Di sak na pou di

Lettre ouverte d’un gilet jaune réunionnais à Madame Annick Girardin, ministre des Outre-mer

26 novembre 2018

(Les Gilets Jaunes réclament un plan de sauvetage de l’équilibre socio-économique du territoire)

Madame la Ministre,

Par ignorance ou par stratégie, le pouvoir central autorise ou pire, organise la misère des Réunionnais. Accepter qu’un territoire stratégique comme l’ile de La Réunion, la Martinique, la Guadeloupe ou la Guyane soit maintenu dans une dépendance et une misère économique depuis si longtemps relève, à minima d’une négligence coupable mais plus probablement d’une stratégie parfaitement assumée. La raison en est fort simple. Quel meilleur moyen de dominer et contrôler sans frais un territoire éloigné en soudoyant quelques personnalités locales comme cela a toujours été fait du temps de la colonisation ? Comment expliquer autrement les privilèges phénoménaux accordés à une minorité locale de ces départements ? Comment expliquer les difficultés rencontrées pour développer l’activité endogène ?

Accepter depuis si longtemps un afflux aussi massif d’importation, est l’explication directe d’une grande partie du déséquilibre économique et donc du maintien d’une grande partie de l’ile dans la misère. Il faut savoir que La Réunion importe dix fois plus que ce qu’elle exporte, que chaque produit importé qui pourrait être produit localement (ou remplacé par un produit local de substitution) représente un ou plusieurs emplois perdu pour La Réunion et offert par la pauvre Réunion au pays exportateur. Cela est injuste, immoral et même scandaleux. À qui profite cette politique de comptoir ? À l’économie métropolitaine, bien entendu, mais également à la minorité locale qui profite de cette manne commerciale au détriment de l’emploi réunionnais. Autre scandale : Les ventes de produits métropolitains à La Réunion sont considérées par le pouvoir central comme des exportations françaises, au bénéfice de l’économie métropolitaine et au détriment de l’économie réunionnaise.

Encore plus scandaleuses sont les taxes supplémentaires (octroi de mer) payées par les consommateurs réunionnais et qui viennent s’ajouter au coût du transport de ces produits importés. Le pouvoir central a ainsi trouvé le moyen (sans frais) de palier à la pauvreté des communes, incapables de demander à ses habitants, sinistrés économiquement, de payer des impôts locaux suffisants. Qu’est devenue cette priorité essentielle de développer la production et l’activité locale ? Qu’est-ce que la politique locale sinon accepter depuis plus de 40 ans, cette stratégie antisociale ? Voilà l’un des scandales à l’origine de la misère de plus de 50 % des Réunionnais, que dénoncent les Gilets Jaunes et qui est en grande partie à l’origine du mouvement. Il est donc parfaitement légitime que le mouvement des Gilets Jaunes exige aujourd’hui du pouvoir central une modification de cette politique et une planification des actions permettant de rétablir justice et équilibre économique et social du territoire. En mon nom personnel mais également au nom d’une très grande majorité de Réunionnais qui approuvent notre action, j’exige que le Gouvernement Français propose rapidement au mouvement des Gilets Jaunes une révision de sa politique concernant les départements d’Outre-Mer et un plan global, cohérent et équitable de sauvetage de l’équilibre socio-économique de ces territoires. Une attention toute particulière sera portée sur les mesures drastiques urgentes et indispensables de réduction des inégalités économiques et sociales.

Un gilet jaune de La Réunion

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