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Les Réunionnais affirment que plus rien ne sera jamais comme avant

Très grand succès de la mobilisation autour du COSPAR

vendredi 6 mars 2009, par Manuel Marchal


Selon les organisateurs, des dizaines de milliers de personnes ont participé aux deux défilés organisés par le COSPAR hier à Saint-Denis et à Saint-Pierre. Le rapport de force a permis de déboucher sur plusieurs annonces du préfet et la tenue d’une première réunion de travail ce matin. Pour concrétiser ces avancées, le Collectif d’organisations syndicales, politiques et associatives de La Réunion appelle à une grève générale reconductible à partir de mardi. En attendant, des opérations ’coup de poing’ sont prévues. Une première a été organisée hier devant trois hypermarchés, à Sainte-Clotilde, Sainte-Marie et Sainte-Suzanne.


La Réunion vient de connaître une mobilisation qui marquera l’Histoire des luttes sociales. Les Réunionnais, selon les organisateurs, se sont rassemblés hier autour des 62 revendications du COSPAR (Collectif d’organisations syndicales, politiques et associatives de La Réunion).
À Saint-Denis, la capitale a connu un défilé sans doute sans précédent. Venus du Nord, de l’Est et de l’Ouest, des Réunionnais par dizaines de milliers ont affirmé massivement « Pauvreté, arèt èk sa ! Vie chère, arèt èk sa ! Chômage, arèt èk sa ! Précarité, arèt èk sa ! Bas salaires, arèt èk sa ! », comme l’affirme le message du COSPAR lu à la fin de la manifestation par Gilles Leperlier, président de l’UNEF.
« A La Réunion, la minorité qui détient le pouvoir économique redoutait que n’arrive le jour où les Réunionnaises et les Réunionnais (…) rassembleraient toutes leurs forces pour parler d’une seule et même voix ! », affirme le COSPAR, collectif de 45 organisations. « Ce rassemblement est nécessaire car ceux qui détiennent les leviers de l’économie ne veulent aucun changement. Oui, une fraction encore puissante du patronat a peur que les Réunionnais ne descendent en masse dans la rue pour dire leur mécontentement », poursuit le message. « Et bien, aujourd’hui, ce jour est venu ! », affirme avec force le représentant du COSPAR.

Des premières avancées

La vigueur de la mobilisation a permis d’obtenir de premières avancées, comme l’a indiqué hier Ivan Hoareau. À la sortie de la rencontre avec une délégation du COSPAR, le préfet a annoncé une baisse de la bouteille de gaz à partir de jeudi, une baisse des prix des carburants d’ici au plus tard début avril. Le préfet affirme que « la plate-forme de 62 demandes » présentée « fera l’objet, pour chacune d’entre elles, d’une réponse. Le but étant de parvenir, pour ce qui concerne celles pour lesquelles le préfet est directement compétent, à un accord pour le 30 mars ». Une première rencontre de travail est prévue ce matin à 11 heures. Par ailleurs, concernant les négociations salariales, le représentant de l’État affirme que l’heure est à « la négociation ».
Pour Ivan Hoareau, secrétaire général de la CGTR et porte-parole du COSPAR, ces annonces sont le premier résultat du rapport de force favorable créé grâce à la mobilisation. Mais pour concrétiser, il faut « aller plus fort ».
Le dirigeant syndical précise que la pression de la rue peut permettre de concrétiser plus rapidement qu’en Guadeloupe, où il a fallu six semaines pour arriver à un accord. « Dès demain, nous allons travailler pour que les négociations salariales commencent le plus tôt possible », a-t-il précisé au journal télévisé d’Antenne Réunion.

« Entrer dans une véritable négociation »

Ce point de vue est partagé par Jean-Pierre Rivière, secrétaire général de l’UIR-CFDT, pour qui « il faut entrer dans une véritable négociation ». Il rappelle que la dernière alerte lancée en direction des organisations patronales s’est soldée par une absence de réponse. Cela date déjà du mois d’octobre 2008. « Nous devons être dans les tables rondes, notamment celles prévues avec la grande distribution pour créer les conditions d’une baisse des prix », a-t-il dit sur les ondes d’Antenne Réunion.
Pour que les annonces se concrétisent, et pour apporter une réponse à la revendication de hausse des bas salaires et des minima sociaux de 200 euros, le COSPAR appelle à une nouvelle journée de mobilisation mardi, date d’un appel à une grève générale reconductible. En attendant, des actions "coup de poing" maintiennent la pression. La première a été une opération vérité sur les prix dans trois hypermarchés hier. À chaque fois, le COSPAR a trouvé porte close. Gageons que les blocages se lèvent pour que les Réunionnais commencent à voir la fin de la crise structurelle. Car, « est-ce trop demander que les Réunionnais puissent avoir les moyens de mettre en place dans leur pays, par la concertation, une politique équitable des prix, des revenus et de la fiscalité afin de mettre en œuvre un développement durable ? », comme l’indique la conclusion du message du COSPAR ?

Manuel Marchal


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