Saint-Denis : succès du Forum de l’insertion et de l’emploi organisé par des travailleurs licenciés deux jours plus tôt

Liquidation de CESAM : 45 travailleurs au chômage du jour au lendemain

11 juillet 2019, par Manuel Marchal

Hier se tenait au gymnase de Bellepierre à Saint-Denis le 2e Forum de l’insertion et de l’emploi. Cette importante manifestation avait pour particularité d’être organisée par des personnes mises au chômage deux jours plus tôt en raison de la liquidation de leur structure, l’association CESAM. Les victimes accusent la Mairie de Saint-Denis d’être responsable de cette catastrophe sociale et se demandent si cette situation n’est pas la conséquence de la volonté de faire place nette pour une SPL pas encore opérationnelle, dirigée par une ex-candidate PS aux sénatoriales censée remplacer Michel Dennemont à mi-mandat au Sénat l’année prochaine.

Ce forum de l’emploi a été organisé par des travailleurs mis au chômage deux jours plus tôt.

Plusieurs centaines de jeunes se sont rendus hier tout au long de la journée au gymnase de Bellepierre à Saint-Denis, lieu du 2e Forum de l’insertion de l’emploi organisé par deux associations œuvrant dans ce domaine ainsi que dans le périscolaire : CESAM (Centre d’étude scolaire et d’activité et de manifestation diverses) et ACCASE (Association centre culturel d’action socio-éducative). Si la seconde n’est composée que de bénévoles, la première employait 45 personnes. Employait car elle a été liquidée deux jours auparavant par décision de justice. Cette fermeture imposée se fonde sur un déficit de 400.000 euros. Aux accusations de mauvaise gestion, la direction de CESAM répond par une toute autre version.

Asphyxie financière organisée ?

CESAM explique que cette dette cumulée correspond à un décalage sur 4 ans entre la subvention annuelle prévue, 200.000 euros, et celle effectivement versée par la Mairie, 100.000 euros. À cela s’ajoute le coup porté par la drastique diminution en 2016 des emplois aidés pour La Réunion, qui a eu un important impact dans l’association. Une réorganisation du temps de travail avait alors permis d’éviter la casse. Mais l’asphyxie financière a conduit à l’inéluctable : lundi, 45 personnes ont été brutalement mises au chômage.
En conséquence, le 2e Forum de l’insertion et de l’emploi a été organisé par des travailleurs licenciés deux jours avant. Et il s’est tenu malgré le blocage « pour des raisons techniques » du versement de la subvention à CESAM.

Faire le champ libre à une SPL

Cette liquidation intervient dans un contexte particulier. La Mairie de Saint-Denis veut en effet contrôler par l’intermédiaire d’une SPL toute l’activité périscolaire assurée jusqu’à présent par des associations apolitiques. Le statut de cette société permet de rémunérer gracieusement l’élu qui la dirige, et oblige donc à recruter un directeur délégué pour assurer le travail. « L’heureux élu » n’est autre qu’une ancienne candidate aux sénatoriales, censée remplacer Michel Dennemont à mi-mandat au Sénat à compter de l’année prochaine. Pour les victimes, il est clair que la volonté de mettre en place cette SPL « coûte que coûte » n’est pas étrangère à la liquidation de CESAM, dont le but est d’œuvrer dans le périscolaire, l’accompagnement à la parentalité et l’insertion.
Ceci amène le commentaire suivant : il faut faire place nette à la SPL de la Mairie. La catastrophe sociale aurait pu être évitée si une période de transition avait été mise en place pour embaucher tous les travailleurs dans la SPL. Mais ce n’est pas le cas. Nul doute qu’à l’approche des municipales, la SPL se mettra à recruter dans les quartiers !

Pied à l’étrier pour 90 % de jeunes au chômage

Mais en attendant, ce sont toutes les familles qui bénéficiaient des services de CESAM qui sont elles aussi abandonnées. Pour 12 euros par mois, elles pouvaient bénéficier d’un accompagnement qui se révèle indispensable.
De plus, le succès de cette 2e édition du Forum de l’insertion et de l’emploi souligne que ce genre de manifestation répond à une importante demande. Il fait suite à un précédent événement de même type organisé en octobre dernier. Ce jour-là, 500 fiches de suivi ont été remises aux jeunes qui étaient venus. En février, un recensement a permis de dénombrer les jeunes qui n’avaient pas encore pu bénéficier d’une solution d’insertion ou de formation. Grâce à un partenariat avec Shock Interim, le bilan final du précédent forum est le suivant : 90 % des jeunes ayant rempli une fiche de suivi ont eu un pied à l’étrier.
Hier à Bellepierre, grâce à une importante campagne de communication, un public encore plus nombreux était présent, certains venant même de Sainte-Marie. De nouveaux partenaires avaient fait le déplacement, comme l’armée.
CESAM déplore un manque de reconnaissance vis-à-vis des actions menées par l’association, mais les victimes de la liquidation ne comptent pas baisser les bras.

M.M.

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