Les 2 ans de l’Appel de l’Ermitage : pas de liberté sans abolition de la pauvreté

Les pauvres doivent prendre le pouvoir

19 décembre 2014, par Manuel Marchal

Hier soir, plusieurs associations ont participé au 2e anniversaire de l’Appel de l’Ermitage. Lancé le 18 décembre 2012, il s’est notamment pour but l’abolition de la grande pauvreté à La Réunion avant le 31 décembre 2015, conformément aux Objectifs du millénaire pour le développement signés par la France. Cette célébration a donné la parole aux abandonnés, qui constituent plus de 40 % de la population et qui n’ont pas le droit d’être élu. A eux de prendre le pouvoir pour ne pas perpétuer un système injuste, mais pour mettre au coeur de tout la solidarité et le partage, des valeurs fondamentales chez les Réunionnais contraints de vivre sous le seuil de pauvreté.

Tout avait démarré ici, à côté de chez Go sur la plage de l’Ermitage. Le 18 décembre 2012, des Réunionnais abandonnés par le système s’étaient rassemblés et avaient lancé l’Appel de l’Ermitage, pour l’abolition de la grande pauvreté à La Réunion avant le 31 décembre 2015. Deux ans plus tard, le Comité de l’appel de l’Ermitage et plusieurs autres associations ont célébré le second anniversaire de l’Appel.
Raïssa Noël, du Comité pour l’Appel de l’Ermitage a rappelé les revendications de l’appel et le chemin parcouru depuis. Il demande notamment le droit à un reste à vivre de 10 euros par jour une fois que toutes les factures sont payées. L’Appel de l’Ermitage exige aussi l’abolition de la loi obligeant le remboursement sur l’héritage d’une personne décédée ayant bénéficié de l’allocation de solidarité. Il revendique aussi la création d’activités génératrices de revenu pour permettre aux pauvres de produire eux-mêmes des moyens pour augmenter leurs revenus.

Plus de 40 % des Réunionnais

L’an passé, le Comité pour l’appel de l’Ermitage s’est impliqué dans les élections municipales. Il a demandé aux candidats de se positionner sur les revendications. Il était notamment question de la représentativité des pauvres sur les listes candidates aux municipales. Une seule avait garanti aux pauvres une part égale à leur proportion dans la population, c’est-à-dire plus de 40 %.
Après cette présentation, place aux débats. Le premier intervenant, M. Alain, allait donner le ton. Président d’une association caritative, il a vu le nombre des familles bénéficiant des colis alimentaires passer de 5 à plus de 500 en quelques années rien qu’à Saint-Benoît.
D’autres témoignages portaient sur la pauvreté. Thérésien et sa sœur ont rappelé la spoliation des Réunionnais. Nombreuses sont les familles qui ont été dépouillées de leurs terrains parce que les parents ne savaient pas lire, et que les notaires et avocats laissaient faire.

Plus rien à manger le 8 de chaque mois

La question de la réduction des droits a aussi été évoquée. Comment un pauvre peut-il ouvrir un compte bancaire s’il n’a pas de contrat ? Que faire si à partir du 8 ou du 9 de chaque mois, il n’y a plus rien à manger ?
L’échange s’est conclu par la nécessité pour les pauvres de prendre le pouvoir. Car leurs revendications ne sont pas entendues par les élus. Cette prise de pouvoir, ce n’est pas pour faire comme ceux qui l’ont actuellement, mais pour mettre au centre de tout deux valeurs commune à tous les pauvres : solidarité et partage.
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