Menaces sur le commerce de proximité

9 mai 2008

Le Syndicat Réunionnais des Commerces Alimentaires de Proximité et Commerces de proximité a tenu une conférence de presse pour alerter le gouvernement sur la menace qui pèse sur le petit commerce de proximité avec la loi envisagée sur la libéralisation des grandes surfaces.

La Réunion n’est et ne sera pas épargnée par le contexte international difficile. D’ores et déjà, les prix des carburants ont augmenté une nouvelle fois (Super : + 4 centimes (+ 2,86 %), Gazole : + 7 centimes (+ 6,48 %), Gaz : + 98 centimes (+ 4,79%)). La presse faisait récemment échos d’une augmentation du prix du riz qui va croître de 25% au mois de mai. Les prix des matières premières connaissent le même sort. Cette tendance haussière semble se confirmer sur les marchés internationaux.

C’est dans ce contexte que le gouvernement a souhaité, au travers de la future Loi de Modernisation de l’Economie, mettre en place des mesures qui doivent, selon lui, améliorer le pouvoir d’achat des Français et des Réunionnais. Si l’intention est louable, l’examen d’un certain nombre de propositions nous laisse à penser que cette loi est davantage au profit des grands groupes de distribution. Nous souhaitons donc, avant tout, dire que le contexte difficile ne peut servir de prétexte pour justifier des mesures qui bénéficieront une nouvelle fois à ceux qui sont déjà en position de force.

En outre, (il faut constater) l’empressement du gouvernement sur ce dossier. Ce projet de loi a été adopté en Conseil des ministres le mardi 29 avril sans aucune concertation avec le monde politique et économique. Il sera examiné au Parlement en une seule lecture. Cette prise de décision hâtive ne permet pas d’appréhender l’ensemble des impacts que pourrait avoir cette future loi, en particulier sur les commerces de proximité, situées à La Réunion, et la sécurisation des emplois. Deux articles représentent de très sérieuses menaces pour nos entreprises et nos emplois.

Dénoncer la libéralisation totale de l’implantation des grandes surfaces

Le propos du Syndicat Réunionnais des Commerces Alimentaires de Proximité et Commerces de proximité a pour but de dénoncer la libéralisation totale de l’implantation des grandes surfaces qui, à terme, aboutira à la destruction des emplois. Ce syndicat veut que des aménagements soient apportés à cette loi en faveur des territoires insulaires.

L’article 27 du projet de loi permettra l’installation de nouvelles enseignes dont la surface ne dépassera pas 1.000 m2 sans aucun examen et aucune autorisation préalables. Aujourd’hui, le seuil de déclenchement du passage en CDEC (Commission Départementale d’Equipement Commercial) est de 300 m2. De plus, sur les dossiers qui seront présentés, la Commission d’Autorisation (nouvelle forme de la CDEC) n’émettra qu’un avis. Le projet sera validé dès lors que le promoteur aura obtenu le permis de construire de la municipalité. A cela s’ajoute la possibilité de vente à perte pendant les périodes de soldes. Sans précision supplémentaire, la vente à perte pourrait s’exercer sur des produits d’appels, entraînant, de fait, une attraction plus importante des grandes surfaces. Il en résultera une déstabilisation du commerce en général.

Ces deux mesures censées apporter davantage de concurrence et faire baisser les prix font craindre pour le devenir des commerces de proximité, car elles remettent en cause l’équilibre précaire trouvé entre petits commerces et grandes surfaces.

Permettre demain à ceux qui disposent de moyens financiers importants d’ouvrir selon leur bonne volonté des commerces de taille importante, mais ne dépassant pas 1.000 m2 ; Permettre par ailleurs d’augmenter l’attractivité de ces enseignes omniprésentes est le meilleur moyen de conduire le commerce de proximité à sa perte.

Des emplois menacés

Au-delà de l’aspect économique, ce sont de nombreux emplois qui sont menacés. Le commerce de proximité crée plus d’emplois au m2 que les grandes surfaces. Une fragilisation du secteur entraînera des licenciements, licenciements qui ne seront même pas compensés par la grande distribution.

A titre d’exemple, dans sa constante recherche de rentabilité à court terme, le groupe Score envisage d’introduire des caisses automatiques dans ses succursales. Bien que le groupe affirme vouloir affecter le personnel visé à d’autres tâches, il est à prévoir que cette démarche va accentuer le chômage à La Réunion. (...) Ce métier constitue un débouché pour la jeunesse. En Métropole, cette automatisation menace 80.000 emplois de caissières sur les 200.000 qui existent à l’heure actuelle (40% des postes de caissières).

Comme le suggère le dossier de presse émanant du ministère de l’Économie, en Allemagne, les prix sont plus bas qu’en France pour un même produit. Ceci s’explique par une plus grande densité de magasins “discount”. Leur nombre et leur organisation constituent un contre-pouvoir suffisant pour imposer des prix plus bas. L’exemple allemand pris comme modèle témoigne de la nécessité de maintenir et densifier le tissu économique indépendant de proximité et non pas de libéraliser totalement l’activité de la grande distribution comme le préconise le rapport Attali.
M. Rafarin est intervenu sur LCI et a affirmé qu’il doutait que cette loi soit votée.

Enfin, les phénomènes de concentration de la grande distribution, tant alimentaire que spécialisée, revêtent un caractère de sérieuse dangerosité au plan de la libre concurrence prônée par l’Union Européenne. Cette approche n’est déjà pas acceptable au plan de la Métropole, ceci laisse à penser que sur un territoire aussi restreint que celui de La Réunion, les risques seraient décuplés. (...)

Sur un territoire insulaire tel que La Réunion, une totale liberté de concurrence aura pour effet de réduire à néant toute tentative d’installation d’entreprise nouvelle sur le secteur concerné. En effet, à mesure que la concentration se développe, nous ne pouvons que constater l’envolée « du ticket d’entrée pour un nouvel arrivant ».

Le Syndicat Réunionnais des Commerces Alimentaires de Proximité et Commerces de proximité demande que l’amendement T.A.K et Virapoullé soit maintenu et renforcé dans le cadre des spécificités des DOM.


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