Hausse spectaculaire des prix des fruits et légumes à La Réunion

Les pauvres privés de produits de première nécessité après Berguitta

23 janvier 2018, par Manuel Marchal

8 euros le kilo d’oignon, les prix s’envolent quelques jours après le passage de Berguitta à La Réunion. Cela concerne tous les produits frais, y compris ceux qui sont importés. Certains ont donc décidé de profiter de la situation pour faire du profit, et prennent la décision d’empêcher les pauvres d’acheter des produits de première nécessité.

Les fortes pluies de Berguitta ont réduit à néant les investissements de planteurs de fruits et légumes. Leurs champs sont ravagés. C’est une récolte perdue. Il faudra donc attendre de longues semaines pour que la production redémarre. En attendant, les agriculteurs doivent faire face à des problèmes de trésorerie et demandent la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle pour activer les indemnisations.

Les pluies ont également durement touché la population. Ce sont en particulier les familles les moins riches qui en subissent les plus graves conséquences. Se pose en effet la question de l’assurance qui n’est pas toujours accessible. Rappelons que lors de la COP23 à Bonn, les États du monde se sont entendus sur la création d’un fonds spécifique déstiné à permettre aux plus pauvres d’être assurés. Cette mesure concerne avant tout les pays en développement. Il est important de permettre aux Réunionnais de bénéficier d’une mesure analogue.

Hausse des prix des produits importés

Or, c’est une double-peine qui est infligée aux plus pauvres actuellement. En effet, bien avant que le montant des pertes causées par Berguitta soient évaluées, des profiteurs ont décidé d’augmenter exagérément les prix. Difficile d’accabler les agriculteurs qui n’ont plus rien à vendre. Les abus proviennent des intermédiaires. En effet, le prix des produits frais s’est envolé. Ainsi il faut compter 8 euros pour acheter un kilo d’oignons. Les tomates et autres légumes ont vu aussi leurs prix franchir le seuil de l’intolérable.

Il s’avère que ses augmentations concernent également les produits importés. Ces derniers n’ont donc pas eu à souffrir des intempéries de Berguitta. Il y a donc manifestement des abus. De plus, ces augmentations effarantes concernent aussi des stocks constitués avant la tempête et qui sont aujourd’hui en train d’être écoulés. Cela signifie que l’agriculteur a été payé au prix habituel, mais que les intermédiaires ont considérablement augmenté leur marge en profitant d’une situation de pénurie.

Des abus impunis

À La Réunion, plus de 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Elle n’a pas les moyens de suivre une telle augmentation. Quant aux responsables de ces abus, ils estiment qu’à ce prix ils ont une clientèle qui peut acheter. Ils prennent donc la décision d’exclure les pauvres de l’achat de produits de première nécessité.

Au lendemain du passage de Berguitta, le PCR a publié un communiqué dans lequel il alertait sur les abus prévisibles. Il appelait « tous les acteurs de la chaîne de production, transformation et distribution à la solidarité ». Plutôt que la solidarité, certains recherchent le profit à tout prix. Ils décident donc d’entretenir les tensions au sein de notre société en accentuant les inégalités. Il est donc plus que jamais nécessaire qu’un Observatoire des prix et des marges puissent avoir les moyens d’agir et de prendre les sanctions qui s’imposent contre les profiteurs de cyclone.

M.M.

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Messages

  • C’est la loi du marché , les prix montent ou baissent suivant l’offre et la demande . Quand l’offre se fait rare et que la demande reste importante , les prix montent , et vice et versa . C’est valable pour tout même pour les légumes et les produits de première nécéssité.

    Les planteurs de cannes à sucre de la Réunion seront confrontés au même problème lorsque les quotas et la garantie de prix dont ils ont bénéficié jusqu’ici seront totalement supprimés et peut être que l’Etat leur viendra en aide pour obéir à son devoir de solidarité .

    Lorsqu’il s’agit de faire face aux conséquences d’une catastrophe naturelle il est également nécessaire d’être solidaire et peut être que les autorité devraient être un peu plus interventionnistes et réguler les prix de manière à ce que certains produits restent accessibles à tout le monde y compris aux plus pauvres ,quitte à accorder également une prime de solidarité aux bazardiers qui voient leur chiffre d’affaire diminuer .

    On fixe bien de manière autoritaire , le prix des carburants et de certains autres produits ,alors pourquoi ne pas fixer un prix à ne pas dépasser pour les légumes et accorder une aide aux bazardiers qui restent dans la fourchette de prix autorisée.


Témoignages - 80e année


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