Vers une nouvelle baisse de l’activité dans ce secteur

Mauvaises perspectives pour le BTP à La Réunion

25 octobre 2016

Le secteur du BTP paie le prix d’une décision politique lourde de conséquence : l’arrêt des chantiers lancés par l’Alliance et le lancement de celui d’une route en mer, qualifiée de route la plus chère du monde par France 2, et qui peine à employer un millier de travailleurs. En conséquence, il existe plus d’ouvriers du BTP au chômage qu’en activité. Et la situation ne s’arrangera pas l’année prochaine.

Le chantier de la route en mer tourne à plein régime, il n’a pas créé les emplois promis et génère un cortège de pollution. Il est grand temps d’arrêter.

Selon une étude du CARIF-OREF, en 2015, le nombre de travailleurs du BTP au chômage était supérieur à celui en activité. Le dossier publié hier dans « le Journal de l’île de La Réunion » anticipe une nouvelle baisse de la commande publique en 2017, si l’on extrait de ces chiffres le chantier de la route en mer qui emploie moins de 1.000 personnes.

Hors, il s’avère qu’à La Réunion, la commande publique représente plus de 80 % du chiffre d’affaires du BTP. C’est la conséquence de plusieurs décisions politiques qui ont amené un désengagement de l’État dans la politique du logement. Le précédent gouvernement avait en effet réformé la défiscalisation pour qu’elle bénéficie surtout au logement social. Mais les mises en chantier ne suivent pas. Et en 2015, le BTP a connu une baisse de son chiffre d’affaires de près de 5 %, elle atteint même 12,3 % si on ne prend pas en considération le chantier de la route en mer qui ne contribue que modestement à l’emploi.

Des chantiers financés brutalement arrêtés

Ces chiffres montrent un contraste saisissant avec la situation de l’emploi dans le BTP jusqu’en 2010. En effet, il existait à l’époque à la Région Réunion un plan de développement sur la base de plusieurs grands chantiers qui devaient permettre à La Réunion de passer au mieux l’impact de la crise économique mondiale. La construction du tram-train, de la nouvelle route du littoral, des lycées et de la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise devait en effet fournir du travail pendant des années. Cela aurait permis d’atténuer les effets des restrictions budgétaires prévisibles que l’État allait imposer aux collectivités.

Mais en 2010, une coalition comprenant notamment les socialistes et Huguette Bello a permis à Didier Robert d’emporter la direction de la Région Réunion au détriment de l’Alliance, arrivée en tête au premier tour. Cette nouvelle direction a cassé tous les projets pour les remplacer par une improbable route en mer. Force est de constater que les milliers d’emplois promis à travers ce chantier ne sont pas là. De plus, la précipitation des promoteurs de la route en mer a conduit à l’impasse. Les matériaux nécessaires à la poursuite des travaux font défaut. Cela rend donc très hypothétique la mise en service un jour de cette route, ce qui rend incertain son financement. D’autant plus que le raccordement de cette route en mer au réseau actuel dépend d’un investissement supplémentaire d’un demi-milliard d’euros pour construire un tunnel sous l’entrée de Saint-Denis. Ce dernier projet est loin d’être financé.

L’impact négatif de la route en mer

L’effondrement du secteur de la construction n’est pas une fatalité, il est la conséquence de décisions politiques. Plus que jamais, une alternative est nécessaire. Elle commence par l’arrêt d’un chantier pharaonique compromis, et à la réaffectation des sommes prévues sur des projets utiles et créateurs d’emplois.

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