Les syndicats revendiquent des embauches, des moyens et une augmentation d’au moins 300 euros

Mobilisation des travailleurs de la Santé révélatrice de la crise sociale à La Réunion

12 mars 2022, par Manuel Marchal

Hier à l’appel de l’Intersyndicale Santé CGTR, SUD, CFTC des travailleurs ont manifesté à Saint-Denis devant l’hôtel où se déroulait l’assemblée générale de la Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne. En première ligne depuis 2 ans suite à l’importation à La Réunion de l’épidémie de coronavirus, ces salariés revendiquent de meilleures conditions de travail et une augmentation des salaires. Ce dernier point va se poser de manière plus large si la guerre en Ukraine se poursuit, car ce conflit favorise la hausse des prix et impacte surtout les plus vulnérables : les salariés mal payés, les travailleurs privés d’emploi, les retraités et les étudiants.

Depuis bientôt 2 ans, les travailleurs de la santé et de l’aide à la personne sont en première ligne en raison de l’importation de l’épidémie de coronavirus à La Réunion. L’annonce mercredi par l’État de 274 millions d’euros d’aides pour les établissements de santé et médico-sociaux à La Réunion n’a pas réussi à désamorcer le mouvement social. En effet, hier au lendemain de cette annonce, l’Intersyndicale de la Santé composée de la CGTR, de SUD et de la CFTC a organisé un rassemblement devant l’hôtel Creolia à Saint-Denis où se tenait l’assemblée générale de la Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne (FEHAP).

« Des conditions de travail dignes pour toutes et pour tous »

Les revendications concernent tout d’abord les conditions de travail : « nous voulons exercer nos métiers dans le respect des personnes que nous accompagnons dans des conditions de travail dignes pour toutes et pour tous », a indiqué Gabriel Mélade, porte-parole de l’Intersyndicale Santé. Cela signifie « embauches et créations de places dans les établissements à la hauteur des besoins », rappelle le tract de l’Intersyndicale.
La politique de casse sociale menée par les gouvernements qui se succèdent a en effet entraîné d’importants sous-effectifs que la crise COVID a rendu encore plus criants. Dans le même temps, la population réunionnaise vieillit et le besoin en soins augmente. A cela s’ajoute le poids toujours plus important de l’assimilation, avec un nombre croissant d’EHPAD qui remplacent la solidarité familiale qui permettait à la plupart de nos anciens de vieillir dans leur foyer. Manifestement, les moyens ne sont pas à la hauteur.

Augmenter les salaires d’au moins 300 euros

La question des salaires est aussi au coeur des revendications. Les syndicats demandent un « réajustement des salaires pour tous et toutes (les personnels administratifs et techniques sont une fois de plus exclus de la revalorisation), conduisant à une augmentation d’au moins 300 euros ».
Ils combattent également la destruction des acquis sociaux par le gouvernement et les organisations patronales d’AXESS (NEXEM et FEHAP), jugés complices de la casse sociale.
« Le projet de convention collective unique de ces organisations est destructeur de l’équité des salaires, des conditions de travail, et donc de la qualité d’accompagnement des patients, usagers et familles, le cœur de notre métier », indique l’Intersyndicale. « Nous seuls sommes en mesure de créer cette convention unique de haut niveau nous permettant d’être a la hauteur de nos missions », précisent les syndicats qui revendiquent entre autres « maintien des droits conquis dans les différentes conventions collectives, réduction du temps de travail et prise en considération réelle de l’ancienneté ».
Les travailleurs ne manquent d’ailleurs pas de rappeler que « nos métiers sont indispensables a une société solidaire ».

Poursuite de la hausse des prix si la guerre continue en Ukraine

Si la guerre se prolonge en Ukraine, alors la question des salaires va se poser de manière plus aiguë dans tous les secteurs compte tenu de la spéculation qui a fait augmenter le prix des matières premières à commencer par le pétrole, de commodités telles que le blé et du transport maritime nécessaire à notre survie. En effet, La Réunion n’est pas autosuffisante sur le plan alimentaire et fait venir ses importations de nourriture principalement d’Europe.
La hausse des prix concerne notamment les plus vulnérables : les salariés mal payés, les travailleurs privés d’emploi, les retraités et les étudiants. Pour ces Réunionnais, la part de l’alimentation et de l’énergie dans le budget est plus importante que pour les autres classes sociales.

Des milliards dépensés pour acheter des armes

L’impact de cette spéculation misant sur les tensions internationales a déjà eu un impact à La Réunion avec deux hausses successives des prix des carburants en février et en mars. Comme toutes les marchandises sont transportées par des véhicules fonctionnant avec ces carburants, cette augmentation du coût du transport ne manque pas d’être répercutée sur le consommateur final qui doit payer la facture.
Devant cette guerre, le gouvernement a promis de soutenir financièrement l’Ukraine pour que ce pays puisse acheter des armes. L’Union européenne fait de même. Or, tous ces milliards d’euros dépensés pour acheter des armes sont autant d’argent qui ne pourront être utilisés pour aider les plus démunis à faire face à la hausse des prix.

M.M.

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