Le GIHP - Réunion fête ses 30 ans

« Les personnes handicapées ne veulent pas être des cas à part »

27 octobre 2006

Comme le notifiait hier son président Eric Turpin, le GIHP-Réunion (Groupement pour l’Insertion des personnes Handicapées Physiques) vit « un moment important. » Dimanche, l’association fêtera son 30ème anniversaire au côté du GIPH national qui a choisi cette année d’organiser ses journées de réflexion sur le handicap pour la première fois à La Réunion. Un double événement qui appelle toute notre attention.

Créé en 1976, le GIHP-Réunion, acteur incontournable de la chaîne de l’insertion des travailleurs handicapés, a connu comme beaucoup de structures associatives des moments difficiles. Elle a même frôlé en 1998, le dépôt de bilan. « La vie est un combat, mais il faut se battre pour donner aux personnes handicapées des raisons et des moyens pour continuer. » Saluant le travail de ses prédécesseurs comme Claude Lorion, à ses côtés, Éric Turpin a rappelé que des salariés et les personnes handicapées comptent sur la structure pour continuer son action. À la veille de son trentième anniversaire, « nous travaillons dans la sérénité, avec un conseil d’administration soudé et des membres volontaires. »

« La personne handicapée, touriste comme les autres »

Et c’est un beau cadeau que le GIHP national offre là aux 996 adhérents de l’association locale en organisant cette année ses journées nationales, qui se tiennent tous les deux ans, à La Réunion. Dans la poursuite du colloque de 2004 organisé à Poitiers et intitulé « La personne handicapée, consommatrice comme une autre », cette année, la journée et demie de réflexion et de débat organisée vendredi et samedi au Novotel de Saint-Gilles-Les Bains portera sur « La personne handicapée, touriste comme les autres. » Les thèmes du transport, de l’hébergement, mais aussi de l’accessibilité aux loisirs, de l’accompagnement seront abordés, avec une mise en pratique samedi après-midi sur le site de la coulée de lave de 1976 à Sainte-Rose ou se rendront les 40 représentants des 25 GIHP répartis sur le territoire français et qui ont fait le déplacement jusque dans notre île.
Malgré 4 heures de retard au départ de Paris, la présidente du GIHP national, Brigitte Idziak, précise que le voyage s’est passé dans de bonnes conditions, avec une bonne prise en charge par la compagnie Air Austral. Bien que le transport en avion, par exemple, requiert un accompagnement particulier, la présidente souligne que « les personnes handicapées ne veulent pas être des cas à part. Nous voulons nous insérer dans la société et ne plus être confrontés à cette coupure entre valides et handicapées. » Au niveau national, contrairement au GIHP-Réunion centré sur le transport (scolaire, des travailleurs handicapés...), l’association n’a pas vocation à gérer des services à la personne mais se propose comme une instance de réflexion et de proposition auprès des divers ministères, un interlocuteur privilégié, pour faire évoluer la place de la personne handicapée dans notre société.

« Il n’y a pas grand-chose de fait »

Elle prend régulièrement son bâton de pèlerin pour éclairer ou rappeler aux autorités les dysfonctionnements qui portent atteintes à la liberté individuelle des personnes handicapées. Elle va jusqu’à participer à la rédaction des lois qui régissent la prise en compte du handicap. La loi de 1991 qui institue l’accessibilité au même titre que la sécurité n’est pas encore appliquée. Le GIHP s’est sur ce point battu pour que la loi modificatrice du 11 février 2005 impose un délai plutôt qu’elle ne se limite à un simple rappel des obligations légales. L’association voulait que 6 ans soient actés, mais 10 sont finalement inscrits dans la loi. « On sait que les collectivités ont des difficultés à trouver les moyens nécessaires, mais deux ans après la loi, pour l’instant, il n’y a pas grand chose de fait », souligne Brigitte Idziak.
Le transport urbain accessible aux personnes handicapées tarde à se mettre en place. Ces dernières n’ont alors comme seul recours que le transport adapté dont le coût est de 30 à 40% supérieur et qui appelle un soutien financier des collectivités locales aux associations. Il faut encore former des conducteurs à ce type de transport spécifique. Mais ce n’est qu’un volet des batailles que poursuivent les associations pour faire entendre la voix de la personne handicapée.
Sur la question du logement, Brigitte Idziak rappelle encore que l’idée n’est pas de réaliser des logements adaptés, mais bien des logements adaptables avec une prise en compte en amont au moment de la construction, sur plan, du handicap. Et c’est bien en amont, au coeur des mentalités qu’il faut toucher pour prêter attention à l’autre qui quelle que soit sa différence, reste un citoyen à part entière, avec ses droits et ses devoirs.

Stéphanie Longeras


Guy Jarnac, conseiller régional et membre du conseil d’administration du GIHP-Réunion :
« Nous souhaitons que les personnes handicapées soient des citoyens à part entière. Grâce à l’action de la présidente du GIHP national, il faut revenir au créneau. Il faut que les nouvelles technologies soient au service de tous et notamment des personnes handicapées pour qu’à terme en appuyant sur un petit bouton des informations soient accessibles à tous. La Région mène actuellement des études dans ce sens. En tant que délégué régional de Tourisme et Handicap je sais qu’il reste encore beaucoup à faire. Aujourd’hui, on distingue les handicaps lourds et légers. On est obligé de s’arranger. J’espère que la société française et singulièrement celle de La Réunion agira d’elle-même. »


Infos pratiques

Le colloque proposé par le GIHP national se tiendra aujourd’hui de 10 heures à 18 heures et le samedi 28 octobre de 10 heures à 12 heures 30 à l’hôtel Novotel de Saint-Gilles-Les-Bains. Professionnels de santé, de l’animation, du tourisme, acteurs institutionnels, politiques sont invités à y assister ainsi que toute personne intéressée par la question du handicap. Pour tout renseignement, contacter le GIHP-Réunion au 0262.28.78.90
Pour son 30ème anniversaire, l’association organise un méchoui au Parc du 20 Décembre à Saint-Leu. Le repas est réservé aux adhérents, néanmoins les animations musicales sont accessibles au grand public pour partager un moment de convivialité et d’échanges. Dominique Barret, les groupes Métisse Seggaie, Apolonia, Moringue et Zarlo animeront la journée à titre gratuit, pour apporter leur soutien à l’association.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année

La pès kabo

5 juillet, par Christian Fontaine

Kan i ariv Novanm-Désanm-Zanvié, domoun i réziste pi ek la salèr. Zène-zan i mars dann somin, zène-fi i roul an dékolté ; sétaki i rod in manir po (…)


+ Lus