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par le Dr Raymond Vergès

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Lutte contre la pauvreté : préconisations du CESER

Plus de 40 % des Réunionnais concernés

samedi 2 décembre 2017


Lors de la séance plénière d’hier, le Conseil économique social et environnemental régional a adopté un rapport de sa Commission Affaires sociales, culturelles, sportives, Solidarité et Égalité des chances. Ce rapport, présenté par Georges-Marie Lépinay, comporte des préconisations synthétisées ci-après. Elles constituent une contribution à la lutte à mener dans ce domaine qui concerne directement les 40 % de Réunionnais vivant sous le seuil de pauvreté.


C’était hier la dernière séance plénière de cette mandature du CESER.

Les préconisations sont organisées en trois parties :

I/ D’abord,c’est la perception du problème qui doit changer pour pouvoir faire évoluer les politiques publiques qui le résoudront. Il faut faire de la lutte contre la pauvreté une priorité territoriale.Cela conduit à 6 préconisations :

n°1 – Reconnaître la pauvreté à la Réunion et ses conséquences sur le développement du territoire.

La lutte contre la pauvreté doit être une grande cause de notre territoire ; elle nécessite la mobilisation de tous et convergence de tous les acteurs, publics et privés.

n°2 – Définir avec l’ensemble des acteurs un projet de société pour la Réunion, condition sine qua non à toute réduction durable de la pauvreté.

Seul un projet global et territorial ayant reçu l’adhésion de la majorité des partenaires peut aboutir à une véritable contractualisation avec l’État, préalable nécessaire pour garantir la visibilité pluriannuelle et la continuité des moyens.

n°3 – Décloisonner et ancrer les politiques publiques et essaimer les bonnes pratiques.

En effet, la convergence de l’action des différentes parties prenantes vers un objectif partagé de développement de la Réunion permettant de combattre la pauvreté, dans le cadre du projet de société pour la Réunion demande d’apporter davantage de cohérence à l’action publique.

n°4 – Penser les politiques de l’activité, de l’emploi, de la formation et de la qualification comme une seule politique transversale.

La réalisation du projet de société à même de réduire la pauvreté passe par la conduite d’une politique concertée de développement de l’activité, de l’emploi et de la formation, la valorisation du travail légal, l’utilisation pertinente et cohérente des fonds publics pour répondre aux besoins établis en matière d’emplois aidés et une meilleure prise en considération du secteur de l’Insertion par l’Activité Économique dans les relations entre les collectivités et les acteurs économiques.

n°5 – Miser sur le développement de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS),

qui constitue une orientation à conforter dans le projet de société réunionnais et dans les politiques de lutte contre la pauvreté.

n°6 – Renforcer l’accompagnement du monde associatif,

car les associations sont des acteurs essentiels de la lutte contre la pauvreté.

II/ Ensuite, la Commission a estimé qu’il convient d’agir simultanément sur toute la chaîne de développement sociétal pour lutter durablement contre la pauvreté. Elle a identifié plusieurs points clés incontournables pour asseoir le projet de développement de la Réunion : il s‘agit d’enjeux imbriqués les uns par rapport aux autres qui « déterminent » l’avenir des Réunionnais. Cela conduit à 4 préconisations :

n°7 – Améliorer la politique d’éducation de l’enfant dès la petite enfance, pour rompre le premier maillon de la chaîne de la pauvreté.

Il s’agit d’accompagner les parents et les futurs parents, de prioriser l’accompagnement de la petite enfance, de prévenir les grossesses précoces, de développer les activités périscolaires et extrascolaires de qualité, de soutenir la création de liens intergénérationnels, de renforcer les moyens de l’Éducation nationale et de renforcer la lutte contre le décrochage scolaire.

n°8 – Sécuriser et renforcer les politiques de l’habitat et du logement pour offrir des conditions de logement décentes à tous les Réunionnais.

Il s’agit de disposer de véritables observatoires pour suivre l’évolution des besoins d’habitat, d’assurer de la visibilité pour tous les acteurs (publics ou privés) sur les politiques mises en œuvre, de rendre disponible une boîte à outils complète concernant tous les volets du financement de l’habitat, d’instaurer une véritable gouvernance de l’aménagement à la Réunion, de favoriser les parcours résidentiels dans le parc social, de renforcer ou réinvestir la politique d’accompagnement social vis-à-vis des familles et de donner au Plan Départemental d’Actions pour le Logement et l’Habitat des Personnes Défavorisées les moyens suffisants à sa mise en œuvre effective.

n°9 – Renforcer la prévention dans la politique de santé pour rompre les cercles vicieux.

Il s’agit d’apporter de la cohérence dans les actions de prévention en matière de santé, de développer une culture de la prévention et de responsabiliser toute la chaîne d’action, du citoyen aux élus, en passant par les professionnels de santé et les associations.

n°10 – Anticiper sur les conséquences du vieillissement de la population réunionnaise pour améliorer les conditions de vie des personnes âgées.

Il s’agit d’anticiper sur les risques et les besoins des Réunionnais en termes de dépendance, sur les besoins en matière d’infrastructures de logement et d’accueil et sur les risques en matière de niveau de vie des personnes âgées.

III/ Enfin, la Commission a souhaité insister sur la nécessité d’assurer la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des politiques publiques qui concourent à la lutte contre la pauvreté. Cela conduit à 2 préconisations :

n°11 – Doter les politiques publiques obligatoires ou volontaristes des moyens nécessaires à leur mise en œuvre.

n°12 – Suivre et évaluer les politiques publiques.

Puisque l’adoption des plans ou des schémas ne constituent que la première étape de la mise en œuvre des politiques publiques, il est essentiel de suivre en permanence chacune d’entre elles pour les ajuster au fil de l’eau. De plus, l’adaptation des politiques publiques aux réalités et aux évolutions du territoire nécessite de mieux structurer leur évaluation en établissant des plans d’évaluation associés aux différents schémas.


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Messages

  • Beaucoup tombent dans la misère suite à un licenciement.

    Que vont devenir dans six mois, dans un an les travailleurs licenciés d’Apavou, de Profilage Réunion, voire de la CCIR , Retrouveront-ils du travail, et si oui dans quelles conditions de salaires et d’horaires, ou verront-ils progressivement leur pouvoir d’achat s’amenuiser jusqu’à ne plus pouvoir compter que sur un RSA ?

    Pourquoi ne pas parler des chauffeurs de poids lourds, les conducteurs d’ambulances, le personnel soignant des hôpitaux, les ouvriers du BTP, à qui les patrons imposent des centaines d’heures supplémentaires annuellement, bien souvent pas payées et pas même récupérées ? Pourquoi ne pas fixer comme objectif de lutte commun aux travailleurs et aux chômeurs de convertir ces heures en emplois ce qui permettraient d’en créer des centaines, pérennes ?

    Parler de la lutte contre la pauvreté sans parler de mener la lutte contre les patrons, véritables fauteurs de chômage et de misère, c’est se payer de mots, c’est manquer la cible !

  • Bravo de réaliser,proposer, faire participer la population, les élus, ils sont là pour ça. De mon côté, je me demande si lorsque le TER PEI qui reliera St Joseph à St Benoît, les pauvres auront le droit de l’emprunter gratuitement grâce aux aides pour de déplacer pour ceux, celles qui ne conduisent pas, je trouve cette idée géniale, elle aura du succès, ça c’est sur, Arthur.

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