Les prix et les revenus d’après l’IEDOM

Les ouvriers les plus mal payés

17 juillet 2007, par Edith Poulbassia

L’OPR entamera fin août ses premières séances de travail sur les prix, avec d’abord le foncier, le carburant et l’aérien. Pour les revenus, le calendrier n’est pas encore fixé. Mais le thème sera étudié. En attendant, que sait-on ou plutôt que dit-on actuellement des prix et des revenus ? Dernière étude en date, celle de l’IEDOM dans son rapport 2007. L’Institut d’Émission des DOM y livre quelques éléments sur les revenus, les salaires et l’inflation.

Les ouvriers représentent une part importante des travailleurs à La Réunion, et notre île est l’une des régions où les ouvriers reçoivent les salaires nets annuels les plus bas.

Pour obtenir un état des lieux des revenus des Réunionnais, l’IEDOM s’est appuyé sur les études statistiques des services fiscaux. Premier constat, les faibles salaires sont importants dans le département, et dans le même temps La Réunion est le département d’Outre-mer où le nombre de ménages concernés par l’impôt sur la fortune est le plus élevé.

Le décalage par rapport à la métropole est remarquable. Pour les revenus 2004, plus des trois quarts des foyers fiscaux comptabilisés ne sont pas imposables, ce qui équivaut à plus de 295.000 foyers fiscaux sur les 385.000 que compte le département. Plus de la moitié des Réunionnais ont déclaré un revenu net annuel inférieur à 7.500 euros, sachant qu’en moyenne le revenu net annuel déclaré est de 11.330 euros. Les ménages non imposables ont en moyenne un revenu net annuel évalué à 5.484 euros. Quant aux ménages soumis à l’impôt, le revenu net annuel moyen s’établissait à 30.602 euros en 2004.

Par comparaison avec les moyennes nationales, l’IEDOM souligne que les Réunionnais non imposables ont un revenu inférieur à celui des Français non imposables (6.941 euros) alors que le revenu des Réunionnais soumis à l’impôt « atteint un niveau nettement supérieur à celui observé pour la France entière (25.912 euros) ». A noter, toutefois, que la proportion des ménages non imposables pour la France entière correspond à un peu moins de la moitié des foyers fiscaux comptabilisés. Contre trois quarts à La Réunion.

Le montant des revenus déclarés a pourtant augmenté au même rythme que pour la France entière. De 5.791 millions d’euros en 2003, nous sommes passé à 6.148 millions d’euros en 2004. Soit une progression d’à peu près 6%.

Mais de quoi sont constitués les revenus déclarés ? Essentiellement des traitements et des salaires à 70%, puis de pensions et de rentes (12%). Viennent ensuite en faible proportion, les bénéfices industriels et commerciaux, les bénéfices non commerciaux, les revenus fonciers, les capitaux mobiliers et les bénéfices agricoles. Concernant l’ISF, le nombre de ménages concernés a progressé de 14,3% en 2004, ce qui portent à 993 contribuables. De tous les départements d’Outre-mer, La Réunion a la plus forte concentration de foyers devant s’acquitter de l’impôt sur la fortune (1,1% des foyers fiscaux), mais précise l’IEDOM, c’est « l’une des régions françaises où cet indicateur est le plus faible ».

Un niveau de salaire annuel inférieur à la France entière et aux autres DOM

Toujours pour l’année 2004, le salaire net annuel moyen est évalué à 19.363 euros. L’étude de l’IEDOM ne tient pas compte des agents de l’État et des salariés de l’agriculture. Ainsi, ce salaire moyen réunionnais est inférieur à tous ceux observés pour la France entière, pour la province et pour les autres DOM. En Guadeloupe par exemple, il atteint 20.257 euros, et en Guyane, 23.235 euros. Au niveau national, le salaire net annuel moyen est estimé à 22.197 euros. Si on classe La Réunion en fonction des régions, on constate que notre île est « au sixième rang régional le plus bas », après la Basse Normandie, le Limousin, le Poitou-Charentes, la Bretagne... et la Corse.

Comment expliquer ce niveau de salaire ? Les ouvriers représentent une part importante des travailleurs à La Réunion, et notre île est l’une des régions où les ouvriers reçoivent les salaires nets annuels les plus bas. En revanche, La Réunion « constitue l’une des régions présentant des rémunérations salariales nettes annuelles moyennes les plus élevées pour les cadres, les professions intermédiaires et les employés », précise l’IEDOM. 

Les minima sociaux sont une source de revenus importante pour les Réunionnais. Uniquement pour le RMI, on avance souvent le chiffre (qui varie sensiblement d’année en année) de 75.000 personnes, soit 9,5% de la population contre seulement 1,8% pour la métropole. En fait, ce sont 180.000 personnes couvertes « directement ou indirectement » par le RMI, c’est-à-dire presque un quart de la population. Les personnes âgées entre 30 et 49 ans sont les plus concernées.

A souligner, une forte proportion de familles monoparentales, plus de 22.800 en 2006 (30% des érémistes). « Un tel écart entre les modèles familiaux les plus répandus au sein des allocataires du RMI et ceux de la société réunionnaise, pose la question de la sincérité des déclarations de situations conjugales, sans doute “aménagées” afin de contourner les règles d’attribution du RMI », interprète l’IEDOM. 

Synthèse Edith Poulbassia


L’accélération des prix en 2006

Contrairement à l’indice national qui ralentit, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 2,6% l’année dernière. Un accélération des prix qui se produit pour la deuxième année consécutive. En cause, les produits pétroliers, avec une augmentation annuelle de 10,7% Viennent ensuite les loyers et les services rattachés (4,1% en moyenne), ainsi que les transports et communications (+3,8%). Les produits frais ont augmenté de 3,7% et les coûts d’achat des denrées alimentaires (hors produits frais) de 1,3%. Pour les produits manufacturés, les prix ont peu augmenté (0,5%). Par exemple les chaussures et l’habillement ont augmenté de 0,4% et 1,4% et les produits de santé ont connu une évolution à la baisse (environ -1%).

E.P.

Lutter contre la vie chère

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