nord et Ouest et face à l’autisme de leurs directeurs respectifs, l’intersyndicale CFDT-UNSA-CGTR s’est adressée hier au Conseil régional pour faire entendre son "cri d’alerte". De nombreux dysfonctionnements d’ordre humain et financier compromettent l’accueil et l’orientation du public en difficulté. Dès la fin de l’entrevue, la Région a pris des mesures immédiates pour qu’une concertation transparente réunisse la Préfecture, les directions et les responsables des communes, afin que chacun soit face à ses responsabilités.

Harcèlements, licenciements abusifs, brimades continuelles : le personnel des Missions locales Nord et Ouest dénonce les dérives et le diktat de leurs responsables. L’intersyndicale CFDT-UNSA-CGTR refuse "ce management approximatif et archaïque qui dure depuis trop longtemps" et qui est "incompatible avec des structures chargées de l’insertion des personnes en difficulté". Parallèlement à ce défaut de gestion des ressources humaines, les formations professionnelles et actions proposées par les Missions locales ne répondent qu’à deux tiers du jeune public, de plus en plus diplômé. Les fonds sont présents mais leur utilisation est inadaptée au détriment des jeunes de 16-25 ans en difficulté et de la pérennisation des emplois.
Mathieu Emmanuel, délégué syndical CFDT-PSTEF, annonce 40% de personnel en contrats précaires dans le réseau des Missions locales et parle d’"un chantage permanent à l’emploi exercé par la direction. C’est inadmissible".
Contrats emploi-solidarité et contrats emploi consolidés "se suivent dans la charrette des départs", poursuit-il, alors que des financements importants sont accordés à des missions en métropole. "Il faut dénoncer ces pratiques car le problème des jeunes n’est pas en Métropole mais bien à La Réunion", note le représentant de l’intersyndicale, excédé par ce trop de dérives.
Les “multi-casquettes” de certains dirigeants sont également montrées du doigt, tout comme le laxisme manifesté en conseil d’administration face à des décisions fondamentales. Malgré les deux motions transmises par l’intersyndicale aux présidents des Missions locales Nord et Ouest, ces derniers refusent toujours le dialogue. "Nous sommes dans une impasse", déplore Dominique Lebon, délégué CFDT de la Mission locale Ouest. "Nous demandons la mise à plat de l’ensemble de ce vécu, et alertons les élus pour dénoncer au grand jour, en dépit de la peur de parler de certains et des pressions subies".

La Région réagit immédiatement

"Nous vous avons entendus", souligne Annick Le Toullec, conseillère régionale déléguée à l’insertion et au développement humain. Une élue qui suit depuis 1990 la Mission locale et qui constate que les missions premières “d’accueil, d’information et d’orientation” dévolues aux Missions locales sont compromises par de telles exactions.
Au même titre que certains employés composant la délégation, elle manifeste son souhait d’harmoniser cet outil précieux au service de la jeunesse en difficulté, et ce malgré les contretemps et incertitudes engendrés par une décentralisation qui se met en place. "La Région est un gros financeur des Missions locales et nous avons toujours tenu nos engagements", poursuit-elle, soulignant au passage le désengagement de l’État.
Même si avec une seule voix au sein du Conseil d’administration des Missions locales, la Région n’a aucun pouvoir de tutelle, elle s’engage néanmoins à ce que les droits fondamentaux des travailleurs soient respectés. "Ce problème de management doit être réglé en priorité", affirme Denise Delorme, élue régionale et administratrice de la Mission locale Ouest qui estime qu’"il faut se pencher sur l’instrumentalisation de ces structures indispensables".
En effet, "comment orienter un public en difficulté si l’on est soit même en difficulté ?", affirme-t-elle, reprenant l’interrogation offerte par l’intersyndicale. C’est parce que "nous sommes avec vous", soutient Yvon Virapin, représentant régional au sein de la Mission locale Est, que "nous sommes là pour apporter toute notre solidarité", que dès la fin de la rencontre, les élus régionaux se sont mis au travail. Ils ont rédigé un courrier à l’intention du Préfet, afin qu’il organise "dès maintenant" une rencontre entre les représentants des Missions locales, l’Association des maires, l’État et les représentants du personnel pour que chacun soit face à ses responsabilités et les assume.
Un échange positif donc, marqué par l’émotion et la détresse de certains employés, venus parler de leurs expériences douloureuses avec courage. Courage car demain ils auront à affronter à nouveau cette direction qui continue à dire que tout va bien.

Estéfany


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