Illustration de la casse sociale

Livret A : de nouvelles économies sur le dos des plus modestes

19 janvier 2008, par Manuel Marchal

Selon le mode de calcul en vigueur, le taux du Livret A aurait dû atteindre 4%. Le gouvernement en a décidé autrement. Il a fixé ce taux à 3,5%. Ce demi-point signifie une nouvelle économie sur le dos des plus pauvres, tandis que les plus haut revenus bénéficient d’une ristourne fiscale de 15 milliards d’euros.

Pour 360.000 Réunionnais, c’est le livret A qui est le moyen utilisé pour épargner. C’est donc un produit d’épargne populaire, accessibles pour les plus pauvres. Au total, près de 520 millions d’euros d’épargne réunionnaise y sont placées.
Dans ce contexte, la mise à jour annuelle du taux d’intérêt du livret A est donc suivie avec attention. Actuellement à 3%, ce taux est révisé selon un mécanisme mis en œuvre depuis 2003. D’après cette méthode, le taux doit donc être fixé à 4%. Mais le gouvernement n’a pas appliqué cette décision. Il a préféré limiter la hausse à 3,5%.
Dans les motifs invoqués, il s’agit de « préserver les conditions de financement du logement social ». En clair, ce sont les épargnants les plus modestes qui sont amenés à faire des sacrifices pour soutenir les investissements publics.
Pourtant, force est de constater que le nombre de constructions de logements sociaux à La Réunion est bien loin de répondre à la demande. Chaque année, il apparaît clairement que l’Etat ne tient pas ses engagements dans ce domaine. Ce n’est sans doute pas un demi-point de taux d’intérêt en moins qui va changer la situation. Pour faire face à la crise, seules des mesures exceptionnelles peuvent permettre de rattraper le retard accumulé depuis de nombreuses années. Seul cet effort pourra garantir à La Réunion l’application du droit au logement.
L’autre aspect de cette décision concerne justement cet effort demandé aux classes les plus modestes.
Lors de son installation, le gouvernement a fait rapidement voté une loi connue sous le nom de "paquet fiscal". À travers une série de mesures, il a permis aux plus haut revenus d’économiser 15 milliards d’euros. Ce sont donc 15 milliards d’euros en moins dans les caisses. C’est autant de recettes perdues qui auraient pu être investies, notamment dans la construction de logements.
Pour cette raison, le refus du gouvernement d’augmenter le taux du livret A à sa juste valeur correspond à une logique : d’un côté, culpabiliser les plus pauvres, et de l’autre exonérer les plus riches des efforts qu’ils doivent faire.
Le paquet fiscal a en effet pour résultat d’alléger les efforts des plus riches dans leur contribution à la solidarité nationale. Et il a été voté comme un seul homme par la majorité, dont trois candidats aux Municipales : Didier Robert, René-Paul Victoria et Jean-Paul Virapoullé.
Cette différence de traitement entre riches et pauvres au détriment de ces derniers est une constante du gouvernement. Et cette politique de casse sociale, destructrice à La Réunion, est soutenue depuis le début par ces trois parlementaires, qui briguent en mars prochain un nouveau mandat.

M. M.


Vie chère et taux d’intérêt du Livret A

Les Réunionnais toujours perdants

Le mode de calcul du taux de livret A fait intervenir divers paramètres dont le taux d’inflation en France. Or, si à La Réunion les prix sont plus élevés qu’en France, ils augmentent également plus vite.
Le dernier indice mensuel des prix à la consommation publié par l’INSEE est là pour le rappeler.
Entre 1998 et novembre 2007, les prix ont augmenté en moyenne de 17,3% en France, et de 18,8% à La Réunion.
Ce qui veut dire qu’au final, l’inflation plus forte à La Réunion absorbe une partie des gains escomptés pour l’épargnant.


Un contexte mondial

Parmi d’autres explications qui peuvent être avancées pour la hausse limitée du taux du Livret A, celle de l’influence de la crise immobilière aux Etats-Unis.
Pour faire face à cette situation, les Etats-Unis cherchent à baisser les taux d’intérêts afin de miser sur la consommation pour relancer leur économie sous peine de récession.
Pour sa part, l’Union européenne est obligée de tenter de s’aligner sur cette position si elle veut garder ses capacités d’exportation. Car si son épargne est trop attractive, alors l’appréciation de l’euro par rapport au dollar peut se renforcer, ce qui contribuera à déséquilibrer la balance commerciale européenne en faveur des importations, mais au détriment de l’emploi.
D’où la volonté de limiter la hausse des taux d’intérêts.
Mais cela ne dédouane pas le gouvernement et ses soutiens locaux de leurs responsabilités, car le Livret A est une goutte d’eau dans la finance mondiale.


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