Usine sucrière de Bois-Rouge

Les ouvriers d’usine donnent un avertissement

24 juin 2006

Conclues en mai sur un accord signé par FO, la CFTC et la CGC, les négociations annuelles des salaires à l’usine sucrière de Bois-Rouge ont abouti à une augmentation qui n’atteint pas le niveau de l’inflation. La CGTR et la CFDT ont fait savoir hier qu’elles refusaient de voir des salaires d’ouvriers qualifiés, au niveau du SMIC.

La conférence de presse tenue hier à la CGTR-Est, en présence des représentants CGTR et CFDT de Bois-Rouge, ressemble fort à un avertissement. L’accord auquel les syndicats FO, CFTC et CGC ont donné leur signature, le mois dernier, exaspère les représentants de la CFDT et de la CGTR. L’augmentation consentie pour l’année 2005 (+2,6%), est en effet déjà absorbée par l’inflation. Dans ces conditions, les deux syndicats refusent de cautionner et réclament "de véritables négociations de salaire".
"Il n’est pas normal que dans une usine comme Bois-Rouge qui fait d’énormes bénéfices, la majorité des ouvriers soit payée à un taux horaire à peine supérieur au SMIC, voire en dessous pour certains ouvriers", ont dénoncé ensemble les représentants syndicaux. "La plupart des ouvriers que j’ai vus sont à moins de 1000 euros nets : on ne peut pas faire un travail qualifié, dans la filière canne-sucre qui plus est, avec des salaires au niveau du SMIC", a protesté Jean-Yves Payet, de la CGTR-Est.
Une trentaine d’ouvriers s’étaient donné rendez-vous au local bénédictin de la CGTR. Ils ont évoqué les aides diverses dont bénéficient la filière canne (défiscalisation, exonérations de charges, subventions...), à hauteur de "plusieurs millions d’euros".
Observateurs et acteurs de la vie de la filière, les ouvriers constatent que "les usiniers ont la garantie que leurs prix ne baisseront pas jusqu’en 2012" et que "100 millions d’euros ont été accordés à la filière canne". Mais toutes ces richesses, les 2 millions de tonnes de canne, sont coupées par des journaliers agricoles fantômes ! On ne parle jamais d’eux et ils sont sous-payés. Et les usines qui transforment la canne en sucre fonctionnent avec des ouvriers fantômes qui, bien que très qualifiés, sont payés comme des manœuvres ! Les ouvriers ne sont jamais associés aux décisions concernant la filière et leur travail est dévalorisé par des salaires toujours tirés vers le bas.
Mais la protestation enfle et dernièrement, les quelque 220 ouvriers de Bois-Rouge ont donné une majorité à la CGTR. Ils ont entamé hier la phase d’information sur leurs revendications : "une augmentation de 200 euros pour tous, le ticket restaurant pour les saisonniers ; 60 euros de "prime d’application" ; une prime de risque et une prime de nuit poussée à 13%". La phase suivante, si aucune discussion sérieuse n’est reprise avec la direction, sera celle des débrayages et peut-être de la grève.
L’avertissement est lancé.

P. David


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