Apprentissage à 14 ans et travail de nuit à 15 ans décidés par le gouvernement

Les reculs considérables de la loi sur “l’égalité des chances”

12 avril 2006

Dans un article sous le titre “L’esclavage contemporain des enfants”, le Bureau international du travail montre la réalité des enfants au travail à 14 ans. C’est à cela que la loi sur l’égalité des chances nous renvoie. Est-ce acceptable ? Est-il concevable de se satisfaire du seul remplacement de l’article 8 créant le Contrat première embauche sans remise en cause des articles sur l’apprentissage à 14 ans et le travail de nuit à 15 ans ?
Voici quelques extraits de ce document du Bureau international du travail.

Selon le B.I.T. (Bureau international du travail), 250 millions d’enfants de 5 à 14 ans sont contraints au travail dans le monde. Ils vivent pour la majorité dans les pays du Tiers Monde, d’Asie, d’Afrique ou d’Amérique du Sud, mais aussi en Europe où près de 2 millions de jeunes de moins de 15 ans travaillent. Notamment au Royaume-Uni, en Allemagne, en Italie. On estime que 40 millions d’enfants travaillent en Inde, 5 millions aux Philippines, etc.
Les secteurs qui emploient les jeunes sont très variés, mais les conditions de travail sont presque partout les mêmes. (...) Un mineur de fond en Colombie, âgé de 14 ans, passe la journée à 100 mètres sous terre dans une atmosphère irrespirable pour l’équivalent de 100 francs par semaine.
En Tanzanie, la norme est de 11 heures par jour pour les jeunes qui travaillent dans les plantations.
En Thaïlande, certains passent plus de 15 heures assis par terre à écailler des crevettes.
En Malaisie, des enfants exposés aux piqûres de serpents et d’insectes, sont forcés de travailler 17 heures par jour dans des plantations de caoutchouc.
En Inde, les enfants travaillent dans des fabriques de verre non aérées et équipées de fourneaux dont la température varie entre 1.600 et 1.800 degrés, et ne sont pas aérés.

Esclavage et servitude

L’agriculture est le secteur qui emploie le plus d’enfants. Ceux-ci sont misérablement rémunérés. À travail égal, ils ne reçoivent que la moitié de la paie d’un adulte. Souvent, ils ne sont même pas payés, notamment lorsqu’il s’agit de l’entreprise familiale.
Dans ce secteur, on compte également un grand nombre d’enfants que l’on peut qualifier d’esclaves. En effet, ils ne sont pas rémunérés et deviennent propriété temporaire ou définitive de leur employeur, jusqu’à ce que la dette contractée par leurs parents soit remboursée. Il est difficile de donner un chiffre, ces enfants ne sont que rarement déclarés aux autorités administratives.
Dans le textile, les enfants maintenus en servitude dans les usines de tapis en Inde, au Pakistan ou au Népal travaillent parfois jusqu’à 20 heures par jour, 7 jours par semaine. Souvent ils dorment, mangent et travaillent dans une seule petite chambre obscure. Ils travaillent dans des postures inconfortables, dans la poussière et souffrent fréquemment de problèmes respiratoires, oculaires ou de déformation de la colonne vertébrale.
Mentionnons également le tourisme sexuel qui fait des ravages en Thaïlande, aux Philippines et ailleurs. Attirés par une rémunération attractive, des enfants de plus en plus jeunes, campagnards et sans éducation, tombent dans le piège de la prostitution et sont la proie des maladies vénériennes et du SIDA. À cela, il faut ajouter l’enrôlement forcé d’enfants dans des armées en guerre.

L’Europe concernée

L’Europe est aussi concernée. À Amarante, au Portugal, chaque jour, 500 paires de chaussures de grandes marques européennes sont fabriquées par des enfants au prix de 6 francs l’heure (3.40 dollars). À Naples, en Italie, des fillettes de 12-13 ans passent la journée entière derrière une machine à coudre. À Manchester, en Grande-Bretagne, des enfants aident leurs mères qui travaillent à domicile pour des usines.
Tous ces enfants sont sous-payés, donc rentables. Le prix affiché sur une écharpe de soie ne reflète pas le fait que des fillettes de 5 ans attrapent des ulcères à cause de la teinture qu’elles avalent en coupant les fils de soie avec leurs dents. Dans les magasins chics de Paris, Rome ou Genève, où l’on trouve des tissus, des sacs ou des chaussures de luxe, la mention "cousu main", label de qualité, cache souvent la journée de travail d’un enfant.


Les causes du travail des enfants

Parmi les causes invoquées par le Bureau international du travail, les difficultés économiques et le laxisme des gouvernements.

Le travail des enfants est le résultat de plusieurs facteurs économiques et sociaux, avec en tête :
Le besoin pressant de revenus supplémentaires de la part de familles démunies.
Le remboursement des dettes.
Le manque de confiance dans l’école (programmes non appropriés, classes bondées, enseignants peu motivés ou absents) et la croyance que l’enfant prépare mieux son avenir par le travail.
L’impossibilité d’assumer le coût des études, l’école est payante dans de nombreux pays, ou du moins l’uniforme, les livres, les cahiers.
L’indifférence de la société face à ce problème social.
La politique laxiste suivie par les gouvernements qui ne punissent pas ceux qui enfreignent la loi.
Enfin, la crise économique sévère qui a frappé l’ensemble des pays du Sud et de l’Est et dont les enfants sont les victimes les plus fragiles.
L’esclavage contemporain des enfants.


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