Loi de programme en panne, contrats d’avenir sans avenir

Mauvaises nouvelles pour le gouvernement

5 juillet 2005

Au moment où l’on annonce de mauvais résultats pour la loi programme en matière de création d’emplois, l’engagement par la commune de l’Étang Salé de recruter 110 contrats d’avenir sent le coup fourré et les autres maires de La Réunion donnent l’impression de ne pas vouloir tomber dans le même piège. Comme en Métropole, le Plan Borloo a ici aussi du plomb dans l’aile.

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Jeudi 23 juin, le bureau municipal de l’Étang-Salé se réunissait. À son ordre du jour, il n’était pas question d’embauche de contrats d’avenir. Lundi 27 se déroulait la session plénière du Conseil général. Avant que celle-ci ne débute, Jean-Claude Lacouture, maire et conseiller général de l’Étang-Salé était interpellé par des collègues qui lui demandaient combien de contrats d’avenir il comptait contractualiser. L’intéressé annonçait alors le chiffre de 5. Pourtant, le soir même, l’élu sudiste signait avec le Département une convention concernant 110 contrats d’agents polyvalents de site scolaire, d’agents de maintenance environnementale, d’entretien des surfaces et d’animation des quartiers.

Une annonce surprenante

L’annonce publique qui en a été faite a d’autant plus surpris que les conditions de cette convention telles qu’elles ont été présentées par Jean-Claude Lacouture sont apparues étonnantes. Le maire de l’Étang-Salé a donné une évaluation de ce que lui coûtera chaque contrat qui a laissé pantois. Son chiffre laisse entendre que l’État prendrait à sa charge une part plus importante que celle annoncée et qu’il n’y aurait pas de dégressivité dans l’aide gouvernementale.
On s’interroge donc et on se demande si le maire de l’Étang Salé ne s’est pas fait rouler. A-t-il obtenu des compensations et lesquelles, interrogent d’autres.
Toujours est-il que la plupart de ses autres collègues demandent à réfléchir à deux fois avant de se laisser piéger. À ce propos, on constate que Bruno Pajany qui, au Conseil général, a en charge ce dossier et pousse à la consommation de contrats d’avenir, ne s’est pas engagé à en recruter au moins un !
De fait, derrière le coup fourré de l’Étang-Salé se cache une réalité simple. Dernièrement, le Premier Ministre réunissait tous les préfets de France et leur recommandait de mettre le paquet pour que le gouvernement réussisse son pari sur l’emploi. Parmi les modalités envisagées : obtenir auprès des départements le plus de conventions de contrats d’avenir. Les 110 contrats de l’Étang-Salé intègrent cette stratégie et ont obtenu l’effet d’annonce escompte.

Un abîme

Car, les contrats d’avenir semblent bien être plombés.
Comme nous l’écrivions hier, “le Monde”, dans son édition de vendredi, constate que moins de 500 contrats d’avenir sur les 100.000 annoncés ont été signés jusqu’ici. "Il y a un abîme entre les objectifs officiels et la réalité", écrit le journal parisien. Parmi les raisons du décalage constaté, le quotidien national évoque le scepticisme des élus : "un certain nombre de départements s’interrogent aussi sur leurs possibilités de réinsérer ou de former les publics visés", pouvait-on lire.
Les difficultés à mettre en place interviennent à un moment où les résultats de la loi de programme pour l’Outre-mer sont mauvais. C’est ce qu’indiquait hier “le Quotidien” qui expliquait que la loi Girardin fait moins bien que la LOOM votée par la majorité plurielle.
La nécessité de reconduire pendant 6 ou 12 mois de dispositifs existants comme les CES, les CEC pour se donner le temps de faire un bilan, de mener une réflexion et une concertation pour dégager ensemble des solutions d’emplois pérennes est plus que jamais d’actualité. Le gouvernement va-t-il choisir cette voie ?

J. M.


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