Étude de l’INSEE sur la charge logement des familles en France

Logement : inflation supérieure à la hausse du SMIC

22 septembre 2006

Lundi dernier, Jean-Louis Borloo, Ministre de la Cohésion sociale, affirmait que la ’machine est relancée’ avec l’annonce du financement de 95.000 logements sociaux et l’autorisation de 555.700 permis de construire. Derrière ces effets d’annonce, une autre réalité et une crise loin d’être réglée.

Pour Jean-Louis Borloo, l’optimisme est de rigueur sur la question du logement. Et d’annoncer le financement pour cette année de 95.000 logements sociaux. Quant au nombre de permis de construire délivrés, c’est selon lui le meilleur chiffre "depuis 27 ans".
Mais pour les locataires et les accédants à la propriété, la réalité est loin de correspondre à cet optimisme.

Dans son édition d’hier, “L’Humanité” cite une étude récente de l’INSEE sur la part du logement dans le budget des familles en France. Selon l’INSEE, la charge logement est le poste de dépense le plus important, avec 21,3% du budget, soit le plus haut niveau jamais atteint ces 20 dernières années. En France, "se loger, révèle l’étude, revient ainsi deux fois plus cher que se nourrir ou se déplacer", écrit “L’Humanité”. Notre confrère précise que, selon l’INSEE, "les dépenses courantes pour le logement ont cru en 2005 de 6,6% par rapport à 2004". Les revalorisations annuelles du SMIC, des revenus minimums et des prestations sociales sont loin de suivre une telle inflation.

Des dépenses incompressibles

Parallèlement, le pouvoir d’achat des aides personnelles a été amputé en 3 ans (de 2001 à 2004) de près de 8%, rappelle Michel Mouillart, Professeur d’économie à Paris X, spécialiste du logement. Autant dire que l’effet conjugué de la hausse des dépenses et de la baisse du pouvoir solvabilisateur des aides au logement n’a pu qu’aggraver la situation financière de nombreuses familles. Car, comme le remarque Jean-Pierre Giacomo, Président de la Confédération nationale du logement, "les dépenses logement sont incompressibles" à la différence d’autres plus accessoires comme les loisirs ou l’habillement.

Si l’on s’intéresse maintenant à l’action de la majorité actuelle depuis 2002, force est de constater qu’elle échoue à répondre aux besoins et contribue même, sur certains marchés locaux, à tirer les prix à la hausse, en particulier avec la défiscalisation. Pourtant, jamais la construction de logement n’aura été aussi dynamique en France ces 25 dernières années : 410.000 logements ont été mis en chantier en 2005, les prévisions pour 2006 tablant sur 430.000. Tout le problème étant de savoir pour qui on construit.

Construire pour qui ?

De 1994 à 2000, près de 70% des constructions concernaient des produits sous plafonds de ressources ou bénéficiant de loyers hors marché, c’est-à-dire des logements destinés aux familles à revenus faibles ou moyens. Durant cette période, l’accession dédiée aux ménages à revenus modestes totalisait 65% des ventes de logements. Or, "depuis bientôt trois ans, cet équilibre est rompu. Jamais si peu de produits nouveaux destinés aux ménages à revenus modestes n’auront été présentés sur le marché !", déplore Michel Mouillart.

Parallèlement, poursuit l’économiste, le nombre de logements commencés destinés à des ménages qui peuvent se loger sans aide a plus que doublé entre 2000 et 2005, passant de 100.000 à 240.000 unités.
"Le bilan de cette majorité est donc simple", écrit “L’Humanité” : une production de logements qui ne vise pas les besoins des plus modestes et qui de toute façon reste très en deçà des besoins. Rappelons que sur les 1,3 million de demandeurs de logements sociaux, les deux tiers ont des ressources inférieures à 60% des plafonds PLUS.

(Source “L’Humanité”)


Un accès plus difficile à la propriété

Autre source d’inquiétude : la réduction de la capacité d’achat des ménages. Les familles ayant fait le choix de l’accession voient depuis plusieurs années la taille de leur logement futur se réduire. En 5 ans, leur capacité d’achat exprimée en m2 a fondu de près de 20%. Alors qu’ils pouvaient acheter en moyenne 59 m2 en 2000, ce chiffre est tombé à 48,5 m2 en 2005, note le livre blanc de l’Union nationale de la propriété immobilière (UNPI) publié la semaine dernière. "De surcroît et corrélativement, le taux d’effort des ménages est de plus en plus important compte tenu de l’augmentation du prix de l’immobilier", avertit même l’UMP dans le dossier réalisé pour sa Convention logement, jeudi dernier.

(Source “L’Humanité”)


Logements de moins en moins sociaux

Une étude de la Fondation Abbé Pierre (FAP) parue à l’occasion du Congrès HLM précise que sur les 410.000 logements nouveaux de 2005, "la production de logements à caractère social reste réduite". Ainsi, les logements sous plafonds de ressources PLUS, qui concernent les deux tiers des Français, "ne constituent que 24% de l’offre nouvelle", soit 98.400 logements. "Plus inquiétant, précise la FAP, la part des logements locatifs sociaux se limite quant à elle à 9,7% des 410.000 logements", soit 39.600 unités, la FAP se refusant à comptabiliser les logements PLS, correspondant à des loyers intermédiaires, comme des logements vraiment sociaux.

(Source “L’Humanité”)


Des marges de manœuvres existent

Michel Mouillart, Professeur à Paris X et spécialiste du logement, relève que, loin de s’appauvrir, l’État s’enrichit avec le logement.

"Depuis de nombreuses années déjà, l’effort que l’État consacre au logement se réduit.
Depuis la fin des années 90, l’ensemble des aides que l’État accorde au logement reste stable en euros courants, ce qui a pour conséquence de diminuer la part qu’il y consacre par rapport à la richesse nationale. L’effort de l’État est ainsi passé de 1,32 en 2001 à 1,11 en 2006 alors que, dans le même temps, et personne ne le conteste, les prélèvements de l’État sur le secteur du logement ont particulièrement progressé.
Et cette progression est rapide car la conjoncture du secteur est très bonne. Ainsi, les prélèvements directs ou indirects sont passés de 20 milliards en 2001 à près de 26 milliards en 2006.
On voit donc clairement apparaître une marge de manœuvre.
Une autre marge existe dans les excédents sur la section des fonds d’épargne (Livret A) que la Caisse des dépôts reverse chaque année au budget, c’est-à-dire autour de 1 à 2 milliards d’euros. C’est-à-dire beaucoup plus qu’il ne faudrait pour pouvoir équilibrer les opérations de construction de logements sociaux et engager des actions ambitieuses dans le domaine du logement. On ne peut pas continuer à réfléchir comme si, finalement, toutes les interventions en faveur du logement n’étaient qu’un énorme sacrifice budgétaire insupportable pour la nation.


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