Manifestation hier au CNASEA et 1er succès des CES, CEC et CAE

Les salariés des contrats aidés enfin payés

28 avril 2006

Hier, une délégation de 10 présidents ou membres d’associations a été accueillie dans les locaux étranglés du CNASEA. Au sortir de la réunion, Sylvain Corré (CNASEA) assurait que l’argent arrivera d’ici une semaine sur les comptes des associations. Mais faudra-t-il venir tous les mois assiéger ses locaux pour que ce prestataire de service public paie les titulaires de contrats aidés ?

"Le CNASEA doit pouvoir verser les fonds suffisamment en avance pour permettre aux structures de payer les salariés", lance d’emblée Jean-Hugues Ratenon, président du Collectif Agir Pou Nout Tout. Notons en effet que dans le cadre de la mise en œuvre du Plan de cohésion sociale, cher au ministre Jean-Louis Borloo, le CNASEA (Centre national pour l’aménagement des structures des exploitations agricoles) gère les aides financières à l’emploi et à l’insertion.
À la une d’un de ses fascicules, on lit : "Un opérateur financier commun : le CNASEA". Ainsi, les salariés titulaires du Contrat d’avenir, du Contrat insertion-revenu minimum d’activité (CIRMA), du Contrat d’accompagnement dans l’emploi (CAE), du Contrat initiative emploi (CIE), du Contrat d’insertion dans la vie sociale (CIVIS) sont payés par le CNASEA.
Mais quand le CNASEA ne peut pas payer ? "Nous sommes un organisme payeur et nous payons lorsque les fonds sont à notre disposition", déclare Sylvain Corré, qui pointe du doigt le ministère de l’Outre-mer. Celui-ci déclarera en effet : "Notre travail a été fait. Le blocage, c’est que les crédits du ministère de l’Outre-mer ne sont pas arrivés". Et celui-ci de reconnaître : "Les fonds du FEDOM sont en retard, l’État aussi".
Il ne ménagera pas pour autant la Région Réunion, qui engendrerait des retards de versements. Selon lui, le contrat qui lie le Conseil régional et le CNASEA ne permet pas à l’organisme payeur de verser la part régionale sur les salaires, tant que l’État n’a pas versé. En clair, il demande une révision de la convention sur le co-financement des salaires.
Et Jean-Hugues Ratenon de souligner : "Il se comporte comme une entreprise privée, qui cherche le bénéfice, parce qu’il faudra lui rémunérer les prestations qu’il fait en plus". Sylvain Corré dira au cours de la réunion qu’"il n’y a plus de fonds au CNASEA".

Plus jamais cela...

Mais de quoi parle-t-on ? Du quotidien de plus d’un millier de Réunionnais, qui ne disposent d’aucun salaire. Comment vivre ? Jean-Hugues Ratenon appelle les instances administratives à plus d’humanité. "Certes vous pénalisez les associations, mais derrière cela, il faut surtout voir les familles qui doivent quand-même s’acquitter de leur loyer, de leurs factures. Et ce qu’il faut surtout noter, et c’est une réalité, certains n’ont pas à manger. Ils ne sont pas payés", déclare-t-il.
Peut-être alors faut-il voir au niveau national, si le CNASEA ne peut pas rendre plus liquoreuses ses relations administratives avec les financeurs. "Plus jamais cela", répétait Jean-Hugues Ratenon. "Les premiers embarrassés, c’est nous", déclarera un responsable de service au CNASEA, M. Hoarau.
Non, désolé Monsieur Hoarau, ce sont ceux qui ne disposent pas d’un revenu comme le vôtre, ce sont ceux qui ne sont pas payés chaque mois pour des raisons qui ne sont pas les leurs. "Si nou gingn pa nout salèr, ou doi pa gingn la vot", lance une présidente d’association. Il se retiendra pendant longtemps de parler pour ne rien dire.
Le CNASEA reconnaissait presque que les méandres administratifs imposés aux associations peuvent malheureusement retarder le paiement. "Vous êtes dans une gestion purement administrative. Nous sommes dans une gestion humaine et administrative", lui rétorquera Jean-Hugues Ratenon. Le président du Collectif Agir Pou Nout Tout propose la mise en place d’un fonds de compensation, pour que ce genre de problème n’alarme plus des familles réunionnaises. Cette proposition sera soumise au préfet, quand celui-ci condescendra à ouvrir la table-ronde en preux représentant de ce gouvernement de démolition sociale.

Le 3 mai, rassemblement pour l’emploi

Sylvain Corré a fait une belle annonce hier, encore boiteuse, puisqu’elle ne dit pas la pérennité du versement des salaires. Mais c’est une autre victoire que signent les travailleurs réunionnais dans leur longue marche contre le chômage et les injustices faites aux emplois aidés.
Sylvain Corré informe : "Depuis le 11 avril, (NDLR : pour des salaires qui auraient dû être versés au moins dans la première semaine du mois d’avril) je suis en liaison avec la Direction du travail et la Direction nationale du CNASEA, pour que cet argent soit versé. L’argent a quitté le ministère de l’Outre-mer. Les crédits devraient nous parvenir aujourd’hui (NDLR : hier). L’argent sera dans les associations la semaine prochaine".
C’est un “ouf !” temporaire, un calme passager qui ne doit pas faire plier le mouvement pour l’emploi. Le 3 mai, un rassemblement est prévu devant les grilles de la Préfecture. Si tous les titulaires des emplois aidés sont grandement attendus, on espère que tous les Réunionnais seront unis à ce mouvement pour le travail réunionnais.

