Lu dans ... La Croix

Les retraités inquiets pour leur niveau de vie

(extraits)

6 mars 2008

Cinq syndicats appellent à se mobiliser jeudi 6 mars pour la défense du pouvoir d’achat des retraités, qui donne des signes de décrochage après des décennies d’amélioration
C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. En décembre, le Président de la République confirmait ce que l’ensemble des retraités craignaient : en 2008, la revalorisation des pensions ne dépasserait pas 1,1%.
Depuis la loi de 2003, en effet, les pensions sont indexées sur l’inflation prévue pour l’année à venir. Or, en 2007, celle-ci avait été surestimée de 0,50%. D’où un “rattrapage” cette année : alors que l’inflation prévue en 2008 était de 1,6%, les pensions n’ont augmenté que de 1,1% au 1er janvier.
Mais, problème : depuis, les prix n’ont cessé d’augmenter, l’Insee ayant estimé à 2,8% leur progression entre janvier 2007 et janvier 2008. Dénonçant “l’injustice faite aux retraités”, cinq unions confédérales de retraités (CGT, CFDT, FO, CFE-CGC, CFTC) appellent jeudi 6 mars à une « journée nationale d’actions ».

(...)

Les règles de liquidation des retraites ont été durcies

D’abord, depuis 1993, les pensions ne sont plus indexées sur les salaires, dont la progression est plus favorable, mais sur les prix. Ensuite, deux nouveaux impôts (la CSG, créée en 1990, puis la CRDS, créée en 1996) pèsent sur les pensions de nombreux retraités, seulement un sur deux étant exonéré de prélèvements sociaux.
Enfin, depuis les réformes de 1993, puis de 2003, les règles de liquidation des retraites ont été durcies (passage de 37,5 à 40 ans de cotisation, calcul sur les 25 meilleures années au lieu des 10)...). Selon Jean-Louis Malys, à la CFDT, « l’impact de ces différentes mesures, qui sont entrées en vigueur progressivement, est énorme et il ne fait que commencer ».
Une prévision confirmée par Jean-Yves Ruault, rédacteur en chef de Seniorscopie, le site Internet professionnel du magazine Notre Temps : « Les choses risquent d’aller de mal en pis, car, depuis le milieu des années 1975 et l’arrivée du chômage de masse, on constate une plus grande difficulté pour se maintenir en emploi pendant les 40 ans nécessaires pour obtenir un taux plein, difficulté qui sera accentuée avec le passage prochain à 41 ans ».

La récente hausse des prix touche le budget des retraités

En outre, la récente hausse des prix touche le budget des retraités. « Quand vous êtes retraités,(...) vous dépensez plus pour votre santé, notamment depuis la création des franchises médicales et l’explosion des tarifs des mutuelles », insiste Françoise Vagner, de l’Union confédérale des retraités CGT.
Reste que cette dégradation ne pèse pas de la même façon sur toutes les catégories de retraités. Premiers touchés évidemment : les pensionnés modestes, 17% des retraités de droit direct (hors réversion) percevant moins de 600 euros par mois et plus de 600.000 percevant tout ou partie du minimum vieillesse.
En particulier, les femmes continuent, en dépit d’une amélioration nette du taux d’activité féminin, à percevoir des retraites inférieures de 38% à celles des hommes. Un chiffre têtu qui risque de peser lourd dans le débat à venir sur une éventuelle réforme des avantages familiaux.

Nathalie Birchem


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