11ème Congrès de la CGTR

Mobilisation contre la casse sociale

19 novembre 2010, par Manuel Marchal

L’ouverture du 11ème Congrès de la CGTR a été l’occasion de faire un bilan des quatre dernières années du mouvement social, dans un contexte de durcissement de la politique de la casse sociale. Le rapport d’activités présenté par Ivan Hoareau, secrétaire général de l’organisation, a donné également la position de la CGTR sur plusieurs événements de l’actualité récente : le COSPAR et l’ARAST notamment. Les perspectives d’actions seront discutées aujourd’hui lors de la présentation du document d’orientation.

Depuis hier et jusqu’à demain, la CGTR tient son 11ème Congrès à la Halle des manifestations du Port. Au programme de la première journée, le temps fort était la présentation du rapport d’activités par le secrétaire général de la confédération, Ivan Hoareau. Plusieurs centaines de délégués participent aux travaux en présence de plusieurs invités venus d’autres pays. Ces derniers sont des syndicalistes venus de pays voisins (Madagascar, Maurice), mais également de France et de Guadeloupe.
Les travaux ont commencé par le mot d’accueil de l’Union régionale Ouest. Elle a évoqué la création de la CGTR en 1968, nécessaire afin d’avoir de nouveaux moyens d’action adaptés à notre situation particulière. C’est ensuite Michel Séraphine, en tant que premier adjoint au maire du Port, qui a adressé le mot de bienvenue de la commune du Port aux congressistes.
Michel Séraphine a rappelé combien les syndicats font partie de l’Histoire de la Ville, justement qualifiée de « berceau du syndicalisme ». C’est en 1902, dans la mairie du Port, qu’a été créé le syndicat du personnel du Chemin de fer et port de La Réunion.
Les travailleurs du Port eurent aussi à subir de dures répressions avec la fraude électorale de 1962, et la mutilation de Théo Hilarion en 1994 lors d’une manifestation des dockers. Tous ces combats ont permis des avancées, remises en cause par une politique de casse sociale.
C’est cette politique qu’a dénoncée Ivan Hoareau dans la première partie de la présentation du rapport d’activités. Car depuis le 10ème Congrès de la CGTR en 2006, la France a connu un changement de présidence et de gouvernement. Force est de constater que depuis 2007, c’est l’offensive générale contre tout ce qui a été construit dans l’élan de l’application des orientations du programme du Conseil national de la résistance.
À cela s’ajoutent des dispositions augmentant les profits des entreprises, sans que ces aides publiques ne donnent des résultats probants pour la création d’emplois, ou dans les grilles salariales. « Les entreprises à La Réunion ont fait le choix de la productivité plutôt que de l’emploi » : tels sont les propos tenus par un ancien directeur de l’ANPE rapportés par Ivan Hoareau, et cette orientation explique pourquoi les mesures inscrites dans les lois d’orientation et de programme ne permettent pas de faire reculer la pénurie d’emploi.

La question des salaires

Avec ce gouvernement, les perspectives sont difficiles. Les changements dans la protection sociale aggravent les inégalités, et la remise en cause du fonctionnement solidaire de la Sécurité sociale est en marche. Cela profite aux assureurs privés qui proposent des couvertures à un prix 4 fois supérieur.
Les travailleurs privés d’emploi sont culpabilisés lorsque l’on parle de l’« activation des dépenses passives ». « Pôle emploi est une machine à broyer les chômeurs ».
Ivan Horeau est revenu sur plusieurs événements qui ont marqué l’actualité sociale de ces deux dernières années. Concernant le COSPAR, il constate que sur les prix des avancées ont été obtenues. Mais le dirigeant syndical déplore le refus sans explication de l’accord salarial régional par le préfet. C’était pourtant une solution spécifique à La Réunion, qui ne mettait pas les collectivités à contribution. Il note également que l’étude d’impact sur l’application de la hausse des salaires de 50 euros dans les communes n’a toujours pas été transmise aux organisations syndicales. Ivan Hoareau déplore un manque de soutien des organisations politiques sur ce plan.
Le dirigeant syndical constate aussi l’échec des États généraux de l’Outre-mer auxquels la CGTR n’avait pas participé.
Ivan Hoareau a également donné le point de vue de la CGTR sur la liquidation de l’ARAST et ses conséquences (voir encadré). Il note en particulier que Valérie Bénard était « de passage » à la CGTR. Enfin, la CGTR renouvelle son opposition à toute baisse de salaire dans les communes.
Aujourd’hui, il sera question des perspectives d’action avec la présentation du document d’orientation. Cette discussion sera suivie de l’élection du nouveau bureau confédéral.

Manuel Marchal


ARAST : un conflit politique

Dans son analyse de la liquidation de l’ARAST et de ses conséquences, la CGTR met l’accent sur la responsabilité des politiques, et sur celle des deux syndicalistes les plus en vue dans les médias.
Ivan Hoareau revient tout d’abord sur un contexte particulier, avec une liquidation décidée malgré 9 repreneurs potentiels, dans une période de fin d’année. C’était surtout un conflit politique, note le secrétaire général de la CGTR. Face à la détresse des travailleurs, le syndicat a dû assumer toute sa responsabilité.
Ivan Hoareau déplore la manière dont la grève était gérée de l’intérieur. Le système d’assemblée générale du personnel prenait des décisions tard dans la nuit en l’absence des dirigeants syndicaux. Tout était décidé entre deux personnes, selon une "démocratie directe" teintée de populisme et de démagogie.
La CGTR met en cause la gestion politique du conflit. Ivan Hoareau indique également que l’assignation au tribunal de Paul Junot a retardé de plusieurs jours l’évacuation du Conseil général par les derniers grévistes. Le secrétaire général de la CGTR met aussi l’accent sur le comportement pas très correct de la porte-parole des salariés, qui « n’a fait que passer à la CGTR ».
Enfin, Ivan Hoareau s’étonne que l’utilisation par le syndicat de l’article L122-12 du Code du travail relatif à la poursuite d’activité fasse l’objet d’autant de critiques, ce qui n’arrive jamais lorsque c’est une entreprise privée qui est visée, constate le dirigeant syndical.


Une représentativité bouleversée

Les 4 dernières années ont été marquées par une réforme importante liée à la représentativité des syndicats. Avant ce texte, des syndicats bénéficiaient d’une présomption de représentativité dans les entreprises. Désormais, cette représentativité dépend des résultats aux élections professionnelles. Il faut dépasser 10% au sein des entreprises, et 8% dans les branches pour être considéré comme un syndicat représentatif.
Cela oblige donc les représentants syndicaux à se mobiliser pour garantir la représentativité de leur organisation, au travers d’un dispositif qui reflète la réalité sociale des entreprises.

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