Conséquence de la privatisation de La Poste

Menace de désengagement de La Poste : CGTR FAPT - CFDT S3C - FO COM - SUD PTT écrivent aux maires de La Réunion

17 avril 2021

Dans une lettre adressée aux maires de La Réunion, une intersyndicale de La Poste alerte sur les évolutions stratégiques de La Poste, devenue « groupe industriel doté de nombreuses filiales à la conquête de nouveaux marchés au national ou à l’international » ce qui remet en cause des missions essentielles de service public.

Monsieur,
Les organisations syndicales représentatives à La Poste de La Réunion : CGTR FAPT - CFDT S3C - FO COM - SUD PTT viennent vers vous concernant les conséquences des évolutions de La Poste pour les usagers particuliers ou professionnels, aussi bien au Courrier, au Réseau, qu’à la Banque.

Les évolutions stratégiques récentes à La Poste

Désormais, la Caisse des Dépôts et Consignation (propriété de l’État), possède le Groupe La Poste à hauteur de 66 %, le reste étant directement détenu par l’État. La Banque Postale est devenue l’actionnaire majoritaire de la CNP, à hauteur de 62 % environ.
La Poste Maison Mère a été progressivement transformée en groupe industriel doté de nombreuses filiales à la conquête de nouveaux marchés au national ou à l’international. Les orientations du groupe La Poste se détournent de plus en plus des missions historiques de la Maison Mère, et ce à la manière de ce qui se passe ailleurs, à EDF ou la SNCF…
Actuellement, ce sont les grandes manœuvres au sein du groupe La Poste pour faire accepter le plan stratégique 2022-2030, aussi bien par les usagers (particuliers ou professionnels) que par les salariés. Ce plan stratégique accentue les orientations actuelles. La communication, très soignée, se veut participative. Cependant, derrière le masque d’un prétendu dialogue, de la promotion de « valeurs écologiques », de la « modernité » numérique et des projets dits éthiques se cache un tout autre projet : moins de salariés, moins de bureaux, moins de centres de distribution, des services supports démantelés, des prestations pas toujours bien adaptées aux besoins des usagers et plus onéreuses. Ainsi, le prix du timbre rouge (urgent) a augmenté de 113 % depuis le 1er janvier 2021 ! Enfin, la crise du COVID constitue un formidable accélérateur de la stratégie des dirigeants du groupe. Sous prétexte de pandémie, La Poste remet en cause des activités prétendues non rentables, refuse d’embaucher et accentue encore les suppressions d’emplois.

Des bureaux de Poste de plus en plus menacés

Cela fait longtemps que La Poste agit pour se débarrasser des bureaux qu’elle estime non suffisamment rentables. Comme précisé au-dessus, le processus s’accélère pour répondre aux attentes d’actionnaires toujours plus gourmands. Ainsi :
- Faute de moyens suffisants, chaque jour plusieurs bureaux restent fermés ! C’est dramatique ! Ces fermetures inopinées contribuent à leur déclin.
- Chaque restructuration, environ tous les 24 mois, provoque de nouvelles réductions d’amplitudes d’ouverture qui réduisent d’autant l’activité. Régulièrement, de nouveaux bureaux sont transférés vers des prestataires tiers. Les usagers en font les frais.
- Nous alertons les élu-es sur la forte probabilité que de nombreux bureaux de poste soient fermés. Elles sont catastrophiques pour l’activité des bureaux concernés et préparent à plus ou moins brève échéance le désengagement définitif de La Poste.
- L’externalisation des opérations vers les automates ou les services à distance permet d’apprendre aux usagers à se passer des postiers et ainsi permettre de nouvelles réductions d’horaires ou suppressions de bureaux. Les usagers les plus précaires, ceux qui ne maîtrisent pas les outils numériques en font les frais.

