Manifestation des émigrés domiens en France

Les raisons d’une mobilisation réussie

18 décembre 2004

À l’initiative du Collectif des Antillais, Guyanais et Réunionnais, une véritable bataille est engagée pour lutter contre les discriminations en France.

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Samedi 11 décembre, à l’appel du Collectif des Antillais, Guyanais et Réunionnais, plusieurs milliers de Domiens émigrés en France sont descendus dans la rue à Paris pour manifester contre les discriminations dont ils sont victimes. Selon le Collectif, la manif a été un succès.
Pour les organisateurs de cette marche, son succès s’explique d’abord par le travail de fond du Collectif. Lequel, depuis plus d’un an et demi, monte ses réseaux et s’organise pour, notamment, habituer la communauté domienne en France aux manifestations de rue en faveur de ses droits.
Dans le travail fait pour rendre publiques ou régler les discriminations dont sont victimes les originaires d’Outre-Mer, le collectif s’est acquis la réputation de ne pas hésiter à engager des bras de fer contre toutes les institutions, ministres et politiques de tous partis, en agissant comme un véritable lobby.
Tirant les leçons des manifestations précédentes, souvent organisées en moins de quatre jours, et généralement en pleine semaine, cette fois-ci, le collectif a - trois semaines à l’avance - choisi d’appeler à manifester un samedi. Il y a montré toute son efficacité. Ne bénéficiant d’aucune subvention, il a pu distribuer plusieurs dizaines de milliers de tracts dans toute la région parisienne et coller plusieurs centaines d’affiches grâce à la mobilisation de centaines de militants.
Le collectif a également monté des opérations de communication sur Média Tropical et par courriels. L’intersyndicale, au sein du collectif, a joué son rôle également. Le seul syndicat absent officiellement a été la CFDT, même si ses militants antillais ont pris leurs responsabilités en diffusant les tracts.

Un tournant

Cette marche semble marquer un tournant. Le collectif affirme que les Domiens semblent décidés à s’engager davantage activement dans tous les domaines de la vie publique pour se faire respecter.
Exemple : le Collectif a demandé à ses membres d’interpeller France 3 et Max Gallo sur son site Internet suite aux propos choquants de l’ancien ministre sur Napoléon et l’esclavage. La rédaction a été submergée par les courriers, les e-mails et les appels téléphoniques. La même semaine, le ministre Borloo était interrogé dans l’émission de France 3, France Europe Express. Et là surprise, pour la première fois, un journaliste annonce que les originaires d’Outre-Mer, qui ont appelé massivement, se plaignent de discriminations.
Faire reconnaître les discriminations dont souffrent les originaires d’Outre-Mer était une première étape. La deuxième, pour le Collectif, consistera à utiliser un concept tiré du droit anglo-saxon. La preuve des discriminations directes, celles qui s’exercent contre un individu, à l’occasion d’une démarche pour trouver un emploi par exemple, est quasiment impossible à apporter.
Une directive du Conseil européen du 27 novembre 2000 "portant création d’un cadre général en faveur de l’égalité de traitement en matière d’emploi et de travail" impose aux États membres de transposer dans leur droit national le concept de discrimination indirecte.
La loi du 16 novembre 2001 relative à la lutte contre les discriminations transpose cette directive. En clair, en matière de discrimination indirecte, il suffira d’examiner l’organigramme de l’entreprise. Si celui-ci laisse apparaître une absence - ou une présence symbolique - des Français issus de minorités, notamment les Ultramarins, la discrimination sera prouvée, selon les responsables du collectif.


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