Extension de l’accord salarial COSPAR-MEDEF

Les syndicats prêts à riposter à la manœuvre du petit patronat

29 juillet 2009, par Edith Poulbassia

La contre-attaque des syndicats de salariés ne s’est pas fait attendre. Deux jours après la montée au créneau de 22 organisations patronales et de la CGPME (Confédération générale des petites et moyennes entreprises) contre l’extension de l’accord régional interprofessionnel sur les salaires, les syndicats annoncent qu’ils ne se laisseront pas faire. « Nous appelons déjà tous nos adhérents à se tenir prêts pour la riposte si nécessaire », insiste Ivan Hoarau, secrétaire général de la CGTR. Pour l’intersyndicale, le petit patronat prépare le terrain pour les prochaines élections de la Chambre de commerce et de l’industrie. Les salariés en font les frais.

Manifestation, actions au sein des entreprises, ou devant les sièges des organisations du petit patronat... L’intersyndicale CFDT, CFTC, CGTR, FSU, UNSA, US-SOLIDAIRES envisage toutes les pistes pour ne pas ruiner des mois de négociation et de mobilisation qui ont abouti, le 25 mai, à la signature de l’accord régional interprofessionnel avec le MEDEF (Mouvement des entreprises de France). Si cet accord salarial est étendu, 100.000 employés du privé pourraient bénéficier d’un bonus exceptionnel mensuel de 50 à 60 euros pendant 3 ans.

Hors de question pour les syndicats de reprendre à zéro les négociations, comme le réclame le petit patronat. Ou d’instaurer une discrimination entre salariés des grandes entreprises et des petites entreprises, en privant ces derniers du bonus exceptionnel. « L’annulation ou le refus de l’extension conduirait à aggraver la situation sociale », affirme Ivan Hoarau, rappelant au passage que l’extension de l’accord Bino aux Antilles s’est faîte en à peine un mois. Pourquoi en serait-il autrement à La Réunion ?

Jeudi dernier, la sous-commission nationale a donné un avis favorable à l’extension de l’accord signé entre les syndicats et le Medef. L’extension de l’accord par décret ne devrait donc pas tarder, à moins que l’État ne cède à la pression du petit patronat.

Le petit patronat veut tout sans rien donner

Mais quel petit patronat ? Les 22 organisations et la CGPME représentent-elles vraiment 97% des petites entreprises ? Les syndicats en demandent la preuve. « Certaines organisations n’existent que depuis très peu de temps, certaines ne vivront que l’instant du moment, et ce sont celles-là qui veulent peser le plus », souligne Ivan Hoarau.

Pour les syndicats, le petit patronat est de mauvaise foi. Il demande à l’État l’apurement des dettes et bénéficie déjà des exonérations de charges pour les salaires inférieurs ou égaux à 1,4 SMIC, mais ne veut rien donner aux salariés en situation d’urgence sociale. « Ces responsables veulent gagner sur tous les tableaux. Donner 1,66 euro par jour et par salarié va-t-il faire couler une entreprise ? Le problème est ailleurs ».

Le petit patronat a même refusé la modulation

Aucune des 23 organisations patronales n’a exprimé la volonté de sortir de la crise par le haut en répondant à l’urgence sociale.
La CGPME a « fait semblant » de participer aux négociations de l’accord régional interprofessionnel en proposant la mise en place de contrats d’intéressement. « Une aberration », pour Jean-Pierre Rivière de la CFDT.

Bien avant l’accord régional interprofessionnel, le COSPAR avait proposé une modulation du bonus de 50 euros, en fonction de la taille des entreprises. La modulation se basait sur la solidarité entre les grandes et les petites entreprises. Celles-ci auraient pu verser à leurs salariés entre 20 et 30 euros, et l’État aurait compensé le manque. Aucune des organisations, que ce soit la CGPME, l’UTI, l’UNOSTRA ou encore la FNTR, n’a voulu de cette proposition.

Les élections de la CCIR en ligne de mire

Ivan Hoarau rappelle que l’État n’a pas non plus accepté le principe de modulation. Mais dans le cas contraire, la position du petit patronat aurait été la même : il ne veut pas mettre la main à la poche.
L’intersyndicale va plus loin. Elle affirme que la montée au créneau du petit patronat et l’union des organisations relève d’une « démarche électoraliste ». Les salariés seraient ainsi les otages des prochaines élections à la Chambre de commerce et de l’industrie.

Enfin, la présence de Patrick Savatier (de l’association Momon Papa lé la) au rassemblement du petit patronat a quelque peu irrité l’intersyndicale. « Il se mêle de choses qui ne le regardent pas, a déclaré Ivan Hoarau. Il se dévoile comme un adversaire des salariés réunionnais. Il n’a aucune compétence pour intervenir sur l’accord régional interprofessionnel ».

Édith Poulbassia

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