Financements en baisse pour la jeunesse et l’éducation populaire

Mobilisation après d’inquiétantes annonces du gouvernement

7 juillet 2005

Les mesures annoncées par le gouvernement diminuent de 30 à 50% les financements accordés par le ministère de la Jeunesse et des Sports aux associations de jeunesse et d’éducation populaire. Cela veut dire réduire l’accès des jeunes et des plus démunis au sport, à la culture ou aux loisirs. Avec de tels actes, comment un gouvernement peut-il dire qu’il veut lutter pour la cohésion sociale ?

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Hier, le Comité régional des associations de jeunesse et d’éducation populaire (CRAJEP) a lancé un cri d’alarme : les financements de l’État sont en baisse de 30 à 50% au niveau national. C’est l’accès au sport, à la culture et aux loisirs pour beaucoup de Réunionnais qui risque d’être mis à mal.
Dans un courrier adressé aux présidents des comités régionaux, le CNAJEP faisait état d’annonce de restrictions budgétaires du ministère de la Jeunesse et des Sports : "des baisses de financement de 30 à 50 %, voire plus". Ces coupes sombres dans les dotations de l’État "ont un caractère inacceptable et menacent gravement les activités", estime le comité national. Son assemblée générale "a particulièrement insisté sur la nécessité d’une action relayée au plan territorial par les CRAJEP notamment".

Défendre l’éducation populaire

La conférence de presse d’hier est un des moyens de la mobilisation des associations d’éducation populaire. Les CRAJEP sont également encouragés à alerter les parlementaires de leur circonscription, les élus "en leur proposant de soumettre des vœux aux collectivités locales". Alors que sur le plan national, le CNAJEP annonce suspendre ses participations et ses représentations "dans les organes officiels liés au Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie Associative", les CRAJEP sont aussi invités à suspendre "la participation des membres constitutifs du CRAJEP à toutes les instances régionales liées à Jeunesse et Sports".
C’est donc un appel à une large mobilisation pour défendre l’éducation populaire que lance le CNAJEP, un appel relayé dans notre île par le CRAJEP-Réunion. Car, sans doute plus qu’ailleurs, ces coupes sombres dans le budget des associations ne peuvent qu’avoir que des conséquences dramatiques dans une société réunionnaise qui connaît un taux de chômage qui dépasse le seuil de l’intolérable, et qui comprend une forte proportion de jeunes.

Nouvelles menaces

Avec 30 à 50% de moins de la part de l’État, comment les associations de jeunesse et d’éducation populaire pourront-elles continuer à remplir décemment leur mission, qui est de proposer des activités culturelles, sportives et de loisirs accessibles à tous ? Ce sont des missions de service public, dont on saisit l’importance en particulier à La Réunion. Plus de la moitié de la population a des revenus suffisamment faibles pour avoir droit à la CMU, et un récent sondage a montré qu’un Réunionnais sur deux estime que ses revenus sont insuffisants pour vivre sans se priver. Ce sont des données qui montrent que si sport et culture ne peuvent être accessible qu’avec une contrepartie financière, un nombre considérable de Réunionnais risquent d’être privé de ses éléments indispensables à l’épanouissement humain. Les restrictions budgétaires annoncées par le gouvernement dans le soutien aux associations de jeunesse et d’éducation populaire, si elles se concrétisent, sont une nouvelle attaque contre notre cohésion sociale. Cela se passe au moment où notre société est confrontée à un chômage massif et au manque de logements qui sont d’importantes sources de frustration et de violence, en particulier chez les jeunes.

Manuel Marchal


Qu’est-ce que l’éducation populaire ?

La déclaration de Condorcet présentée à l’Assemblée nationale en avril 1792 donne à l’éducation une finalité démocratique et jette les bases de l’éducation populaire.
"L’instruction permet d’établir une égalité de fait et de rendre l’égalité politique reconnue par la loi... En continuant l’instruction pendant toute la durée de la vie, on empêchera les connaissances acquises dans les écoles de s’effacer promptement de la mémoire : on entretiendra dans les esprits une activité utile ; on instruira le peuple des lois nouvelles [...] qu’il lui importe de ne pas ignorer. On pourra lui montrer enfin l’art de s’instruire par lui-même".
Si, à la fin du 19ème siècle, l’éducation populaire vise à "domestiquer la rue", ses missions s’enrichissent. Il s’agit de diffuser la connaissance au plus grand nombre et de permettre à chacun de prendre sa place dans la société. Ses moyens ? Des activités culturelles, sportives et de loisirs accessibles à tous. Sa finalité ? Agir en complément des actions de l’Éducation nationale pour donner une seconde chance à ceux qui ont quitté l’école sans diplôme, pour permettre l’éveil des consciences et favoriser la prise de responsabilité. Au final, il s’agit de reconnaître à chacun le droit de progresser dans sa connaissance du monde, en bénéficiant d’une pédagogie adaptée et globale, qui considère l’homme dans sa totalité, en tenant compte de son parcours de vie et de son environnement.
(Source http://educ-pop.org


Le CNAJEP

Le Comité pour les relations nationales et internationales des associations de jeunesse et d’éducation populaire, est un espace de concertation et de dialogue avec les pouvoirs publics.
Le CNAJEP inscrit sa réflexion et ses actions dans une dimension internationale à travers des représentations et des partenariats privilégiés avec plusieurs zones géographiques (Union européenne, Bassin méditerranéen (Algérie, Liban, Palestine)).
Il définit des objectifs généraux en rappelant que le développement social et culturel est, à l’égard du développement économique, un élément indispensable au progrès de notre société, et que l’Etat doit avoir une politique globale et cohérente, susceptible de répondre aux besoins et aspirations exprimés par tous, jeunes et adultes, notamment par la réduction des inégalités, en renforçant les dispositifs de solidarité ;

- par la lutte contre toute discrimination sexiste, raciale, sociale, religieuse ou nationale ;

- par la promotion de la paix, de la solidarité et l’amitié entre tous les jeunes et citoyens de tous les peuples.
Il n’est pas opérateur direct d’activités nécessitant le recrutement de volontaires ou de salariés expatriés.

Membres du CNAJEP : ACE, AFI, AFS, AFVP, ANACEJ, Anima’Fac, Association France-Amérique latine, Arc en Ciel, ATC, ATD Quart Monde, BILD, CCSC, CEI/Club des 4 vents, CEMEA, CINEMA, CMJCF, CNLAPS, CNRL, Comité InterONG pour les jeunes de la rue, CONCORDIA, COORACE, COTRAVAUX, CPCV, Culture et Liberté, Culture et Promotion, EEDF, EEUF, FAGE, Familles Rurales, FCSF, FCPE, FCVF, FFCU, FFMJC, FG.PEP, FNARS, FNCIVAM, FNCMR, FNEPE, FNFR, FNLL, Fédération Nationale de la Maison des Potes, FOEVEN, FRANCAS, FSCF, FSGT, FSJU, FTCR, FUAJ, GDF, IFOREP, Inter Echanges, JIC, JOC/JOCF, JPA, LFEEP, Mouvement Jeunes Femmes, Mouvement International ATD Quart Monde, MRERS, MRJC, PEC, Petits Débrouillards, Les Pionniers de France, SDF, SJ, SMF, SPF, STAJ, UCJG, UCPA, UFCS, UFCV, UFJT, Union REMPART.


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