Bbj


Appels à la manif du 1er mai

Nous reproduisons ci-après différents appels des syndicats à la manifestation du 1er mai à 9 heures à Saint-Denis (Jardin de l’État).

o Le Syndicat général du personnel de la CCI Réunion CGTR

La lutte paye ! D’autres victoires sont possibles...
"Corine Ramoune, secrétaire générale du Syndicat général du personnel de la CCI Réunion CGTR appelle à rejoindre massivement la manifestation festive et conviviale de l’Intersyndicale CFTC, CGTR, UIR-CFDT, UNSA, FSU, SAIPER, US-Solidaires, UNEF, FCPE. La victoire sur le CPE, c’est le résultat de la lutte unitaire des lycéens, des étudiants et des salariés.
Le 1er mai, fête des travailleurs, sera l’occasion d’appeler à d’autres luttes et à d’autres victoires : Augmentation du pouvoir d’achat des salariés déjà fortement touchés par le Chikungunya ; Lutte contre la précarité et le chômage (CNE...) ; Création des emplois durables (reconduction du dispositif congé solidarité, relance de la Réduction du temps de travail...) ; Défense du Code du travail et des statuts dans la fonction publique ; Défense des services publics et des emplois publics."

o L’Union régionale Nord

"Pour un salaire décent, un vrai emploi... dans un monde plus juste et solidaire"
"Le retrait du CPE est un authentique succès de l’action syndicale unitaire et de la mobilisation des étudiants, des lycéens, des salariés de toutes les générations. Cette victoire donne confiance pour faire avancer la bataille pour l’emploi des jeunes et de toutes les catégories de salariés.
Cette victoire appelle des suites dans les entreprises, dans les branches professionnelles, dans la bataille contre la précarité, l’emploi et le pouvoir d’achat des salariés. L’Union régionale Nord appelle les salariés à poursuivre leur mobilisation à tous les niveaux, sous des formes diverses, dans l’unité la plus large, pour obtenir l’ouverture de négociations sur les revendications posées afin de gagner de nouvelles conquêtes sociales.
Le 1er mai est l’occasion pour les salariés, les privés d’emploi, les précaires, les jeunes et les retraités, de se mobiliser à Saint-Denis pour exiger un salaire décent, un vrai emploi pour vivre mieux et autrement dans un monde plus juste et solidaire."

o L’Union régionale des syndicats de l’Ouest

"Pour marquer notre attachement à cette grande fête des travailleurs"
"L’Union régionale des syndicats de l’Ouest CGTR (URSO) s’associe totalement à l’appel unitaire et unanime de l’Intersyndicale (CFTC, CGTR, UIR-CFDT, UNSA, FSU, SAIPER, US-Solidaires, UNEF) pour faire du 1er mai 2006, une journée d’unité, de lutte, de victoire et d’espoir pour tous les travailleurs, les demandeurs d’emploi, les jeunes et les retraités de notre pays.
La lutte “du tous ensemble” contre le CPE et la politique antisociale du gouvernement de Villepin a payé. D’autres victoires sont possibles.
Dans le respect des orientations de la CGTR, L’URSO continuera à lutte :

- Pour l’augmentation du pouvoir d’achat,

- Contre le chômage et la précarité,

- La défense du Code du travail et des services publics,

- La mise en place des emplois durables et la reconduction du dispositif de congé de solidarité...
Pour marquer notre attachement à cette grande fête des travailleurs, l’URSO-CGTR appelle l’ensemble des salariés et la population en général à venir manifester massivement à Saint-Denis à 9h30 au Jardin de l’État."

o Le SYNDAPS

Pour le traditionnel défilé du 1er mai
"Le Syndicat du personnel des sociétés de prévention, de sécurité, de télésurveillance et de convoyage de fonds de La Réunion (SYNDAPS), appelle tous ses adhérents et sympathisants à venir nombreux au Jardin de l’État à partir de 9 heures, 9 heures 30 à Saint-Denis afin de participer au traditionnel défilé du 1er mai."

o CGTR Santé et de l’action sociale

Stop à la précarité !
"La Fédération CGTR Santé et de l’action sociale devant la privatisation du Service public et l’application de la T2A (Tarification à l’activité) imposées à nos hôpitaux publics et aux cliniques privées ne font qu’aggraver la précarité de l’emploi dans le secteur.

- Le harcèlement moral envers les délégués syndicaux persiste.

- Nous disons “stop” à ces agissements.
La Fédération CGTR Santé appelle tous ses délégués ainsi que ses adhérents et sympathisants et usagers à la manifestation du 1er mai 2006."


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