Lettre ouverte de l’intersyndicale de l’Éducation

Les syndicats invitent les parlementaires à une table ronde ’Urgence Éducation Réunion’

30 juin 2012

L’Intersyndicale de l’Éducation a souhaité sensibiliser les parlementaires à la situation très grave du service public d’Éducation dans notre pays. Pour cela, les syndicats CGTR Éduc’action, SAIPER PASS 974, CFTC Éducation, SUD Éducation, FO Enseignement, SGEN-CFDT, SNUIPP-FSU, SNE–FGAF ont décidé de publier dans la presse une lettre ouverte aux parlementaires de La Réunion. Dans cette communication, l’Intersyndicale appelle à la tenue d’une table ronde ’Urgence Éducation Réunion’ mercredi prochain au siège de la CGTR. Voici ce texte, avec des inter-titres de ’Témoignages’.

« Mesdames et messieurs les parlementaires,

Nous avons pris acte des engagements du président de la République de redonner toute sa place à l’éducation, si mise à mal ces dernières années et de faire de celle-ci une priorité importante du nouveau quinquennat

Le gouvernement avait indiqué que « les moyens annoncés par le Président de la République devront être intimement liés à une amélioration de la qualité de l’enseignement et prioritairement affectés là où les besoins sont les plus urgents et où la difficulté scolaire est la plus prégnante. » « Il faut penser en particulier aux collectivités d’outre-mer… En Outre-mer, des problématiques spécifiques qui méritent une attention particulière ».

15 postes, c’est insuffisant

Or, la première mesure d’urgence qui a été déclinée pour notre académie se limite à la restitution de 15 postes dans le seul premier degré, ce qui est très largement insuffisant et absolument pas à la hauteur des besoins des spécificités locales de notre système éducatif.

15 postes sur les 161 supprimés cette année, cela revient à organiser une rentrée 2012/2013 placée sous le signe de la poursuite de l’hémorragie des emplois puisque 146 postes seront au final supprimés (dans le primaire, le secondaire et la filière administrative...).

Au regard de l’état d’asphyxie dans lequel se trouve notre académie, nous étions en droit d’attendre un vrai bol d’oxygène, nous n’avons eu droit qu’à une bulle d’air.

L’intersyndicale de l’éducation constate et regrette que la situation particulière de la réunion n’ait pas été prise en compte.

Pourtant, ici plus qu’ailleurs, nos indicateurs sont au rouge :

Un Contexte social explosif

• Taux de chômage exorbitant : 30%, et plus de 55% chez les jeunes de 15 à 24 ans.
• Moins de la moitié de la population en âge de travailler occupe effectivement un emploi (taux d’emploi des 15-64 ans 43,%).
• Plus de 140.000 personnes perçoivent au moins un des minima sociaux, dont plus de 90.000 le RSA.
• Une précarisation de l’emploi inquiétante.
• Selon l’INSEE, un jeune réunionnais sur deux sort précocement du système scolaire sans aucun diplôme.
• Illettrisme dans notre académie : 28% des jeunes de dix-huit à vingt-cinq ans sont illettrés, alors que ce taux est de 9% dans l’hexagone, soit trois fois moins
• Quant aux résultats de l’évaluation des acquis des élèves de CM2, elle démontre une fois encore les difficultés particulières rencontrées par les élèves réunionnais : en français, 39% d’entre eux ont des acquis fragiles ou insuffisants, alors que ce taux est de 26% pour l’ensemble de la France ; en mathématiques, ce sont 48% des élèves qui présentent de sérieuses faiblesses, alors que le taux est de 30% pour l’ensemble national.

Ces quelques éléments dont la liste n’est pas exhaustive ont été ignorés, notre académie ayant été traitée dans une logique de droit commun.

Faites annuler 146 suppressions d’emploi

Ces résultats désastreux auraient dû appeler de la part du Gouvernement une action et un Traitement spécifiques.

Mesdames et messieurs les parlementaires de notre île, vous n’êtes pas sans ignorer que le sort de notre île est fortement tributaire du taux de qualification et du niveau d’éducation de sa jeunesse. Vous l’avez d’ailleurs souligné à maintes reprises « dépouiller son École, c’est hypothéquer son avenir ».

Aussi, nous vous demandons d’intervenir fortement afin de faire annuler les 146 suppressions d’emploi prévues pour la rentrée 2012-2013 pour notre académie.

L’intersyndicale de l’éducation vous propose un échange sur l’importante problématique du plan d’urgence pour La Réunion et vous convie en ce sens à participer à une table ronde “Urgence-Éducation” le mercredi 4 juillet 2012 à 14h au local de la CGTR à Saint-Denis.

Vous remerciant de l’intérêt porté à cette lettre ouverte, comptant sur votre présence, veuillez agréer, mesdames et messieurs les parlementaires, nos sincères salutations ».


À Saint-Denis, le mercredi 27 juin 2012

L’intersyndicale de l’Éducation

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