Lettre ouverte à Martin Hirsh

Message des précaires de l’Éducation nationale au Haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté

9 février 2008

En votre qualité de Haut commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté, nous souhaitons vous interpeller, Monsieur Martin Hirsh, sur la situation des personnels précaires de l’Éducation nationale.

Nos collègues sont mobilisés depuis maintenant plus de 5 mois. Ils ont aujourd’hui l’appui actif de personnels titulaires mais aussi des parents d’élèves, de bon nombres d’élus, de la Région et du Département.

La communauté éducative et au-delà, l’ensemble de la population réunionnaise ne peut en effet accepter que l’on jette comme des kleenex des centaines d’hommes et de femmes qui assument des missions indispensables au bon fonctionnement de nos collèges et nos lycées.

La situation de Mélanie, Pascaline et Eric illustre la dure réalité vécue par les personnels précaires de notre académie.

Mélanie travaille au service d’intendance d’un grand lycée du Sud, Pascaline au secrétariat du principal d’un collège de l’Ouest. Toutes deux se verront congédier fin juin 2008.

Quant à Eric, il fait partie de la première charrette des suppressions d’emplois et il vient d’être remercié le 31 janvier 2008.

Tous trois (comme de nombreux autres personnels) ont en commun, Monsieur le Haut commissaire, de posséder une longue et riche expérience professionnelle acquise au fil des 10 années passées au service de la communauté éducative .

Mélanie, Pascaline et Eric auraient voulu sortir de la spirale infernale de la précarité, mais l’État les y a enfermés en s’exonérant de ses obligations d’insertion professionnelle. Pas l’ombre d’un concours spécifique, pas de dispositifs d’intégration, pas de bilan d’étape et de suivi des parcours professionnels pourtant obligatoire... rien !!!!

Même la porte de l’éligibilité au dispositif du plan académique de formation mis en place par le Rectorat leur a été fermée. Mélanie, Pascaline et Eric espéraient malgré tout que leurs acquis professionnels et leur engagement seraient à terme reconnus.

Excès d’espérance ? La reconnaissance de l’État employeur qui a failli à toutes ses obligations légales est tombée ! Ça sera la porte car l’État a besoin de réaliser des économies pour compenser les 44 milliards de cadeaux fiscaux distribués généreusement aux plus privilégiés !

Pour s’affranchir et polir l’inacceptable, notre préfet si à l’aise avec les formules brutales et si dédaigneux à l’endroit des “sans grades” (qu’il n’a même pas daigné rencontrer) a trouvé des formules de circonstance, « un contrat précaire est par définition destiné à ne pas durer », « non aux contrats magouilles dans l’Éducation nationale ». Des précaires qui devaient presque remercier l’Etat d’avoir été précaires tant d’années !

Sauf que cela ne pas trop gêné l’Etat que nos collègues aient été employés sur une si longue période, et ce, au mépris des dispositions et règles juridiques du Code du travail.

Mais aujourd’hui, il s’agit de faire des économies, et ce qui était acceptable hier ne l’est plus aujourd’hui.

Monsieur le Haut commissaire, des centaines d’emplois manquent aujourd’hui dans nos collèges et nos lycées. Au-delà du drame humain vécu par ces personnels, c’est le fonctionnement des services qui se trouve aujourd’hui gravement menacé.

« Moins de surveillants, moins de personnels dans la restauration scolaire, moins d’agents pour assurer le respect des règles d’hygiène et de salubrité et l’entretien des espaces bâtis et non bâtis, moins d’accueil et de sécurité, des retards attendues dans le versement des bourses », ce sont les élèves, au final, qui sont sacrifiés.

Mélanie, Pascaline et Eric jetés après 10 ans de bons et loyaux services. Mélanie, Pascaline et Eric qui, après tant d’années, ne perçoivent que 800 euros mensuels (seuil de pauvreté, avez-vous dit). Une politique d’insertion abandonnée, foulée au pied, sacrifiée ! Tel est le piètre constat que nous pouvons tirer aujourd’hui.

Nous attendons de votre visite, Monsieur le Haut commissaire, l’amorce d’une solution pour régler au mieux ce très sensible dossier dans l’intérêt bien compris de nos collègues et du fonctionnement de nos services.

Le secrétaire général du SGPEN-CGTR,
Patrick Corré

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