Manifestation à Saint-Denis

Les syndicats saluent une mobilisation réussie

8 septembre 2010, par Edith Poulbassia

Quelques réactions d’organisations syndicales au coeur de la manif à Saint-Denis.

L’UNEF est décidé à montrer au gouvernement que « c’est bien la rue qui gouverne ».
Jean-Pierre Rivière, de la CFDT, pense que « la lutte collective peut encore changer les choses ».
Pour Éric Marguerite, de FO, la grande mobilisation « montre une prise de conscience générale de l’importance de ce projet de réforme ».
Selon Marie-Hélène Dor, de la FSU, il faut envisager des suites, faire d’autres manifestations, car « sans pression supérieure, cette mobilisation ne suffira pas à faire reculer le gouvernement ».
(photos MM)

Réactions

• Jean-Pierre Rivière, CFDT

Les parlementaires réfléchiront à deux fois

« Je suis très satisfait d’autant plus qu’il s’agit d’une très grosse manifestation. Cela montre que le travail entrepris par l’intersyndicale porte ses fruits. La réforme des retraites est un problème à long terme et il nous a fallu du temps pour sensibiliser, c’est le côté pervers de cette mauvaise réforme.
Il nous faudra maintenant attendre au niveau national. S’il y a aussi de très grosses manifestations, les parlementaires réfléchiront à deux fois avant d’aller contre l’ensemble des Français. La lutte collective peut encore changer les choses, le Président peut revoir son jugement. Si demain il faut encore manifester ou mener une autre action, nous sommes prêts ».

• Marie-Hélène Dor, FSU

Ce n’est qu’un début

« La manifestation est réussie. Pour moi, ce n’est qu’un début, il faut envisager des suites, être réactif très vite et peut-être faire d’autres manifestations. Les militants en décideront, mais nous avons matière à peser sur le projet. Sans pression supérieure, cette mobilisation ne suffira pas à faire reculer le gouvernement ».

• Erick Chavriacouty, UNSA

Nous avons réussi à rassembler

« Démonstration est faite que notre mobilisation est déterminée et suivie. En faisant le pari de manifester, nous avons réussi à rassembler. Près de 5.000 personnes à Saint-Pierre, c’est mieux que la dernière manifestation. Étant donné l’enjeu de cette réforme, nous n’avons pas d’autre alternative que la rue. Nous allons continuer à mobiliser pour que les représentants politiques entendent la population ».

• Éric Marguerite, FO

FO veut le retrait du projet

« C’est une belle manifestation qui va renforcer le mouvement dans les semaines à venir. Elle montre une prise de conscience générale de l’importance de ce projet de réforme. FO souhaite le retrait du projet, car il ne règle pas le problème du financement. Nous demandons une discussion sur un nouveau projet, et nous sommes d’accord avec le Président le projet proposé à l’Assemblée n’est ni négociable, ni amendable, il faut le retirer. Le gouvernement doit ouvrir les yeux, la procédure d’urgence n’est pas convenable ; il doit être en phase avec la population. Après les retraites, le gouvernement va s’attaquer à l’assurance maladie, dossier prioritaire du Président. Là encore nous ne sommes pas contre une réforme, mais nous voulons une concertation. S’il y a autant de gens aujourd’hui (NDLR : hier), cela montre qu’il est possible d’amplifier le mouvement ».

• Paul Junot, CFTC

Les parlementaires doivent se faire les relais de la population

« Cette manifestation marque une plus forte prise de conscience. Nous attendons des parlementaires qu’ils se fassent les relais de cette population, qu’ils fassent la démonstration que la réforme ne permettra pas l’équilibre des retraites et qu’elle génèrera d’autres problèmes. Les jeunes devront attendre plus longtemps au chômage ou au RMI pour entrer sur le marché du travail. Aujou’d’hui, seulement 37% des seniors sont en activité, ce qui signifie que 63% de séniors ne cotisent déjà plus. La réforme doit prendre en compte les 15 à 20 millions d’euros qui partent chaque année dans les paradis fiscaux et qui financent le système politique. Les élus doivent comprendre que ceux qui donnent le pouvoir peuvent aussi le retirer. Cette manifestation est une bataille dans la guerre, cela va se jouer surtout au niveau national. Mais nous ne sommes pas fatalistes, il s’agit d’une étape parmi d’autres ».

• Camille Maillot, UNEF

C’est bien la rue qui gouverne

« Aujourd’hui, les jeunes doivent être informés, car ils sont les premiers concernés par cette réforme. Nous sommes la première génération à vivre moins bien que nos parents. Nous avons travaillé à cette mobilisation et nous sommes décidés à montrer que c’est bien la rue qui gouverne. Nous sommes allés chercher les jeunes dans les lycées, sur les campus et montreront que nous sommes responsables ».

• Ivan Hoareau, CGTR

Il faut continuer à se battre

« Cette manifestation est largement mieux que celle du 24 juin. Le pari est réussi en terme de mobilisation. En fonction de cette mobilisation et d’autres critères, on attend que le gouvernement revienne sur ce projet injuste socialement. Il y a un avant et un après 7 septembre. Se pose maintenant la question de l’impact sur le débat parlementaire. Les plans d’austérité sont partout en Europe, il faut continuer à se battre. On est face à une aggravation des inégalités, les jeunes, les retraités... il n’y a plus de projet de société. Le 29 septembre, plus de 100.000 personnes sont attendues pour la manifestation européenne ».

Propos recueillis par Edith Poulbassia

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