Repas de la solidarité à Saint-Denis

Mobilisation des Réunionnais contre la pauvreté

11 août 2008, par Manuel Marchal

Hier, autour de l’association Réseau entraide et solidarité et de l’Association Centre-Ville Est de Saint-Denis, plusieurs bénévoles se sont regroupés pour organiser un repas de solidarité à Saint-Denis. Rendez-vous était donné au petit jardin de la rue Jacob.

Deux jours après la fin de la Caravane de la Solidarité, le Réseau entraide et solidarité clôturait sa semaine d’action dans plusieurs villes du pays : de Saint-Denis à Saint-Louis, plusieurs centaines de repas devaient être servis hier. A Saint-Denis, une dizaine de bénévoles se sont rassemblés autour du Réseau entraide et solidarité de Roland Lambert et de l’Association Centre-Ville Est représentée par Jacky Bazon.
Sur le podium dressé au milieu du square du Jardin de la rue Jacob, les musiciens se sont succédé tandis qu’à l’ombre du pied de mangue, les repas étaient servis.
Ce genre d’action met une nouvelle fois en évidence l’urgence sociale dans laquelle se trouve le pays. Trop nombreux sont en effet les Réunionnais privés de travail ou de logement.
Roland Lambert déplore que les associations doivent se substituer aux institutions dans ce genre d’action. Tout comme Jacky Bazon, il met en avant une valeur de la société réunionnaise : la solidarité.
En 2008, 62 ans après l’abolition du statut colonial à La Réunion, des Réunionnais vivent dans la misère par milliers. Leur misère est telle qu’ils n’hésitent pas à venir chercher un repas gratuit pour survivre. Cette donnée illustre l’ampleur de la crise que connaît La Réunion.
Les données de la situation sont bien connue : pour plus de 300.000 travailleurs, il n’y a à peine que 200.000 emplois. Et parmi ces emplois, trop rares sont ceux qui donnent un salaire suffisant pour vivre sans avoir recours à l’aide sociale, que cela soit sous forme d’aide au logement ou de prime pour l’emploi.
Sur une population de 800.000 habitants, près de 30.000 familles ayant droit à un logement social doivent supporter l’insalubrité, la promiscuité, et des centaines vivent dans la rue.
C’est cette population fragilisée par de faibles revenus qui doit supporter les conséquences de la vie chère. Résultat : la pauvreté progresse, et même des salariés viennent bénéficier de ces repas de la solidarité.

Le combat des bénévoles

Cette situation exceptionnelle demande des mesures exceptionnelles, étant entendu que cette urgence est d’une ampleur sans comparaison avec la situation de la France, un pays riche où les chiffres officiels du chômage reculent. Tandis que dans notre pays, les mêmes méthodes officielles de dénombrement concluent sur une hausse.
Ce qui explique pourquoi la solution passe par une véritable rupture avec les politiques mises en place par les différents gouvernements qui se sont succédé à Paris, quelle que soit leur étiquette politique. Et force est de constater que le projet de loi-programme pour l’Outre-mer ne marque pas cette rupture, alors que plus que jamais, l’heure est à la mise en oeuvre d’un plan de développement pour créer massivement des emplois et construire suffisamment de logements pour répondre à la demande.
Dans ce contexte, la lutte menée par les associations contre la pauvreté est là pour rappeler que La Réunion sait se mobiliser pour combattre l’injustice. Des Réunionnais donnent de leur temps pour tenter de sortir leurs compatriotes de la misère. Ils ne comptent pas leur peine, et rappellent que la solidarité est une valeur essentielle du peuple réunionnais.

Manuel Marchal

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