La direction mise en cause

Missions locales : Grève hier et ce matin pour un autre management

3 septembre 2004

Les agents des Missions locales sont en grève. Un rassemblement a eu lieu hier à l’antenne de La Source pour soutenir son responsable principal contre une direction qui pratique selon les organisations syndicales un « management despotique ».

Johnny Lagrange, responsable de l’antenne de La Source à la Mission locale Nord, après deux années de travail, prend ses premiers congés en août de cette année. Durant ses vacances, il reçoit une lettre préalable de licenciement. L’intersyndicale UNSA-PSTEF CFDT-CGT s’est aussitôt mobilisée.
Mercredi soir, le président des Missions locales, le député maire de Saint-Denis, René Paul Victoria décide la réintégration de Johnny Lagrange. Hier matin, des membres de la direction ont lancé une pétition contre cette décision et des cadres ont débrayé durant la matinée.
Au-delà de ce problème, les organisations syndicales dénoncent "un management despotique où les pressions fonctionnent sur la question du renouvellement ou non des contrats des travailleurs". Un salarié en CEC (subventionné à 80% par l’État) a été licencié puis réintégré grâce à l’action syndicale. Trois mois plus tard, la même procédure est intentée contre deux autres CEC, un seul sera finalement maintenu à son poste.
Pour Emmanuel Mathieu (PSTEF-CFDT), il y a "une tentative de manipulation du personnel" et l’argument principal, lié au budget, ne tient pas. Il dénonce "de multiples pressions des cadres de la direction sur les antennes auprès des salariés". Il s’insurge : "Nous n’en pouvons plus de ces méthodes de management inacceptables dans un réseau censé se charger des personnes en difficultés".

Statu quo

L’intersyndicale estime qu’il est légitime de se poser des questions sur le présent et sur le futur des Missions locales : "Plus rien ne bouge depuis l’annonce de la décentralisation. Depuis 18 mois, nous n’avons plus aucune orientation, ni de portage politique. Les Missions locales sont livrées à elles-mêmes. La décentralisation prévoyait que les Missions locales seraient placées sous la tutelle de La Région dans son article 11, or le 49-3 a retiré cet article, depuis c’est le statut quo".
Les organisations se demandent aussitôt : "Que fait l’État pour remettre les techniciens au travail ? Pour procéder à une rationalisation des moyens pour une meilleure qualité de service auprès des jeunes ?". Aujourd’hui les solutions que proposent les Missions locales sont inadaptées pour un jeune sur trois, car il est fortement diplômé et le public prioritaire est celui d’un public en difficulté.
L’intersyndicale demande "un projet d’entreprise qui prenne en compte l’humain, une gestion des ressources humaines transparente, la fin de la précarité de l’emploi". Réclamant la mise en pratique du Contrat de progrès actualisé, seule alternative, elle reste "choquée par les manœuvres de certains membres de la direction" et maintient la grève jusqu’à aujourd’hui midi. "Comment aider les autres si on est soi même en souffrance ?", demande Johnny Lagrange "comment innover, trouver des solutions aux problèmes de terrains ? Souvent avant de remette le jeune au travail, il faut le mettre debout".
L’intersyndicale des Missions locales a rencontré la direction hier matin, pour demander l’annulation de la procédure de licenciement. Elle déclare s’inscrire dans une démarche constructive pour changer des méthodes d’un autre âge. Si le député maire souhaite un dialogue social rénové, ce n’est apparemment pas le cas de la direction. Aujourd’hui un nouveau rassemblement est prévu à l’antenne de Saint-Paul, dont le directeur assure de manière intérimaire, la présidence de la Mission locale Est depuis quatre ans.

Eiffel


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