Personnel précaire de l’Éducation nationale

Martin Hirsch attendu de pied ferme, les élus sommés de prendre leurs responsabilités

6 février 2008, par Edith Poulbassia

« La situation des TOS précaires, c’est comme les logements sociaux. Tout le monde est d’accord, mais quand il faut enfin agir, on ne trouve plus personne ». Christian Picard, Secrétaire départemental de la FSU, ne cède pas. L’intersyndicale veut mettre chacun devant ses responsabilités : Etat, mais aussi les élus, les candidats aux Municipales et Cantonales. Deux actions sont prévues : la première, un rassemblement devant le Conseil général ce lundi pour interpeller Martin Hirsch ; la seconde, le 20 février, élus et candidats sont conviés à une réunion pour un positionnement clair en faveur des TOS précaires.

Collège Mille-Roches, rencontre devant la Mairie avec Jean-Marie Virapoullé. C’était ce lundi, les grévistes de cet immense établissement scolaire, TOS, administratifs, enseignants, ont demandé aux élus de la commune de réagir, enfin. Pour réponse, ils n’ont reçu que la promesse d’organiser une table-ronde. Un air de déjà-vu, un train de retard que n’ont pas apprécié les grévistes. Pour la FSU, il n’est plus l’heure de promettre, il faut passer à l’acte, se positionner clairement devant des citoyens qui demandent de l’aide, et protester contre un système éducatif qui s’effrite. L’attitude de cet élu de Saint-André n’est malheureusement pas isolée. Et ce fatalisme (seul le Préfet, représentant de l’Etat, peut prendre une décision) ne suffit plus à calmer les TOS au chômage depuis jeudi dernier. Prochaine action en vue, un rassemblement devant le Conseil général lundi matin (11 février) pour accueillir le Haut commissaire aux Solidarités actives, et inciter l’Etat à répondre.
La FSU dit stop et demande à ce que chaque élu et chaque candidat soient maintenant face à leurs responsabilités. Rendez-vous est fixé le 20 février à 18 heures, probablement à l’Université.
Rectorat, Conseil général, élus, candidats aux Municipales et Cantonales sont attendus pour qu’ils expriment ouvertement leur soutien et surtout qu’ils le mettent en pratique. « Nous en avons assez du double langage, des effets d’annonce, nous voulons du concret, affirme Christian Picard, qui faisait le point hier sur la situation des personnels TOS précaires. Si les élus avaient bataillé dès le début comme ils l’ont fait avec énergie, il n’y a pas si longtemps, pour soutenir Miss France, nous n’en serions pas là aujourd’hui ».

Le CUI pour l’urgence, mais l’intégration reste la solution

Qu’attendent les TOS des élus et candidats ? Qu’ils s’engagent. « S’il le faut, nous proposerons une charte à signer, informe Christian Picard, une charte qui contient le rattrapage des postes dans l’Éducation nationale, l’intégration des précaires ». Et ceux qui ne signeront pas ? Ils prendront eux aussi leurs responsabilités devant la population. Car il ne faut pas croire que les Réunionnais, si discrets qu’ils soient dans ce conflit, ne sont pas attentifs à ce qui se passe pour les précaires de l’Éducation nationale. Malgré le chômage qui pèse sur la population, pas sûr que le discours démagogique qui dit « lès la plass pou lé zot estèr, zot la asé travay », gagne du terrain. La population n’est pas dupe.
Une “solution”, qui ne relève pas du miracle, a été proposée à 175 TOS précaires embauchés en CAV. Ils pourront profiter du tout nouveau CUI (Contrat Unique d’Insertion) dont le Conseil général a annoncé le nombre de 10.800 lundi (mais 9.000 pour les bénéficiaires du RMI). Les autres TOS au chômage, embauchés en CAE, ne peuvent pas prétendre à ce nouveau dispositif de contrat aidé. Dans l’urgence, l’intersyndicale accepte l’option du CUI, mais elle continue à demander la mise en place immédiate d’un plan d’intégration, seule solution valable pour un personnel qui travaille depuis des années et qui a acquis l’expérience nécessaire pour occuper les postes au sein des établissements scolaires.
Le CUI reste jusqu’à preuve du contraire un contrat aidé et précaire. Comment peut-on en revenir à proposer la même chose à ces personnes ? La FSU ne veut pas recommencer dans 3 ans le même combat.
Pour Christian Picard, l’intégration de ce personnel est envisageable. Le syndicaliste a déjà évoqué cette solution avec les politiques concernés, mais aucune réponse pour le moment. « Une dizaine d’établissements vont sortir de terre d’ici 5 ans, ils auront besoin de recruter, alors pourquoi ne pas garder ceux qui sont là ? », se demande-t-il, avant d’ajouter : « Aujourd’hui, on n’a plus le droit, quand on est un élu, de faire passer ses ambitions personnelles avant les intérêts de la population. Les précaires ne sont pas seuls, la population suit ce dossier ».
L’attribution des contrats aidés est au départ le résultat d’un « bon sentiment », le secrétaire départemental de la FSU n’en doute pas. Mais ces contrats sont devenus « une source de profits pour les chefs d’établissements et pour les politiques qui ont attribué ces contrats pendant les campagnes. Aujourd’hui que tout cela déborde, on ne trouve plus grand monde », regrette le syndicaliste.

Edith Poulbassia

Luttes pour l’emploi

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Messages

  • Je trouve personnlement que le Grenelle de l’Insertion mis en place par Hirsch n’a pas la place qu’il mérite dans le traitement des médias !
    Il y a un site Web pour permettre aux gens de faire des propositions et personne n’en parle jamais ! www.grenelle-insertion.fr

    Avis aux gens qui veulent se faire entendre ...


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