61 salariés de la SANE vont perdre leur emploi

Licenciements économiques ? Le prétexte est honteux

24 mars 2005

Les menaces de licenciements au sein de la SANE (Société Agricole Nord-Est) se sont confirmées. Lundi, la direction a fait connaître la liste des soixante et une personnes dont elle va se séparer pour motif économique, en prévention de la réforme du protocole sucrier. Pour la CGTR Est, qui dénonce un acte de délinquance patronale, ’la direction persiste et signe.’

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Les licenciements ne sont pas prononcés, mais clairement annoncés, chauffeurs, mais aussi ouvriers, soudeurs, mécaniciens, électriciens se voient montrer la porte de sortie. Leur porte-parole, Jean-Yves Payet, ne décolère pas : "prétexter le licenciement économique, pour une entreprise qui compte plus de 4 millions de bénéfices après impôts et presque 6 millions de capacité d’investissement, c’est honteux." La filière agricole du groupe Quartier Français fera avec ces licenciements préventifs, une économie de 900.000 euros par an. Somme que les salariés demandent de redistribuer ou de maintenir pour sauvegarder leur poste. C’est pourquoi la CGTR Est demande à la présidence des deux collectivités de ne plus soutenir aucun projet Quartier Français tant que "cet affront au travailleur et au respect du droit" se poursuivra. Elle demande aussi des comptes sur les garanties de compensation qui se chiffrent en millions.

Aucun effort de reclassement

Au-delà du combat syndical, l’organisation se lance aussi dans la bataille juridique, au conseil des prud’hommes pour faire reconnaître que les conducteurs saisonniers sont de fait en Contrat à Durée Indéterminée puisqu’il est automatiquement renouvelé au bout de la troisième fois. Ainsi c’est bien plus qu’une dizaine de postes permanents qui sont supprimés, ce sont 61 postes. Seul maigre retour de l’entreprise : une enveloppe de 15.000 euros pour la formation des salariés et leur reclassement, soit 245 euros par personne... L’organisation syndicale a alerté l’inspection du travail sur le non-respect de la réglementation du dispositif Congé solidarité, qui implique que le nombre d’effectif de l’entreprise reste stable durant deux ans après les départs en retraite.

Licenciement discriminatoire

Un d’entre eux, 52 ans, cotise depuis 33 ans pour une retraite qu’il était sur le point d’atteindre. Après 15 ans de travail en France, il est au service de son entreprise depuis quatorze ans. Aujourd’hui il est mis à la porte sans ménagement, peut-être parce qu’il est délégué du personnel, parce qu’il a demandé l’aide d’un syndicat. Tous les délégués CGTR sont virés. Cet homme nous confiait : "Je perds mon emploi. Si l’Europe donne de l’argent ici qui ne va que dans la poche des patrons, je ne vois pas pourquoi je voterais “oui” au référendum. Moi je veux travailler". L’organisation syndicale envoie aussi un courrier à la commission européenne pour signaler que par ces licenciements, le groupe ne respecte pas son engagement de ne pas se restructurer.
En réalité, depuis un mois, deux équipes sont déjà constituées, celle qui continuera à travailler et celle à qui on ne donne plus de travail et qui ne veut pas attendre sans rien faire son licenciement sous 15 jours, sans aucun regard à l’ancienneté, ni à la qualité professionnelle, malgré 30 ans de service. Le transport que la majorité d’entre eux assurait sera sous-traité et la CGTR Est rappelle les conditions de travail déjà dénoncées dans ce secteur avec des cachalots surchargés, des journées de douze ou quatorze heures de travail. Pour Jean-Yves Payet : "c’est criminel, que va-t-on faire ?"

Eiffel


Réorganisation de la fonction Transport de cannes

La SANE annonce des mesures d’accompagnement

La SANE et Sucrière de la Réunion rappellent qu’elles ont engagé la réorganisation de la fonction transport de cannes. Cette nouvelle organisation entraînera la suppression de neuf postes de salariés et le non-renouvellement de dix-neuf contrats saisonniers à la SANE. Cette orientation n’engendre pas de suppression d’emplois chez Sucrière de La Réunion, mais vingt-huit contrats saisonniers ne seront pas renouvelés en 2005.
Les organisations syndicales représentatives des deux entreprises et la Direction se sont réunies à plusieurs reprises pour définir les mesures d’accompagnement à mettre en œuvre pour aider les salariés dont le poste est supprimé à trouver des solutions individualisées et personnalisées. La situation des salariés permanents ainsi que celle des salariés saisonniers ont été examinées. Le 15 mars, l’ensemble des représentants du personnel des deux entreprises réunis en assemblée plénière et la Direction ont validé les mesures d’accompagnement, telles que la mise en place d’une cellule d’accompagnement, d’un plan de formation, d’un comité de suivi et les montants des indemnités.


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