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L’esprit de débrouille

mardi 14 février 2012, par Jean Fabrice Nativel


Eric, mécanicien aux années d’expérience qui ne se comptent plus, détient un carnet de rendez-vous important de prestations… au sortir d’une journée de travail.


Quelle époque ! Na in boug la di i fo travay plis pou gaigne plis ! Kosa i fo pa di pou gaigne lo pouvoir ! Mais en attendant, qui trinque ? Celui ou celle qui depuis des années et des années travaillent pour percevoir un maigre salaire… comme Eric, mécano de métier.

L’un travaille, l’autre non

Heureusement que « j’ai un emploi », apprécie-t-il. Sauf qu’« il ne me permet pas de vivre décemment ». « Ma femme en recherche un, depuis 2005 », soupire-t-il. Ce n’est pas faute d’avoir postulé précise-t-il. « Au terme de plusieurs entretiens, on lui a dit qu’on la recontactera », se souvient-il.

Aux besoins de la famille, le couple se débrouille comme il le peut pour y subvenir. Une portion des allocations sert au paiement du loyer F3 et une autre essentiellement à la scolarité des deux gosses, détaille-t-il. Dès à présent, père et mère épargnent pour de futures études que l’un ou les deux ou tous les deux enfants envisageraient de continuer en France.

La scolarité des enfants

Toutes les dépenses du foyer sont tenues avec exactitude. Le couple se prive : moins de sorties au cinéma, balades — augmentation constante du prix des carburants —, concerts… A l’anniversaire de Cassya samedi dernier, il n’a pu être de la fête « mais bon à la longue, on s’y fait ».

Faire face aux factures, c’est toute une aventure. Eric a pourtant trouvé une astuce. Ses services de mécaniciens, il les propose en dehors de son salariat. Après celui-ci, son planning pour la semaine est complet. Entre le changement des plaquettes de frein, la vidange, la préparation d’une auto pour une contre-visite… le professionnel est contraint de refuser nombre de sollicitations.

Des prestations non déclarées

Vous savez toutes ces interventions lui rapportent autant sinon plus, disons plus que son salaire mensuel. A moins qu’on le dénonce, Eric compte continuer cette activité qu’il sait « illégale ». L’employer s’interroge sur l’efficacité des mesures prises pour améliorer leur condition si simultanément, tout croît. Dans pareille situation, comment s’en sortir lance-t-il.

La seule perspective comme Eric l’a dit, c’est de travailler sans déclarer quoi que soit. Si on le prend, « ce sera sans regret », affirme-t-il.

Combien sont-ils à La Réunion à se retrouver dans son cas ?

JFN


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