Facteur, un métier de plus en plus vidé de ses missions initiales

Les organisations syndicales souhaitent également vous informer à propos des bouleversements qui affectent le métier de facteur. En effet ces mutations très profondes sont de plus en plus contradictoires avec les principes du service public à la française. Le facteur/factrice reste une figure très populaire, y compris en ville, en raison de son utilité sociale et l’entreprise utilise sans vergogne son image rassurante pour faire passer sa stratégie. Pendant très longtemps, il a rendu des services sans contrepartie pécuniaire. Désormais, il en est autrement : La Poste souhaitant devenir un acteur incontournable dans les services, toute prestation se monnaie et même rendre visite à nos aînés est devenu payant ! Le facteur est transformé en distributeur et opérateur multi-activités (depuis la distribution des repas jusqu’à la signalisation des nids de poule), anonyme et interchangeable, progressivement privé de sa fonction sociale.

Le travail quotidien du facteur en est affecté et ce dernier n’est plus toujours en mesure de dispenser un service d’aussi bonne qualité que par le passé.
En effet :
- Les centres de distribution fonctionnent avec un sous-effectif chronique important.
- Le travail précaire, avec un fort turn-over, s’est considérablement développé.
- Beaucoup de tournées sont désormais réalisées durant l’après-midi.
- Les nouvelles organisations issues de la pandémie tendent à faire disparaître la notion de titulaire de tournée, en particulier le samedi.
- Les projets de restructurations pour 2021 menacent encore des centaines d’emplois.
- Certes, le flux de Courrier ordinaire a baissé — bien moins que ne le dit La Poste ! —, mais simultanément, le travail s’est intensifié, avec plus d’usagers à servir et plus de kilomètres à parcourir puisque les effectifs ont fondu comme neige au soleil.
- Le Colis, en revanche, a fortement progressé, favorisé par les effets de la pandémie. Pour autant, cette hausse ne s’est pas traduite par des embauches nettes !

Comment conserver son bureau de poste ?

Depuis de très nombreuses années déjà, les élu-es des territoires dans l’hexagone ont su se mobiliser avec les habitants pour défendre leurs bureaux ! Ils ont ainsi préservé la présence de nombreux sites et pu contenir la baisse des amplitudes d’ouverture.
- Le Contrat de présence postale 2020-2022 rappelle certaines règles. Ainsi, aucun bureau de poste ne peut être transformé en Agence Communale (ou autre) sans l’accord du maire. Cela signifie que La Poste ne peut pas se désengager unilatéralement !
- Pour toute modification des horaires, la proposition doit être soumise au maire qui peut la contester et exiger une nouvelle copie.
- Cependant, les réductions d’horaires ou fermetures de bureaux ne sont une fatalité ! L’intervention des élu-es et des Réunionnais-es peut obliger les dirigeants de l’entreprise à renoncer ou reconsidérer leurs projets. Campagnes de pétitions, rassemblements, articles de presse, interventions auprès des responsables de La Poste, alerte auprès des représentants locaux au Parlement ou à la Région, interventions auprès de la CDPPT et de la Préfecture, aucune piste ne doit être négligée.

La résistance historique des élu-es et usagers dans l’hexagone a permis d’empêcher la fermeture de nombreux bureaux de poste. Plus que jamais, les dirigeants veulent poursuivre leur politique de désengagement, aussi bien en ville qu’en milieu rural. Vous le savez comme nous le taux de chômage important sur notre Département.

Les organisations syndicales représentatives de La Poste de La Réunion seront toujours aux côtés des Postier-es, des élu-es et des Réunionnais-es entreprenant des actions afin de sauvegarder leurs bureaux !
Nous vous sollicitons afin obtenir un rendez-vous afin d’échanger sur le sujet et essayer de mettre en commun cette lutte contre le chômage et défendre le service public avec et pour les Réunionnais.es. Dans l’attente de vous lire, veuillez agréer, Monsieur le Maire, nos salutations distinguées.

CGTR FAPT, Secrétaire Général, M. Loïc DESIREE
CFDT S3C, Secrétaire Général, M. Johan SMITH
FO COM, Secrétaire Départemental, M. Philippe CHERUBIN
SUD PTT REUNION, Secrétaire Départemental, M. Bruno APORCHAT

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